Ce pays, le mien, n’est pas un pays de cartes météo ou de « cartes postales »sur papiers glacés…

   

7 heures 08 ! Admirer ce superbe lever de soleil, tourner le dos à la mer et m’élancer en direction de la Vigie de la Clape ; prendre un peu de hauteur de vue et goûter pour le moment cet air marin qui vient de se lever ; suivre le vol d’une petite troupe de canards sauvages ; aimer ce léger voile de brume qui couvre en partie le massif du même nom – en adoucit les formes sévères. Et oublier tout le reste : ne serait-ce que deux, trois heures durant. Dans la matinée, à coup sûr, le vent va changer de direction : il tournera au Nord Ouest et soufflera en rafales – Il fera très chaud. J’habite un pays en effet où il tourne sans cesse, épuise le catalogue de ses nombreuses identités, où il prend à contre-nez ceux qui n’y prennent garde et les gens de passage. Ce pays est un pays au climat rude, loin des images de cartes météo ou de cartes postales sur papiers glacés vendues par nos promoteurs touristiques et les industriels du loisir programmé. De cette rudesse on peut en voir les marques sur les arbres et les rochers du paysage que je parcours en ce moment ; sur certains visages aussi, de plus en plus rares, toutefois, qu’on peut entrevoir, parfois, au coin d’une rue, sur la place d’un village. Des visages pittoresques diront d’autres : l’ignorance et la bêtise confondues.

La beauté nous surprend parfois, souvent, par surprise…

9h 30 ce matin. Fin de course – presque ! Je m’arrête un instant le temps de m’imprégner de la beauté du lieu : de l’harmonie de ses formes et couleurs. Je note cette série de trois cyprès qui, en rompant une certaine unité de volumes et de lignes, lui donne toute son originalité, son caractère. Au même moment une volée de vetétistes électriquement assistés a traversé à toute allure cet incomparable, ce merveilleux bout de paysage. Casqués, le nez sur le guidon, ils n’avaient d’yeux que pour leurs « machines ».

Illustration : photo Michel Santo.

Image d’un soir d’été, plage des Ayguades…

 

Le vent était tombé et la mer onduleuse languissante avait des fluorescences nacrés. On aurait dit une large et lourde bande d’étoffe moirée de gris. Sur son bord, une légère mousse d’écume bouillonnante donnait à l’ensemble une touche de fantaisie ; et de sensualité. Au Sud, fondue dans un ciel bleu nuit, une petite lumière jaune clignotait à la pointe des Albères. Là bas, tout près, dans la plaine, l’astre du jour sombrait : il colorait d’un peu de rose un nuage égaré au dessus de la plage.

Lettre à un ami « philosophe » apporteur zélé de lumières à nos consciences opprimées…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cher ami !
Je ne m’en étais pas encore rendu compte jusqu’à ce que ce matin enfin je vous lise. Soyons précis : que je lise un commentaire d’une de vos amies publié sur votre page Facebook ; et fort positivement «liké» par de longues et brillantes cohortes, disons, pour aller vite, « d’intellectuels » : professeurs de philosophie, à la retraite ou pas, gens d’esprit et de lettres etc.

Je ne connaîtrai jamais le nom de ce joueur de bandoneon qui dans ce blockhaus…

   

J’ai d’abord aperçu sa tête. C’était celle d’un homme assis sous l’épaisse et lourde toiture en béton d’un blockhaus. Tout le haut de son corps semblait affaissé, comme s’il vivait au milieu d’un profond chagrin.

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