𝟏𝟑 𝐍𝐨𝐯𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞. 𝐋𝐚 𝐧𝐮𝐞́𝐞.

L’air même porte le poids de cette date. Hier soir, le ciel était bas, d’un bleu d’encre qui pressait la ville.
C’est comme ça que je l’ai vue.
Les oiseaux sont arrivés. Des étourneaux. Ils formaient une nuée. Une masse noire, mouvante. Ils patrouillaient. Sans ordre. Une danse folle.
Ils criaient. Un bruit aigu. Ils salissaient la ville. Leurs fientes tombaient. Puantes.
Ils cherchaient un endroit. Pour la nuit. Serrés dans les platanes. On a tout essayé pour les chasser. Rien n’a marché. Ils revenaient, quand le jour s’éteignait. Toujours.
J’ai vu les chasseurs. Devant le jardin de Bourg. Ça m’a ramené en arrière. Loin. On tirait. Dans le tas. On ne visait pas. C’était la façon de faire.
On les mangeait, après. La chair était mauvaise. Dégueulasse.
Plus loin, un petit groupe. Un homme s’était mis à l’abri. Sous un parapluie. Il était noir. L’homme. Le parapluie. Une seule ombre dans la nuit qui venait.
La nuée s’est posée. Il ne restait que le silence et cette ombre noire sous le parapluie. C’est tout ce que l’on retient d’un jour comme celui-là : le souvenir tenace d’une violence inutile.
Mots-clefs : Vendredi 13 novembre 2015




