Il était 18 heures, hier, quand je suis sorti du Monoprix de la place de l’Hôtel de Ville, mon pack de 6 bouteilles d’eau d’un litre et demi à la main. Devant moi, une dame, charmante, était à l’arrêt, son caddie à ses pieds. Un homme, la trentaine environ, long et d’apparence décente, s’est avancé timidement vers elle. Je me suis rapproché, un peu troublé par le comportement de cet individu et j’ai attendu qu’il se décide à prononcer quelques mots afin de m’assurer que la scène se dénouerait sans incident. Il était enfin parvenu face à la dame au caddie, dont je pensais qu’elle devait avoir le double de son âge. Elle épluchait, concentrée, son ticket de caisse. Il s’est alors penché, lentement, à hauteur d’yeux pour ne pas la brusquer et lui a demandé sur un ton grave et solennel : « Madame ! on peut avoir un contact sexuel ? » Qui lui a répondu, surprise, sans agressivité, avec une pointe d’ironie appuyée cependant « Ah ! Ça non ! » Sur ce, nous avons tous trois repris notre chemin. Comme si rien ne s’était passé…
J’aime regarder les gens. Je suis attentif à leur façon de bouger et de se déplacer ; à leurs gestes et leurs démarches. À leurs visages surtout. Qui traduisent souvent leurs pensées, leurs émotions. Des visages qui deviennent, les années passant, le reflet de leurs vies. Bonnes ou mauvaises. J’en croise chaque jour des dizaines, dans la rue. Beaucoup sont penchés sur les écrans de leurs téléphones. Ceux-là ont le sourire banal ou béat. Parfois vulgaire ou insolent. D’autres sont perdus dans leurs pensées. Leur visage semble figé, triste ou mélancolique. Au contraire de ce visage souriant croisé ce matin. Celui d’une dame inconnue qui hier encore tenait par la main une personne plus âgée au visage tendu par la fatigue et les douleurs. Lors de nos quotidiennes rencontres, nous échangions un sourire de politesse. Aujourd’hui, son visage n’était pas tourné vers le mien. Il souriait dans le vide. Aux anges, dit-on. J’ai souri aussi. Sans raison. C’est Camus qui écrivait : « Au-delà d’un certain âge, tout homme est responsable de son visage. »
J’ai des centaines d’amis virtuels sur Facebook. Je ne peux évidemment pas lire tout ce qu’ils publient sur leurs pages. Le rejet du blablabla et de la répétition, mes goûts ont fini par en sélectionner quelques-uns. D’autres aussi lisent mes textes sans que je le sache, et certains, souvent les mêmes, réagissent à mes publications. Finalement, ce commerce quotidien que j’entretiens avec ces derniers et le cercle de ceux que je fréquente régulièrement leur donne à tous un semblant de réalité. Jusqu’à m’inquiéter de leur silence. Pour apprendre un jour le suicide virtuel ou la mort réelle de l’un deux. Je sais alors qu’il va me manquer. Comme peut nous manquer un ami de chair dans la « vraie vie ».
Quand les partis, leurs dirigeants et leurs élus sont dans l’opposition frontale et la démagogie, confrontés aux réalités et à l’exercice du pouvoir, ils ne peuvent que se renier. Et leurs électeurs surtout, crédules, de leur faire le procès de les avoir trahis par lâcheté, opportunisme ou intérêt. Pour s’en éloigner ensuite, les abandonner, leur faire perdre le pouvoir et partir avec leurs voix pour les donner à des mouvements encore plus violents et démagos. C’est l’histoire que nous vivons depuis les nombreuses alternances au sommet des pouvoirs et l’effondrement des deux grands partis de gouvernement (PS et LR) et de leurs coalitions. Et la réforme des retraites, comme d’autres avant, et le climat de quasi-guerre civile dans lequel elle est présentée, discutée et combattue, nous montre à quel point cette bascule perpétuelle entre opposition frontale et exercice du pouvoir caractérise notre culture politique. Une culture politique qui empêche de chercher et de trouver un consensus, même faible, sur quelque réforme de structure que ce soit. À croire que l’humilité et la sobriété dans les propositions politiques des uns et des autres, et leurs présentations, seraient, non point des vertus démocratiques, mais d’épouvantables faiblesses. Quand on pense que le projet de loi sur le mariage pour tous a été le prétexte d’une « guerre civile » qui aura duré six mois, nous n’avons pas de raisons de penser qu’on ne nous la rejouera pas pour celui concernant la réforme des retraites. D’ailleurs, elle a déjà commencé !
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