54 portraits d’hommes et de femmes de pouvoir en Occitanie, par Jacques Molénat | Contre-Regard.com
Jacques Molénat présentera et dédicacera ce vendredi soir (30 septembre), à 18 heures 30, dans les locaux de « J’aime Narbonne », 18 avenue Pierre Sémard son livre : « Notables, trublions et filous ». Une galerie de 54 portraits, dans laquelle l’auteur nous révèle les motivations les plus profondes de ces hommes et de ces femmes de pouvoir – quatre femmes seulement ! –, qui ont fait la région.
Rectifions et précisons: qui ont géré et gèrent encore, pour le meilleur ou pour le pire, des collectivités territoriales qui font le paysage institutionnel de la Région. Les chefs d’entreprises, à l’exception de quelques rares figures proches de ces milieux, ne figurent en effet pas dans cette piquante galerie de notables, de trublions et de filous. Un distinguo en réalité jamais fait par l’auteur, la friponnerie et la provocation étant des qualités propres à tout bon notable installé… soucieux de le rester.
Itou de la bipolarisation Droite Gauche, que Jacques Molénat fait voler en éclat en dévoilant tout ce que l’idéologie masque de susceptibilités, haines recuites, confrontations d’ambitions, et querelles de clans dans le quotidien de ces hommes et de ces femmes. On se déteste plus entre camarades qu’entre concurrents politiques. Comme le remarque justement Jean François Kahn dans sa préface: « Georges Frêche détestait moins son concurrent de droite, Willy Diméglio, qu’il n’exécrait le président socialiste du conseil général de l’Hérault, Gérard Saumade ou que ne l’insupportait celle, également socialiste, qu’il avait mise en place à la mairie de Montpellier et qui eut le front de le défier : Hélène Mandroux. Georges Frêche lui-même était, sans doute, moins haï à droite que ne le fut le député UMP villepiniste (aujourd’hui sénateur) Jean-Pierre Grand.« Deux mots encore sur la manière de faire de Jacques Molénat où l’esprit l’emporte toujours sur les habituelles lourdeurs de ce genre d’ouvrages. Un art tout en finesse, sans inutile ornement rhétorique ni obscures digressions psychologiques. Quelques phrases à la « pointe sèche » suffisent à son dessein. Un style incisif et « léger », sans méchanceté d’aucune sorte, mais non sans ironie et « cruauté » parfois. Une galerie de portraits parfaitement ciselée qui nous donne de surcroît un vrai plaisir de lecture.
Extraits concernant quatre « notables » narbonnais…
Jacques Bascou: l’insubmersible.
On ne se débarrasse pas aisément de Jacques Bascou, l’ancien maire socialiste de Narbonne. Son successeur, Didier Mouly, croyait y être parvenu. Il retrouve son adversaire aux commandes de la communauté d’agglomération. Son ego ne l’envahit pas. Jacques Bascou, président de la communauté d’agglomération de Narbonne, a fait sienne la sagesse de Montaigne : « Au plus haut trône du monde, nous ne somme jamais assis que sur notre cul. » L’homme est prudent, réfléchi, attentif et courtois. Michel Py, maire UMP de Leucate, qui l’affronta à deux reprises dans la circonscription de Narbonne, détecte sous la « nonchalance » de son adversaire un « vrai sens politique ». L’un de ses amis croit avoir trouvé la clef de son fonctionnement : « Il a réussi à transformer son inhibition en prudence et en diplomatie.
Didier Mouly: l’héritier .
Un mandat, un grand projet, c’était la règle d’or de son père. Il la remet à l’honneur en annonçant pour ce premier mandat la construction d’une vaste salle multimodale que ses adversaires trouvent d’ores et déjà « pharaonique ». En retrait, Bertrand Malquier, premier adjoint, s’est taillé, en mâle dominant, la part du lion dans le pouvoir municipal. Délégué aux affaires générales, il a la haute main sur les marchés publics, la sécurité, le tourisme d’affaires, l’enseignement supérieur, les cultes, les relations avec le Racing Club, l’emblé- matique club de rugby de la cité. Les Narbonnais tiennent Malquier pour le maire bis. Mouly n’en prend nul ombrage. Ceux qui le mettent en garde contre cet envahissant commensal sont des jaloux. Son énergie lui est vitale. Et Mouly lui doit tout : le trône et la restauration du moulysme.
Didier Codorniou: le passeur.
Au milieu des petits et grands fauves de la politique, toutes griffes dehors, la gentillesse est l’arme de Didier Codorniou. Le maire de Gruissan, dans l’Aude, est naturellement affable, attentionné, courtois, ouvert, bienveillant et convivial. Dans l’histoire des socialistes du Languedoc, il reste l’acrobate qui, en 2009, mena à bien l’opération à double détente imaginée par Georges Frêche, banni du PS en 2007, avec l’objectif de mettre à son service l’armée socialiste du Languedoc-Roussillon afin de gagner la bataille de l’élection régionale.
Michel Moynier: le fougueux.
« Dieu est bon, la vie est belle. » C’est la réflexion de Michel Moynier, chaque matin au saut du lit. En 2014, à 67 ans, ce kinésithérapeute qui fut maire de Narbonne pendant dix ans, a mis un terme définitif à son parcours politique : trente et un ans de plaies et de bosses, de triomphes, de défaites, de succès, de trahisons. Il jure avoir balayé aigreurs et ressentiments. Il déborde d’énergie, court en VTT, nage des heures durant, dévore des livres, voyage, observe le monde et s’amuse.
PS: Le livre de Jacques Molénat est disponible dans les bonnes librairies de Narbonne ; et les éditions Chabot du Lez sont ici (Chabot du Lez)
Mots-clefs : Chabot du Lez, Didier Codorniou, Didier Mouly, Georges Frêche, Jacques Bascou, Jacques Molénat, Michel Moynier
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