Affaire Sarkozy : Une décision de justice en clair-obscur.

Condamner un ancien président de la République à de la prison ferme c’est historique. On aurait pu s’attendre à un verdict imparable fondé sur des preuves évidentes et une démonstration irréfutable de sa culpabilité. Or, ce que Patrick Cohen relève avec justesse, dans son édito (très bon !) consacré à ce jugement, c’est qu’il ne brille pas par sa clarté.


En effet, les juges reconnaissent eux-mêmes que la procédure n’a pas permis d’établir que l’argent libyen ait effectivement irrigué la campagne de 2007. Autrement dit, que l’élément décisif, la preuve ultime, manque. Mais que reste l’intention, le projet. La « magouille » selon Patrick Cohen. « Magouille » qui suffit, juridiquement, il est vrai, à fonder une « association de malfaiteurs ».


Mais politiquement, symboliquement ? Comment ne pas voir qu’envoyer un ancien chef de l’État en prison, avant même le jugement en appel, sur la base d’un faisceau d’indices, d’intentions supposées, sans lien matériel parfaitement établi, ne peut que semer le trouble. Non pas que Sarkozy doive être absous par principe, mais parce qu’une condamnation d’une telle gravité aurait mérité une démonstration imparable.

Au final, il reste une impression confuse : la justice a voulu frapper fort, sans réussir à convaincre pleinement. Et cette décision, loin de renforcer la confiance des citoyens dans leurs institutions, risque au contraire de l’ébranler un peu plus. Il paraît que la justice doit être rendue « au nom du peuple français ». Encore faudrait-il que ce peuple comprenne ce qu’on lui raconte.

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Commentaires (2)

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    Brunel Renée

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    Bonjour, je lis toutes vos chroniques. Avec intérêt et gourmandise…Mais-à tort sans doute, je ne commente jamais (j’ai été magistrate…)Mais concernant ce cas je désespère de la justice française. En géneral et pour ce cas en particulier…Amitié. Renée Brunel

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      Michel Santo

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      Bonjour Renée ! Et merci pour ce commentaire. Nous vivons des temps incertains. On a beau s’efforcer de n’en être pas trop affecté, il est cependant des événements qui nous font douter de nos institutions et des mœurs de nos élites politiques. Amitié. Michel.

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