Au pays des chimères les arbres soulagent plus sûrement…
J’habite un petit immeuble du centre ville. Dans l’encadrement de ma fenêtre, un cyprès de haute volée : il vit au gré des vents et des saisons. De mes humeurs aussi. Sa cime ce matin ondoie amplement ; dans son coeur, un couple de verdiers gaiement s’affaire. C’est l’heure aussi où la pensée s’échappe : au pays des chimères les arbres soulagent plus sûrement ; et les heures importantes ont cette couleur verte, un souple remuement – les arbres frissonnent plus finement qu’homme ou femme sur cette terre…
Les peurs, les appréhensions, les soucis, la mélancolie, les tendresse, les émotions inexprimables, les arbres, pourvu qu’il y ait un souffle de vent, savent les accompagner.
Le précieux, le véritablement précieux est distribué sans le savoir et reçu sans contrepartie.
Henri Michaud : Poteaux d’Angle, page 58