Benjamin Crémieux, un narbonnais premier de sa classe…
Ve.15.7.2022
Longtemps, tous les samedis matins, j’ai écouté sur France Culture « le Monde contemporain », une émission animée par Francis Crémieux et Jean de Beer. Je vivais alors loin de ma ville natale, Narbonne, et ignorais qu’elle était aussi celle du père de Francis Crémieux, Benjamin. Benjamin Crémieux, qui fut un intellectuel brillant, y était né en effet le 1er décembre 1888, au 30 de la rue du Pont-des-Marchand, où son père tailleur y avait un magasin. Une plaque commémorative, tout près de l’appartement que j’occupe depuis « mon retour au pays », l’indique. Issu d’une famille juive qui s’était réfugiée en France dès le XIV siècle, Benjamin Crémieux était notamment un découvreur passionné de la nouveauté littéraire. C’est ainsi qu’en 1924, il a publié dans la Nouvelle Revue française la première étude connue sur l’œuvre de Proust. À la même époque, il révèle aussi Pirandello au public parisien en faisant jouer ses plus importantes pièces. En 1921, il publie son premier roman autobiographique, « Le Premier de la classe », roman dans lequel il relate son adolescence narbonnaise et ses études au collège Victor Hugo. Un roman de l’enfance et un roman sur le narbonnais ; l’histoire aussi d’un petit garçon endoctriné par son professeur de collège, qui se croit destiné à découvrir le trésor des Albigeois caché dans un souterrain de Fontfroide. Sa prose est simple, sensible et chaleureuse : « Les canaux du Nord ont leurs poètes et leurs peintres. Ceux du Midi ne les ont point eus encore. Au coucher du soleil, à Béziers, le canal de Paul Riquet, bordé de hauts cyprès touffus, est comme une lame d’acier bleui qui plonge dans le sang du du soleil. Le canal de la Robine à Narbonne glisse vers Mandirac, Tournebelle et Sainte-Lucie, tantôt doré, tantôt vert, tantôt gris, entre deux rangées de peupliers qui sont des cyprès joyeux, des touffes des lauriers roses et les palissades de roseaux qui protègent des maraudeurs les vergers et les treilles des « grangeots ». Les sarcelles et les macreuses le hantent, là où il côtoie les étangs, et parfois en septembre, un héron jaune et rose, posé sur une patte, s’envole majestueusement à l’approche d’une charrette de raisins. » Comme son fils Francis, Benjamin Crémieux fut aussi un grand résistant. Il est mort d’épuisement le 14 avril 1944 dans le camp de Buchenwald. J’aime à penser qu’il y a peut-être rencontré mon grand père maternel… La semaine dernière, j’ai accompagné la femme et les enfants de Joseph au Cimetière de Cité. L’urne contenant ses cendres a été posée sur le caveau familial de Jeannine. Il n’est pas très loin de celui de la famille de Benjamin Crémieux. On trouve ce dernier à l’entrée, là, juste à gauche après la petite bâtisse dont une pièce sert de bureau au gardien. J’y ai posé un petit cailloux…
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Lise ITURBURUA
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Merci Monsieur SANTO pour cette chronique éclairante ….
Lise CALVET ITURBURUA
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