Mercredi 1 septembre.
Les touristes ont enfin quitté les lieux. Je sais qu’il est inconvenant de le dire, mais j’en suis « heureux ». Que leur présence, en nombre, durant cette période estivale soit « utile » à l’économie locale, je l’admets, mais à mon goût, elle est aussi une nuisance, disons, pour aller vite, esthétique.
Je n’ai pas l’esprit d’aventure : y penser me fatigue ; m’ennuient aussi les vastes horizons. Mais l’immensité du monde est à portée de mes sens. Je le parcours en effet sur un territoire borné par la mer, « ma cabane » et la Clape ; et j’y puise tous les bonheurs possibles.
Jeudi matin 7 heures, départ de Mateille (Gruissan) pour Saint- Pierre- la- Mer, par les plages. Le « Grec » (un vent de nord-est humide) avait amené durant la nuit une masse indistincte de nuages présentant une riche palette de gris. Ce matin sera donc sans aube ; et les hommes et les choses en porteront le deuil : aucune lumière, ou si peu, ne permettra dans distinguer les traits, les formes et les couleurs.
Nous sommes sur la plage. Cela fait un petit moment que j’observe la petite Ninon. Nous la connaissons bien pour l’avoir vu grandir. Elle a maintenant trois ans. Ses grands-parents la gardent tous les étés. Elle est vive et parle déjà comme une « petite fille ». Tous les après-midi, vers les 16 heures, ils s’installent toujours au même endroit. Comme tout le monde ! L’homme est un « animal » d’habitudes.
J’ai quitté ma « cabane » hier après-midi. J’avais deux ou trois choses à faire en ville. Une ville pleine comme un oeuf, envahie par d’imposantes troupes de touristes ayant fui des plages balayées par un vent violent soufflant par rafales. Une désolation esthétique ! Je n’avais jamais vu autant d’obèses : surtout des femmes, en shorts ultra courts et tatouées ; et d’hommes : bedonnants, en bermudas multi-poches.