Une journée ordinaire…
Je.18.4.2024
Debout à 6 heures. J’ai froid. Mon cerveau exige sa dose matinale de café. Deux grandes tasses pour commencer. L’expresso suivra. Sur l’appui de la fenêtre, le thermomètre indique 10°’. Les arbres plient en tous sens sous la poussée de fortes rafales de vent. Je retourne vite au chaud sous les couvertures et reprends la lecture de Sebald. Et m’attarde encore une fois (la troisième) sur la deuxième « petite prose » : Campo Santo. Texte fascinant. Par ses thèmes : la mémoire, la destruction, la porosité entre le monde des morts et des vivants, d’abord ; sa forme narrative et documentaire, et son style, simple, précis, ciselé comme une nature morte, ensuite.
Jeudi est jour de marché. Les deux rives de la Robine sont envahies par les marchands. Beaucoup de monde. Dans les Halles aussi. La jeune fille de la boulangerie, souriante, toujours, me tend une baguette bien cuite et le terminal de paiement par carte bancaire. Une histoire familière et sans paroles. Puis , comme à mon habitude encore, je fais le tour des étals. Pour le plaisir. Dehors, un militant de LFI me tend un trac « Pour les européennes », m’annonce- t-il. Tout en criant « Non à la guerre ». Je m efface. À mon expression, il se voit nu, vain, dérisoire et violent. Sur son visage, dans son regard, se lisent bêtise et mépris mêlés.
Il fait trop froid pour m’installer à la terrasse d’un café du Cours Mirabeau. Cependant, je le fais. Seul, façon de parler. Deux tables plus loin en effet un couple de retraités commande deux « crèmes ». Au serveur, ils disent ne venir ici qu’en avril, mai, juin et septembre. Il leur répond, à raison, que l’avant et l’après saison sont les meilleurs mois de l’année. Mais qu’en ces jours d’avril, ils ne sont hélas pas gâtés. Une banale conversation dans laquelle je me glisse en douceur, en pensée.
En face, sur l’esplanade, des marchands de fruits et légumes crient leurs prix à la manière orientale.
Portés vers la mer, de gros nuages noirs libèrent de grands espaces bleus. Le soleil un moment s’impose. Les platanes brillent, les gens s’étonnent, les murs et les choses s’éclairent.
Je ne prends jamais le chemin le plus court pour rentrer. En général, je fais d’abord un grand tour de ville. Juste avant l’hôpital, je tombe sur un petit panneau publicitaire récemment planté sur le trottoir. « Sauvons nos piétons » Avec, en bandeau, la promesse d’une amende de 135€ pour toute personne circulant sur les trottoirs de la cité à l’aide d’un engin électrique. Plus loin, sur sa trottinette, un homme d’un bon quintal fonce dans ma direction. Au dernier moment, il dévie sa trajectoire. Je manifeste mon irritation par de légers mouvements de tête, continue ma route et retrouve à mon côté – il avait fait demi-tour ! – l’individu en question. « Ouais !? » Posément, je lui dit le panneau, l’amende, éventuellement la confiscation. Il me répond, « Je m’en fous, je crains rien, je m’en branle. » À trois reprises. Sur sa figure, le sourire nerveux, irrépressible de qui a réussi son coup, se réjouit du petit préjudice qu’il vient de perpétrer. C’est cette détérioration des mœurs, cette dégradation de la moralité publique qu’entérine les votes en faveur des extrémistes. Ils sont comme ces gens. Ils se retrouvent en eux.
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KRISDEN
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La société est en pleine dégringolade et perd les valeurs qui ont fait le « bien vivre ensemble » : politesse, respect des règles (surtout lorsque leurs transgressions pénalisent autrui). Nous allons droit vers le chaos par un individualisme exacerbé, et beaucoup ne réalisent pas que le chaos entraine obligatoirement un besoin d’ordre. Espérons que celui-ci n’en fasse pas trop pleurer certains qui se complaisent actuellement et malheureusement dans ce chaos inimaginable pour eux. Un avenir plus strict et obligatoire se dessine petit à petit, faut-il que les consciences se réveillent pour remettre naturellement de l’ordre et combattre un décadence qui fait le bonheur des extrêmes politique ou/et religieux?
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