54 ans après, le passé retrouvé…


Illustration d’ À la recherche du temps perdu
. Van Dongen (1877-1968), illustrateur

Ve.21.6.2024

Moments de vie.

Nuit courte. 5h, lever. 7 heures, hôpital. Couloirs et ascenseur vides. Salle d’attente, vide aussi. Rideau du secrétariat, tiré. Premier arrivé. Du blanc, du gris, du vide. 7h 30, plus un siège de libre. Du silence. Des visages fatigués. De l’inquiétude. Une jeune femme en blouse blanche fait l’appel. À mon nom, un homme se précipite dans ma direction. Oh Michel ! Je ne le reconnais pas. La jeune femme le retient. On l’amène en chambre de préparation. Impossible de mettre un nom sur ce visage. L’homme n’est pas bien grand, de corpulence moyenne. Non, je ne vois pas. En chambre de préparation à mon tour, l’agent hospitalier, me dit : « Après l’intervention, il vous attend dans la salle de collation ». 9h 30. Nous y sommes. Face à face devant nos cafés. On s’observe deux minutes. Je souris. Non ! Alain ! Oui ! Défile le passé. Nos jeunes années en région parisienne. Le rugby. Les amis d’alors. Je recompose l’équipe « corpo ». On jouait le samedi. Dans celle de rugby à XIII, c’était le dimanche. Je bute sur des noms. Il me les donne. C’était en 1970. Un rapide calcul mental. 54 ans ! 54 ans que je l’avais pas revu. Il me dit habiter 6 mois à Toulouse. Et 6 mois à Cruscades, dans la maison de ses parents décédés. Cruscades à 15 kilomètres de Narbonne. 54 ans ! 54 ans passés et déroulés en si peu de temps. Là, dans cette petite salle d’hôpital. Et retrouver cet esprit de solidarité qui nous animait alors. Loin de nos terres natales, ce sport, nos accents nous tenaient chaud. Après, nos trajectoires ont divergé. On te suivait de loin, Michel, tu sais ! J’ai toujours la nostalgie de ces amitiés perdues. Je n’ai pu lui demander si les résultats de son examen étaient bons. On l’appelait au téléphone. Je le saurai dans la soirée. Il m’a fait signe ! Les miens le sont.

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