Carnet : quatre notes en passant…

 

Carnet :

2 Septembre. Le monde est une étrange et cruelle chose : le danger et la mort y sont partout. Nous l’habitons fort heureusement en aveugle, le parons quotidiennement d’illusions. Une chute parfois en déchire les voiles. En retisser les fils, lucidement, est ce qui reste d’espoir.

 

5 Septembre. Ma mère a 92 ans. Elle vit chez ma soeur. Tout lui est acquis que l’on puisse espérer à son âge : protection, affection, soins. Dans l’instant où je vais à sa rencontre, elle me reconnait et me le fais savoir. Des mots suivent ! Peu, cependant, de tendresse ou d’affection. Sa génération, il est vrai, en a été lourdement privée. Il n’était pas en effet conforme à la tradition, à la morale, d’en trop donner aux enfants. Une éducation à la violence du monde et de la société, en quelque sorte. Celle par elle subie, dont je sais tout, c’est à dire presque rien. La questionnant, elle répondait par un lourd silence. Le moment n’est pas propice pour le lui dire : elle ne comprendrait pas. Il est trop tard ! Le fil de la conversation se casse. Je m’éloigne et l’entends murmurer à ma soeur : « Qui est-ce ? » — C’est ton fils, maman !

 

9 Septembre. Assise sur le canapé en train de regarder sa tablette, Mila me dit : « Papy, je m’ennuie ! ». Je lui réponds : « Quelle chance ! ». Et de lui montrer le plafond où s’affaire dansun coin une petite araignée.

— Je vais te raconter son histoire

— Elle est vraie 

— Oui, je l’ai rêvée quand j’étais enfant et qu’alors je m’ennuyais.

 

12 Septembre. Gruissan : la plage. Tu offres ton corps aux caresses de la brise et plies ton esprit au ressac des vagues. Rien n’existe  hors cet instant. Moins encore les mots pour lui donner une forme.

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