Patrick Chappert-Gaujal transmue l’Aspirateur en « objet » d’art…
Samedi, 17h 30, sur le « parvis » de terre battue de l’Aspirateur une foule exceptionnellement nombreuse d’artistes, de collectionneurs, d’hommes et de femmes politiques (de tous bords et statuts) d’amis, d’amateurs d’art en général et de celui de Patrick Chappert-Gaujal en particulier, venue des quatre coins de la région (et de bien plus loin encore), attendait avec impatience la fin du discours de Didier Mouly (heureusement bref !) pour se précipiter dans le ventre de cet équipement d’acier et de béton aux formes étrangement magnifiées par cet évènement, afin d’y découvrir (ou de retrouver) quelques unes de ses emblématiques pièces. Jamais, à ma connaissance en tout cas, depuis sa mutation en centre d’exposition consacré à l’art contemporain, cet Aspirateur pourtant originellement conçu pour avaler les ordures ménagères du quartier de « haute qualité environnementale » qu’avait décidé le maire d’alors Michel Moynier (projet arrêté par son successeur Jacques Bascou, après son élection) n’avait connu une telle affluence. Je crois même pouvoir affirmer qu’en ce seul samedi il a reçu plus de visiteurs que durant toute sa courte et chaotique existence… J’exagère sans doute, encore que ! Toujours est-il que cette superbe rétrospective, dont j’ai déjà dit l’importance dans un billet précédent, fera longtemps vibrer des murs qui abriteront, à je ne sais quelle échéance précisément, nous a rappelé Didier Mouly, … les équipes de la Police Municipale. Un équipement consacré à l’ordre et à la sécurité entre un temple de l’art antique et une scène nationale qui ne va pas forcément de soi relevaient les inconditionnels de cette petite « friche urbaine » illuminée par Patrick Chappert-Gaujal, nombreux dans l’assistance. Il est vrai qu’un tel équipement consacré à l’ordre et à la sécurité dans ce « quartier » consacré, de fait, à l’art, fera l’effet, à terme, d’une espèce « d’oxymore » urbain… Quant à l’art contemporain, Didier Mouly promettait d’en poursuivre la promotion, ailleurs et partout dans la Ville ! À croire qu’inspiré par le travail de l’artiste leucatois et touché par son « Dernier Appel » (titre de son expo), il était désormais convaincu de sa capacité à nous faire voir le monde et ses objets (y compris architecturaux) autrement ; à nous instruire. Bref, il faisait chaud et lourd sur ce « parvis » ! Les corps transpiraient ; des points de vue fusaient ; les échanges s’animaient ; des amis se retrouvaient ; des élus discutaient et des bises claquaient… quand enfin ! il nous fut permis d’entrer dans un hall transformé en une véritable boîte à rêves. D’emblée, une grande fresque noire aux formes élancées rappelant les mouvements d’une mer toujours identique à elle même, mais sans cesse renouvelée, signait cette rétrospective ; ses creux sur le fond gris du mur en béton brut où elle est accrochée lui donnant une force inouïe. Dans cette représentation, la Chine et ses arts graphiques, où Chappert-Gaujal a exposé récemment, n’est pas loin et voisine avec des objets, comme cette croix de pharmacie illuminée, élevée au rang de statut aux résonances quasi mystiques ;
et ses kayaks totémiques tout aussi expressifs.
Patrick n’est pas un pur abstrait ! Son souci n’est pas le « concept », ce mot fourre-tout employé par tous les trissotins de l’art contemporain, ce cache misère de leur incapacité à rendre compte d’oeuvres tout aussi vides de sens que leurs pauvres et ridicules commentaires. Chez lui, au contraire, matières, formes, couleurs touchent le coeur et l’intelligence… Tout est prétexte à voyager hors du temps et de l’espace. Audacieux comme ces pionniers de l’aménagement qui firent la station de Port Leucate [1] et sur les plages de laquelle il trouve matières et inspiration, il nous propose pendant cette saison estivale, un parcours immobile où l’assurance d’y trouver de quoi emplir nos imaginaires est ici garantie…
[1] Michel Py, le maire de Leucate, qui, je crois savoir, n’est pas pour rien dans cette expo, fête à partir du 16 juin le cinquantenaire de cette station.
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Narbomartius
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J’ai aperçu en quelques endroits de la ville des affiches au format A4 sur lesquelles on peut lire « La culture c’est bien, mais le choix de la municipalité s’est porté sur le confort de la police municipale » Didier Mouly. c’est un extrait d’un article du magazine Artdeville ( http://www.artdeville.fr )
Je suis étonné que « l’affaire » ne fasse pas plus de bruit.
Transformer un musée en commissariat, il fallait oser, Mouly va le faire !!
Vivement 2020, qu’il se fasse vite oublier.
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Michel Santo
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J’ai lu cet article ! Merci…
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max
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merci beaucoup pour l’article, c’est très interessant.
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