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Lettre à Monsieur Melon, Architecte des Bâtiments de France

Monsieur, 

 

Je ne vous connais pas. A l’inverse, ceux qui ne cessent, publiquement ou en privé, de vous lancer au visage les plus indignes des insultes, je les connais bien. Ils appartiennent à cette élite régionale politico-économique pour qui les représentants de l’Etat sont des bêtes à abattre .Et parmi eux, les Préfets, les Directeur Départementaux de l’Equipement et les Architectes des Bâtiments de France sont, il est vrai, des cibles de choix, car ils incarnent, avec certes leurs qualités et leurs défauts, la norme commune. Celle définie par la représentation nationale, et qu’ils s’efforcent de faire respecter, le plus souvent avec honnêteté et intelligence. Ce qui, pour certains de nos élus, est "naturellement" interprété comme de la provocation malveillante. Il est vrai que pour ceux-là, l’idéal qu’ils se font de la République présente tous les caractères de celles que l’on définie par ce délicieux qualificatif de bananière. Cette région n’est décidemment pas très accueillante.Et je peux témoigner que dans toute ma carrière au service de l’Etat et des collectivités locales, je n’ai jamais rencontré un tel mépris, si ouvertement et si fièrement affiché. Originaire de ce département, je porte, je vous l’avoue, ce trait de caractère régional avec un sentiment de honte et de tristesse.Il est en effet la marque de ceux qui veulent oublier tout ce qu’ils doivent à l’Etat et qui retournent, sur tout ce qui peut le rappeler, le peu d’estime qu’ils s’accordent à eux-mêmes.Serait-il donc trop exiger de la morale politique et de la morale tout court de s’affranchir enfin de ces comportements si peu respectueux des hommes et des institutions ? En attendant, comme vous, une réponse à cette si naturelle exigence propre à toute société civilisée, je vous transmets, Monsieur, l’expression de mon soutien fraternel.

Le complexe de Billancourt.

Après l’affaire des caricatures danoises de Mahomet, celle de la leçon de Benoît XVI à Ratisbonne sur les rapports entre foi et raison, celle encore de la fermeture d’un opéra bavarois menacé par des barbus et celle ,enfin,mais jusqu’à quand, du professeur de philosophie de Toulouse victime d’une fatwa, on attend toujours la réaction franche, massive et indignée de nos hommes politiques et de nos intellectuels par ailleurs si prompts à se scandaliser de la plus petite broutille attentatoire aux droits fondamentaux de l’homme aux U.S.A ou en Israël, par exemple. Comment expliquer ces silences et cette lâcheté devant des menaces proférées par des foules fanatisée sinon par la prévalence au sein de nos élites d’un détestable état d’esprit munichois. Une trouille théorisée par le souci d’éviter un conflit de civilisation entre Orient et Occident et celui de ne pas désespérer les masses musulmanes opprimées par le " pouvoir blanc ". La même démission, et les mêmes méthodes que celles qui ont terrorisé l’opinion publique dans les années 50-80, quand nos clercs fermaient les yeux et se taisaient sur les goulags qui, eux, n’en finissaient pas de se remplir. Une application parfaitement réussie du « complexe de Billancourt »: ne pas désespérer les "pauvres". Combien de morts pour le prix de ce silence ?Et combien en faudra-t-il encore pour que nous nous décidions, enfin, à défendre nos principes et nos valeurs.

Le petit rien qui fait le presque tout.

Samedi après midi, esplanade du cours Mirabeau. Une camionnette banderolée assurant la promo des JIN (s) et de la Ville de Narbonne. A l’intérieur trois jeunes. L’un d’entre eux à la console d’une sono surpuissante. On l’entend de la place de l’hôtel de ville .Les mariés, les badauds et les riverains s’étonnent de ce vacarme  : «  mais que se passe-t-il ? » Rien ! Seulement un concours rassemblant une dizaine (j’arrondis) de jeunes gens autour d’un baby foot excités par un commentateur hurlant dans son micro.Un petit rien qui fait le presque tout d’une journée qui s’annonçait pourtant paisible et ensoleillée .Un peu comme un léger nuage de pellicules sur le col d’une veste de bonne marque.C’est dans les détails que s’apprécie l’élégance d’une tenue.Et cela vaut pour tout…

 

 

 

 

Noir ou Rouge…

Tout le monde s’en prend à Marcel Raynaud, notre président cathare. Il accorderait des faveurs à ses proches amis politiques. Ce que faisaient aussi certains papes, et que la langue a consacré par le substantif : népotisme. Pour le premier des cathares audois, se faire ainsi admonester au motif d’abus quasi papal au profit de membres de sa famille politique a dû le crucifier. En l’espèce, le procès en inquisition qu’on lui fait est injuste. Où a-t-on vu, en effet, un sénateur recruter une assistante parlementaire par concours et qui, de surcroît, serait une adversaire politique ? Dans les « guignols de l’info », peut-être ! La démagogie à ce niveau de mauvaise foi se rapproche dangereusement du journalisme « people ». Non, plus sérieux me semble le reproche, qui lui est aussi adressé, de cumuler les mandats de  sénateur et de président du Conseil Général. Il est vrai qu’avant, Marcel, en bon progressiste, était contre. Et qu’aujourd’hui, en nouveau conservateur, il est pour. Danger ! C’est avec ce genre de comportement que l’on donne à nos concitoyens l’idée que la politique n’est qu’un théâtre d’illusions. Une farce… Et que pourraient leur venir à l’esprit d’envoyer tout ça « cul par dessus tête  » en plongeant dans le vide abstentionniste.Pour le plus grand profit des partis de l’extrême. Noir ou Rouge…

