Il y a des jours où le désir de ne plus rien vouloir entendre (ou lire, ou voir) de ce qui constitue pourtant l’inévitable trame de ma vie sociale et politique, s’impose à mon esprit. Plus précisément, je ne peux plus rien entendre (ou lire, ou voir) ou presque venant de personnes dont le métier est prétendumment d’en rendre compte dans les médias et sur les réseaux sociaux, ou d’autres dont les ambitions et les passions les portent, sur les mêmes supports, à vouloir incessamment en témoigner. Quand je réfléchis aux raisons de ce mouvement de conscience et de repli, outre la pauvreté et l’agressivité du débat public, si je puis dire, s’impose à moi l’idée fort simple, mais rarement exprimée, que notre condition humaine excède de tous côtés l’organisation de la cité, notre rapport aux autres : le ou la politique – L’estime de l’une et de l’autre tenant finalement à la place qu’ils accordent aux individus pris et considérés dans leur souveraine solitude ; à leur protection des meutes et des foules, seraient elles accordées à quelque vague idée du Juste et du Bien…
Ce soir j’ai perdu un ami. Gil Jouanard était de ces êtres qu’on ne peut oublier. D’une belle et fine intelligence, il aimait la vie, les livres et tous ceux qui les font. Je l’ai connu à la Région Languedoc-Roussillon. Il dirigeait alors le Centre Régional des Lettres. Je le retrouvais souvent dans son bureau. J’ai pioché dans ses étagères tant et tant d’ouvrages. Gil était généreux, en tous domaines. Chaque jour ne nous offrait-il pas ici même des textes puisés dans l’or de sa mémoire : des morceaux de vie serties dans une élégante prose ; des lectures précises et goûteuses d’auteurs aussi qui sous sa plume devenaient des amis. Gil était un promeneur ; il avait le « coût des choses ». Il écrivait « à sauts et à gambades ». Il aimait Calet, Godeau, Follain, Fargues, Reverdy… Gil, mon ami, les mots ce soir me manquent. Restent les tiens, là, précieusement rangés aux premiers rayons de ma bibliothèque. Je sais t’y retrouver…
On trouvera une brève biographie de Gil, ainsi que sa bibliographie, en cliquant sur ce lien.
Petite brève sur les élections régionales et cantonales de juin dans l’Aude (si elles ne sont pas reportées un peu plus tard du fait de la pandémie). En s’intéressant d’abord au dispositif mis au point cette semaine par le PS, qui détient une très large majorité au Conseil Départemental : un conseil Départemental comprenant 38 élus. Le PS et les divers gauche, se réserverait donc 28 sièges, 2 seraient offerts au PCF (dont 1 sur Lézignan), et les 8 restants proposés aux Verts. Les sortants : Nicolas Sainte Cluque ne se représenterait pas et Catherine Bossis serait sur la liste de Carole Delga aux régionales. Une stratégie d’union qui a fait débat et qui ne peut masquer les profondes divisions de doctrine et de programme entre les partis qui la composent. À suivre…
Le matin, quand le vent s’est éteint dans la nuit et qu’un ciel uniment bleu couvre la ville au midi, j’aime m’asseoir sur un banc de la promenade des Barques. Je choisis toujours celui qui m’offre la vue la plus large possible sur le quartier de Bourg – celui de mon enfance. Il se prête idéalement à de paresseuses pensées ; j’y suis aussi aux premières loges pour regarder les passants et observer toute la variété humaine que présente une petite ville de province comme la mienne.
Le 7 octobre 2020, je publiais un billet dans lequel j’indiquais que Didier Mouly, s’exprimant en tant que Président du Grand Narbonne, avait fait savoir à la Directrice du Théâtre Scène Nationale, madame Marion Fouilland-Bousquet, que la confiance qui devait présider à leurs rapports, était rompue ; et qu’il attendait d’elle sa démission.
Nous sommes le 21 mars 2021, et le Midi Libre du jour, sur la foi du compte rendu de la dernière assemblée générale de l’association gestionnaire du théâtre, confirme cette information. La directrice du Théâtre, elle-même, ayant fait savoir « qu’en regard du contexte », elle souhaitait quitter ses fonctions, le Président de l’association a donc été mandaté pour négocier avec elle son départ. Sur ce dernier point, on apprend aussi que les représentants du Département, de la Région, ainsi que le Directeur Régional de l’Action Culturelle (DRAC), qui ont défendu sa gestion, n’ont pas pris part au vote.
Cela dit, et quoi qu’il en soit des chiffres présentés par les uns et les autres, la raison du désaccord entre la directrice du Théâtre et le Président du Grand Narbonne n’est pas, si je puis dire, d’ordre « comptable ». Dans ce cas, en effet, on est en présence d’un conflit de loyauté, d’une rupture de confiance qui tient à l’histoire des relations entre le maire de Narbonne devenu aussi, lors des dernières élections municipales et communautaires, Président du Grand Narbonne, et la directrice d’une institution dont il assume désormais la pleine compétence et finance, pour l’essentiel, le budget.
Croire, cependant, qu’il suffirait d’un changement de « direction » pour apaiser les relations entre Agglo et Théâtre, serait se leurrer. Elle dépendent surtout, en effet, de la résolution de problèmes que, faute de mieux, je qualifierais de « structure » ; des problèmes résultant des conditions exigées pour obtenir le renouvellement du label « Scène Nationale » et la reconduction de la convention liant le Grand Narbonne à l’État.
Un label qui, notamment, bride sévèrement la prise en compte d’une demande « locale » – les élus étant a priori considérés comme des « suiveurs » à visée électoraliste (un risque bien réel, cependant) – ; un label qui, encore, impose un mode gestion – dans le cas du Théâtre, une association loi 1901 – manifestement inadapté à son périmètre financier et politique.
Aussi, sans rééquilibrage des relations institutionnelles et politiques entre Grand Narbonne et Théâtre et sans mode de gestion plus intégré et offensif, il est illusoire, me semble-t-il, d’espérer résoudre les problèmes auxquels sera confrontée la future équipe dirigeante du Théâtre – et ce quel qu’en soit le profil.