Un vin chilien partenaire officiel du Tour de France: les vignerons audois en colère. Mais pourquoi?

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Depuis 2015, la cuvée Bicicleta du groupe chilien Cono Sur a été choisie par Amaury Sport Organisationl’organisateur de la Grande boucle– et ce jusqu’en 2017 comme le vin officiel pour figurer sur les étapes du Tour lorsque celui-ci fait étape à l’étranger –parce que la loi Evin empêche de le faire en France-. Cette année le vin chilien pourra donc faire sa promotion en Suisse, Andorre et en Espagne. Et non sur les routes de France, comme le laisse entendre Frédéric Rouanet, le président du syndicat départemental des vignerons de l’Aude, dans un cinglant communiqué de presse:

« C’est avec une profonde stupéfaction et une grande déception que nous avons appris que le vin officiel du Tour de France jusqu’en 2017 est Chilien. Cette situation est intolérable, d’autant plus que la retransmission mondiale du Tour de France assure une promotion inédite de notre pays à travers le monde, en constituant une véritable vitrine de notre patrimoine culturel et économique. Face à cette humiliation, nous avons étudié avec précision la carte des étapes du Tour de France 2016 et nous bloquerons celui-ci sur tout le territoire français à des points stratégiques. Nous appelons les autres régions productrices de vin à rejoindre notre mouvement. »

Non seulement les vins chiliens ne seront pas promus dans la caravane du Tour de France lorsqu’elle traversera nos vignobles audois et d’ailleurs, mais ce patrimoine cher à Frédéric Rouanet sera, comme chaque année, filmé et vue du ciel, par des millions de téléspectateurs. Une promotion gratuite de notre merveilleux patrimoine et de l’apport des viticulteurs, notamment, à son entretien, son embellissement…

J’ajoute que personne n’a interdit aux « vignerons » français de négocier un contrat de sponsoring pour être partenaire officiel du Tour de France. Il est vrai que cela représente un investissement d’environ 1,5 millions d’euros. La seule question qui est donc posée est celle de savoir pourquoi aucun  opérateur français n’a cru bon de présenter une offre de partenariat à la société organisatrice du Tour.  J’ai beau tourner dans tous les sens le communiqué de monsieur Rouanet, je n’en comprends ni les arguments ni la cible et encore moins son appel à bloquer certaines étapes du Tour (une contre publicité pour nos vins et nos vignobles…)

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Frédéric Rouanet président des vignerons audois/Photo DDM

Sur un plan plus anecdotique, je note que sur l’étiquette de la cuvée Bicicleta du groupe Cono figure une bicyclette rouge, qui n’est pas sans me rappeler la campagne de communication lancée par le groupe californien Gallo, premier producteur mondial de vins, qui s’était mis en tête de lancer un cru français à l’assaut des gondoles américaines. Ce groupe s’approvisionnait dans l’Aude, justement, où il avait signé un accord avec la cave des Sieurs d’Arques à Limoux. Ce vin rouge, vendu 10 dollars la bouteille, portait l’étiquette « Red Bicyclette » : on y voyait un cycliste coiffé d’un béret, portant une baguette de pain… Le vieux cliché du Français vu de l’étranger. Mais une opération qui, elle, s’est terminée devant les tribunaux… En effet, chaque année, de grandes quantités de vin de pays d’Oc, rebaptisés Pinot, étaient vendues en vrac par les caves au négociant Ducasse, puis par l’intermédiaire du metteur en marché elles parvenaient au négociant américain Gallo, qui les commercialisées sous son étiquette « red bicyclette » Pinot noir. Et ce alors que les quantités dépassaient largement la production de vrai pinot du Languedoc-Roussillon, qui ne s’élevait à l’époque qu’à quelque 50.000 hectolitres/an…


Photo: Frédéric Rouanet, source La Dépêche (ici)

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