Réflexions sur le P.N.R

Quelques réflexions, sans doute impertinentes, sur le Parc naturel régional de la Narbonnaise

 

On sait que les limites du PNR ont fait l’objet, lors de son lancement par la Région alors présidée par J. Blanc, d’âpres discussions .Je ne suis pas sûr que la préoccupation principale, en ce temps là, ait été de donner au territoire concerné une identité claire. Je pense plutôt que, dans la mosaïque des territoires de la Narbonnaise, aucun d’entre eux n’a été sérieusement étudié, et retenu,  en fonction de sa plus grande sensibilité aux risques environnementaux  et de l’homogénéité de ses caractéristiques naturelles.

 

Quand on regarde la carte de la Narbonnaise, on  observe, en effet, que la «  frontière » actuelle du PNR, est, en gros, structurée par l’ Y  autoroutier,  avec, du côté littoral, un axe Fleury-Leucate, et du côté Piémont un axe Boutenac-Fitou. On ne manquera pas de constater aussi un certain nombre de « trous » et de contournements :la partie bâtie de Narbonne, Gruissan, Port la Nouvelle et Treilles.

 

Un ensemble territorial, donc, particulièrement hétérogène, coupé en deux par l’axe autoroutier le plus chargé en trafic de camions de l’hexagone avec, d’un côté,  une zone lagunaire remarquable et extrêmement fragile, mais sans Gruissan ( ?!), et, de l’autre, de la plaine et du Piémont.

 

J’observe, en outre, que, pour ce deuxième ensemble, il n’y a vraiment aucune raison objective pour le limiter à l’axe Boutenac- Fitou. Le périmètre pourrait, en effet, sans obstacles politiques (il n’y en a théoriquement plus à présent) remonter jusqu’à Lagrasse, Mouthoumet… Voire au-delà !?

 

J’ajoute enfin que, si on prend en considération  les communes dites « associées » au P.N.R, on se retrouve au total avec trois sous-ensembles découpés par deux voies autoroutières. Et très différents du point de vue de leurs «  valeurs » et de leurs sensibilités environnementales. Au total, un véritable patchwork !

 

On voit bien, aujourd’hui, que la seule logique qui a présidé à cette définition géographique est une logique principalement institutionnelle. Une logique qui consistait à prendre la plus grande «  part de marché  » possible dans le champ du développement local. Une logique enfin qui avait aussi forcément à voir avec les objectifs politiques du pouvoir régional de l’époque, notamment l’extension de son champ d’influence?Disant cela , je ne formule aucun jugement de valeur. Il est après tout « normal » que les politiques aient le souci d’accroître leur hégémonie.

 

La conséquence en est que le PNR se retrouve, dans un nouveau contexte profondément modifié par la mise en place des intercommunalités (communauté d’agglomération, communautés de communes,  pays et SYCOT) dans une position où ses moyens et ses actions, définis principalement dans une perspective territoriale et institutionnelle extensive, viennent « perturber » ces nouvelles intercommunalités. Intercommunalités dotées de  moyens fiscaux importants et de compétences clairement définies par la loi (environnement, eau, économie etc…)

 

Les « coûts » internes au PNR engendrés par cette situation ne sont pas négligeables : sureffectifs, prosélytisme tout azimut pour financer la structure.Auxquels il faut ajouter d’autres effets générateurs de coûts comme la « gestion des conflits » entre structures, la concurrence « communicationnelle » etc.

 

Le plus surprenant, dans cette affaire, est que le nouveau pouvoir régional ait laissé les choses inchangées. A croire que la seule chose qui importait était de changer de vice-présidents ! Sauf à considérer que le dispositif mis en place par J.Blanc ne souffrait d’aucune imperfection ! Et qu’il convenait de le garder en l’état – pour poursuivre les mêmes objectifs !?

 

Mon point de vue, au contraire, est qu’il importe de changer le périmètre géographique du PNR  afin de remédier aux incohérences relevées dans les chapitres précédents. Pour ce faire, il faut donc le réviser pour n’en conserver que le seul territoire lagunaire. Ce territoire est, en effet, le plus emblématique, le plus homogène et le plus sensible de la Narbonnaise.

 

Un PNR resserré au plan géographique et environnemental et, lui « tournant le dos », circonscrit par la seule A 9, devrait aussi revoir le champ de ses actions pour les adapter à ce nouveau territoire. Les autres actions, elles, pourraient, sans grandes difficultés, être transférées, avec leur personnel, aux nouvelles intercommunalités (C.A.N, Pays, communautés de communes et SYCOT.)

 

Ainsi, affecté d’une plus grande lisibilité géographique, environnementale et institutionnelle, le PNR gagnerait beaucoup en intensité. Ce qui compenserait largement ce que certains pourraient interpréter, à tort, comme une perte de substance. Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, il est bien établi que l’efficacité n’est pas proportionnée à la taille.

 

Le débat est donc ouvert. Non par goût de la « dispute », mais parce qu’il me semble nécessaire et utile.Je le souhaite riche. Pour cela,deux conditions doivent être réunies : la franchise et la sincérité. On ne pourra pas me faire le reproche d’en avoir manqué.

 

 

 

     

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