Saluer la beauté ne serait-il plus permis ?…
D’épais nuages gris poussés par un vent d’Est assez fort donnait au paysage une couleur inhabituellement sombre. Le ciel et la terre semblaient alors confondus. Rien n’apparaissait des arbres et des hommes. Seules de fugaces trouées de lumière parvenaient à déchirer l’ensemble et l’air devenait comme une brume qui collait à la peau, pesait sur les épaules. Des touches de vert et de bleu, au loin, par dessus les étangs signalaient le massif de la Clape. La mer grondait et la plage n’avait plus l’éclat brun des jours précédents. On entendait aussi les oiseaux piailler d’impatience, mais la pluie espérée sera pour d’autres, dans des terres lointaines. Plus tard, j’entrerai dans de tumultueuses vagues. Elles ont, par ce temps, un côté sauvage qui repose d’une humanité souvent désespérante. C’était ce matin de ce jour quand j’ai croisé quelques uns de ses représentants sur la piste cyclable et piétonne, au début de ma longue course pédestre. Aucun ne répondait à mes discrets signes de têtes ou demi sourires de simple civilité. Leurs visages étaient fermés, hostiles. Comme celui de cette jolie jeune femme promenant son chien dont j’ai encore à l’esprit son regard ostensiblement froid, dur, opposé au mien seulement distant de politesse. Elle tentait fièrement de masquer sa peur. Saluer la Beauté aussi, quand elle a forme humaine, ne serait maintenant plus permis, à la voir ainsi se rétracter jusqu’à nier son évidence et refuser quelque hommage, me disais-je ; et dans ce jeu subtil des apparences qui donne le ton et fait la saveur d’une culture, d’une vie, ne seraient plus pensés et vécus que des rapports de force et des conflits de pouvoir. Il est cinq heures à présent et je reviens de la plage où je laisse derrière moi une mer sous un ciel d’azur pur et parfait tandis que tout l’espace alentour est recouvert d’un lourd manteau noir. Une « reverse », m’informe Alain, mon ami viticulteur : « demain, le temps va changer : c’est le retour du vent du Nord… il va nous chasser toute cette poisse ! », ajouta-t-il ; comme en écho à mes propres pensées …
Rétrolien depuis votre site.
robin michel
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bonjour Mr SANTO
beaucoup aimé votre billet, sa reverse et sa Vénus …
amicales salutations
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