Quelques mots sur le portrait de Robert Margé publié dans Le Figaro.

Ma.12.2023

En acceptant ce rendez-vous matinal autour d’une tasse de café avec le jeune directeur de cabinet de la communauté d’agglomération du Grand Narbonne, j’étais loin d’imaginer qu’apparaîtrait soudainement dans le fil de notre conversation à caractère politico-administratif – j’entretenais les mêmes relations avec ses prédécesseurs : la figure du « sage » éloigné des affaires, mais n’en gardant pas moins sur elles un regard informé, en quelque sorte – l’image toujours vivante d’un ami ; un ami que, par un défaut de caractère et de sociabilité dont on me fait souvent, et à juste titre le reproche, je n’ai pas revu depuis de très longues années. Comment aurais-je pu imaginer une seule seconde, en effet, que la compagne de ce sympathique collaborateur du Président de l’agglomération était journaliste au Figaro et que ce matin même serait publié dans ce journal son portrait de Robert Margé. Robert Margé, cet ami si proche en pensée, mais si négligé, dont je n’ai pourtant jamais cessé de louer la noblesse et la bravoure quand l’occasion « mondaine » se présentait. Et Dieu sait s’il en fallait de ces qualités de corps et d’esprit pour affronter les « cornes » de la camarde et celles de ses adversaires ou faux amis du « mundillo » ; et d’ailleurs. Cet ami si proche par la pensée l’est aussi de fait par la géographie. Son magnifique domaine des Monteilles, où il sait recevoir comme un prince, est en effet situé sur la rive gauche de l’Aude, à quelques kilomètres seulement de chez moi. Alors pourquoi, mais pourquoi donc n’ai-je jamais répondu oui ! à Françoise lorsque, ces dernières années, je l’ai rencontrée, à deux ou trois reprises, dans les rues de Narbonne. Françoise, son adorable épouse, qui me disait toujours en la quittant : « Vient donc nous voir Michel ! » On aurait vite alors remonté le temps ; le temps d’une passion partagée avec Robert, Françoise et des amis communs. J’aurais pu raconter à Solène Vary, disais-je, à son compagnon, comment deux véroniques de Curro Romero mirent un jour à genoux les arènes de Nîmes, ou l’émotion et la fierté de Robert Margé après qu’il eut acheté ses premiers taureaux de l’élevage Cebada Gago. Et puis lui dire encore la générosité de cet homme élevé « à la dure » grâce à qui je pus côtoyer les plus grands toreros dans le callejon des arènes de Béziers ou lors de confidentielles « tientas » dans son domaine ! Plus tard, assis sur un banc de la promenade des Barques, je songeais à toutes ces années perdues avec le sentiment blessant d’avoir failli à l’amitié ; sentiment auquel se mêlaient les regrets de ne l’avoir pas soutenue comme elle le méritait. Et on rougit alors à ces pensées et d’être ainsi là, à regarder les premières feuilles de platanes tomber à ses pieds…

Photo : Solène Vary (Figaro)

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