Au Congrès, Emmanuel Macron ouvre la voie d’une véritable « révolution » institutionnelle !
Paul Alliès*, dans un article publié à chaud dans son blog quelques heures seulement après le discours du Président de la République devant le Congrès, n’en revient toujours pas ! Ce proche d’Arnaud Montebourg, après qu’il eut donné une petite leçon à ceux – surtout à ses amis de gauche et du PS en particulier – qui contestaient à Emmanuel Macron le recours à l’article 18 de la Constitution, au prétexte « d’humilier le premier ministre » ou « d’opérer un coup d’État institutionnel » (1), note d’abord, ce qui n’est pas rien dans le contexte d’une parole politique aujourd’hui dévaluée, que ce qu’avait dit celui qui n’était alors qu’un candidat la présidentielle, lors de son dialogue à Mediapart le 5 Mai, notamment, sera tenu (2). Mais ce que je retiens surtout dans son texte est cette phrase : « On assiste ainsi à un étrange revirement : celui qui veut « retrouver l’esprit de nos institutions » engage leur révision dans les termes mêmes que la gauche a utilisé durant un demi-siècle sans jamais passer à l’acte quand elle en avait pourtant les moyens institutionnels. » Étrange revirement ? Tiens donc ! Mais certainement pas ! Il suffisait en effet, tout simplement, pour n’être pas surpris et anticiper ses futurs actes présidentiels de lire avec attention, sans lunettes idéologiques partisanes, ses discours de campagne. Le prendre au sérieux, et s’éloigner un peu d’une classe politique et médiatique somnambulique…
J’observe enfin, ce que ne précise pas Paul Alliès, qu’Emmanuel Macron infirme aussi la thèse avancée par le « Peterson Institute » (Washington), publiée et exposée dans son propre blog (novembre 2014) , dans laquelle son auteur, Jacob Funk Kirkegaard, posait la question de la responsabilité des institutions de la V° République dans la dépression économique française. Je le cite
La camisole de force qu’est la présidence empêche la France de mettre sur pied une grande coalition parlementaire stable qui est en vigueur dans la plupart des pays européens de nos jours. Les courants de centre-droit et de centre-gauche en France ne s’associeront jamais pour faire adopter des réformes économiques de bon sens, puisque chacun tentera de saper les chances de l’autre de gagner la prochaine élection présidentielle.
Or que constate-t-on aujourd’hui sinon que c’est par la « Présidence » et autour de son candidat que s’est constituée cette alliance entre les courants de centre-droit et de centre gauche que cet auteur – et Paul Alliès ? – pensait impossible. Et qui devrait permettre à cette grande coalition parlementaire dorénavant au pouvoir d’adopter les «réformes économiques de bon sens » attendues par le pays… L’histoire avance toujours par le côté où on ne l’attend pas !
(1) « Ce n’est pas contribuer à la formation d’une pensée critique sur la V° république que d’ériger le recours à l’article 18 de la Constitution en signal des abus de pouvoir et cela pour trois raisons: d’abord parce que le message du Président aux assemblés est une pratique constante depuis 1958; ensuite parce qu’elle procède de ce qui reste de la tradition du respect du Parlement (au lieu des médias télévisés) par le Président de la République; enfin parce que c’est par cette voie qu’aurait pu être engagé par un président de gauche, un processus de passage à une 6° République (comme l’a toujours défendu par exemple la Convention pour la 6° République)… »
(2) Réduction d’un Tiers du nombre de parlementaires ; limitation du cumul des mandats dans le temps ; introduction de la proportionnelle dans l’élection législative ; transformation du Conseil Economique, Social et Environnemental ; suppression de la Cour de Justice de la République ; renforcement du Conseil Supérieur de la Magistrature etc.
*Paul Alliès est Professeur émérite à l’Université de Montpellier. Membre du Conseil National du Parti socialiste, il préside la Convention pour la 6° République (C6R).
Mots-clefs : "Peterson Institute" (Washington), 6° République (C6R), Jacob Funk Kirkegaard, Montebourg, Paul Alliès
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Eric
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C’ est de la dithyrambe ad nauseam pro Macron- soleil.
Tout esprit critique bien français en est oublié. Voltaire réveille toi ils se pâment tous.
Michel j’ attendais de vous un esprit plus critique, votre blog devient la PRAVDA.
Et dire qu’ il va falloir tenir 5 ans comme ça; heureusement l’ Espagne est pas loin.
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Michel Santo
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Pravda (#128563#) bigre ! Alors que toute la presse ou presque dit que son discours fut vide ou creux. Ne parlons même pas des vieux partis pourtant à la ramasse. Là je montre, je pensais d’une manière originale, comment paradoxalement Macron annonce et fera ce que souhaitais … un Montebourg… ce que peu de commentateurs ont relevé. Cela dit, soyez rassuré mon esprit critique est toujours éveillé… Bien à vous ! Et hasta luego !
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