Tout homme est responsable de son sourire…

 
 
 
 
 
 
Me.8.2.2023
 
Moments de vie. Sourires !
 
J’aime regarder les gens. Je suis attentif à leur façon de bouger et de se déplacer ; à leurs gestes et leurs démarches. À leurs visages surtout. Qui traduisent souvent leurs pensées, leurs émotions. Des visages qui deviennent, les années passant, le reflet de leurs vies. Bonnes ou mauvaises. J’en croise chaque jour des dizaines, dans la rue. Beaucoup sont penchés sur les écrans de leurs téléphones. Ceux-là ont le sourire banal ou béat. Parfois vulgaire ou insolent. D’autres sont perdus dans leurs pensées. Leur visage semble figé, triste ou mélancolique. Au contraire de ce visage souriant croisé ce matin. Celui d’une dame inconnue qui hier encore tenait par la main une personne plus âgée au visage tendu par la fatigue et les douleurs. Lors de nos quotidiennes rencontres, nous échangions un sourire de politesse. Aujourd’hui, son visage n’était pas tourné vers le mien. Il souriait dans le vide. Aux anges, dit-on. J’ai souri aussi. Sans raison. C’est Camus qui écrivait : « Au-delà d’un certain âge, tout homme est responsable de son visage. »
 
 
 
 
 
 

Souvenirs de février, brûlures d’enfance…

 
 
 
 
 
 
Moments de vie.
 
Souvenirs de février.
 
Ce matin-là il faisait froid
dehors aussi pesait la nuit
et le silence et son odeur
de café au lait mal dosé
qui nouait tripes et voix
Pas un mot ne fut prononcé
ce matin-là où je devais
abandonner mon enfance.
Des images grises seules
restent encore vivantes
mais floues Comme sa présence
lourde et discrète effacée
Ce boulevard mal éclairé
cette gare sinistre et
ventée Et ce long voyage
solitaire et cette neige
et ce château de Montbéliard
dans lequel je rêvais plus tard
d’amandiers en fleurs de soleil
et d’étés
 
 
 
 

Mes amis virtuels sont-ils de vrais amis ?

 
 
 
 
 
Je.2.1.2023
 
Attachements.
 
J’ai des centaines d’amis virtuels sur Facebook. Je ne peux évidemment pas lire tout ce qu’ils publient sur leurs pages. Le rejet du blablabla et de la répétition, mes goûts ont fini par en sélectionner quelques-uns. D’autres aussi lisent mes textes sans que je le sache, et certains, souvent les mêmes, réagissent à mes publications. Finalement, ce commerce quotidien que j’entretiens avec ces derniers et le cercle de ceux que je fréquente régulièrement leur donne à tous un semblant de réalité. Jusqu’à m’inquiéter de leur silence. Pour apprendre un jour le suicide virtuel ou la mort réelle de l’un deux. Je sais alors qu’il va me manquer. Comme peut nous manquer un ami de chair dans la « vraie vie ».
 
 

Réforme des retraites, une « guerre » de plus…

 
 
 
 
 
 
 
Humeur !
 
Quand les partis, leurs dirigeants et leurs élus sont dans l’opposition frontale et la démagogie, confrontés aux réalités et à l’exercice du pouvoir, ils ne peuvent que se renier. Et leurs électeurs surtout, crédules, de leur faire le procès de les avoir trahis par lâcheté, opportunisme ou intérêt. Pour s’en éloigner ensuite, les abandonner, leur faire perdre le pouvoir et partir avec leurs voix pour les donner à des mouvements encore plus violents et démagos. C’est l’histoire que nous vivons depuis les nombreuses alternances au sommet des pouvoirs et l’effondrement des deux grands partis de gouvernement (PS et LR) et de leurs coalitions. Et la réforme des retraites, comme d’autres avant, et le climat de quasi-guerre civile dans lequel elle est présentée, discutée et combattue, nous montre à quel point cette bascule perpétuelle entre opposition frontale et exercice du pouvoir caractérise notre culture politique. Une culture politique qui empêche de chercher et de trouver un consensus, même faible, sur quelque réforme de structure que ce soit. À croire que l’humilité et la sobriété dans les propositions politiques des uns et des autres, et leurs présentations, seraient, non point des vertus démocratiques, mais d’épouvantables faiblesses. Quand on pense que le projet de loi sur le mariage pour tous a été le prétexte d’une « guerre civile » qui aura duré six mois, nous n’avons pas de raisons de penser qu’on ne nous la rejouera pas pour celui concernant la réforme des retraites. D’ailleurs, elle a déjà commencé !
 
 
 
 

Les Essais de Montaigne, un viatique pour notre temps.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ma.24.1.2023
 
Les Essais, un viatique pour notre temps.
 
 
Lors d’une confrontation entre André Compte Sponville (A.C-S) et François Jullien sur les conceptions chinoise et occidentale du bonheur, ce dernier disait de Montaigne qu’il était « le plus chinois des penseurs occidentaux ». Pourquoi ? Parce qu’il est un penseur du devenir plutôt que de l’être, « de la vie plutôt que du salut, de la durée plutôt que de l’éternité, du présent plutôt que de l’avenir, de la transition (voire du « procès sans sujet ni fin ») plutôt que du progrès, du réel plutôt que du sens, du « jardin imparfait » plutôt que de l’utopie, enfin du « vivre à propos » plutôt que du bonheur ! », précise André Comte-Sponville à la page 159 de son « Dictionnaire amoureux de Montaigne. ». Comme les Chinois, on peut dire que Montaigne voit toujours un peu de yin dans le yang. Ainsi des plaisirs et des biens que nous avons, « il n’en est aucun exempt de quelque mélange de mal et d’incommodité ». De sorte que l’homme, en tout et par tout, « n’est que rapiècement et bigarrure. » Il dit encore qu’il nous faut négocier en permanence notre rapport aux autres et au monde ; que la seule raison n’y suffit pas, et que tout l’humain est sollicité : « pour l’usage de la vie et service du commerce public, il y peut avoir de l’excès en la pureté et perspicacité de nos esprits » et « Les opinions de la philosophie élevées et exquises se trouvent ineptes à l’exercice. » Ce disant, Montaigne nous met en garde contre ces promoteurs d’absolu et de pureté qui, en politique, voudraient réaliser et imposer à tous le meilleur des régimes. Hier, c’était au nom du communisme, du nazisme et du fascisme ; aujourd’hui, de celui de l’insoumission politique, de l’éco féminisme politique et du national populisme. Pour eux, qui veulent tout et tout de suite, leurs vérités sont un absolu et leurs contradicteurs une incarnation du mal, un ennemi qu’il faut abattre. Or une société ne se change pas par « décret » fut-il philosophique. Et « les lois mêmes de la justice ne peuvent subsister sans quelque mélange d’injustice », ajouterait Montaigne. Par les temps qui courent, sa pensée sans système est d’un grand secours. Elle éclaire « sur ce que nous sommes, sur la vie que nous menons, heureuse ou malheureuse, et sur ce que peut, ou non, la philosophie. » (A.C-S page 181) Sur ce que peut, ou non, la politique.
 
 
 
 
 

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