Sommes-nous prêts à payer le prix social et financier exigé pour le confort de nos aînés en Ehpad ?

 
 
 
 
 
 
 
 
La tempête médiatique est passée.
Après les vagues d’indignation soulevées par les révélations sur les conditions de vie des personnes âgées dépendante dans des établissements de « luxe » d’un groupe privé, contenues dans un livre sorti ces derniers jours, le calme est très vite revenu sur nos « ondes » et nos « consciences » éditoriales et politiques se sont enfin tues.
L’odeur d’urine qui fut tant commentée dans les studios de radio et sur les plateaux de télévision est désormais « couverte » par les bruits de bottes aux frontières de l’Ukraine, la montée sur Paris des anti-pass et antitout, les dernières frasques, sottises, énormités et bassesse des candidats à l’élection présidentielle… Selon l’impitoyable loi de l’économie de l’information – une info chasse l’autre –, nos pères et mères âgées ont été passés à la trappe du temps d’antenne.
Il ne pouvait en être autrement tant ce sujet est un des plus « refoulés » et douloureux pour nos générations encore actives ou en bonne santé. Le plus « refoulé » et douloureux parce que le sort de nos parents très âgés vivant dans ces établissements taraude ce qui nous reste encore de « morale » ; le plus « refoulé », douloureux et insupportable, car il figure aussi le cauchemar de nos propres fins de vie.
Tant pis, si je me fais mal comprendre, mais que tant de voix se soient ainsi élevées bruyamment – pour retomber aussi vite – m’a, je l’avoue, profondément troublé, irrité même. Et les « pleurs » de circonstance à l’évocation « d’odeurs d’urine », notamment, me sont apparus empreints d’une grande hypocrisie.
Chacun devrait pourtant savoir que sitôt la porte franchie d’un de ces établissements pour personnes âgées, une odeur composée d’effluves d’ammoniaque, de produits d’entretien et de corps usés et soignés prend le nez et la gorge du visiteur pour ne plus jamais le quitter. Elle imprègne les murs et révèle ce que nous refusons inconsciemment de voir : notre vieillissement et nos peurs…
Qu’on m’entende bien ! L’existence de toutes sortes de « maltraitance » dans ces résidences publiques ou privées ne fait aucun doute. Mais faire semblant de les découvrir aujourd’hui est trop facile. Elles ne datent pas d’hier, en effet. De sorte que la seule vérité qui compte et que nous nous devons à nous-mêmes s’énonce tout simplement ainsi : « sommes-nous prêts à payer le prix social et financier pour que nos pères et mères âgés aient une fin de vie la plus digne possible ? »
Le sera-t-elle un jour ? J’en doute !
 
 
 
Cela fait déjà un mois et demi que ma sœur, ou moi, ne pouvons voir notre mère qu’une fois par semaine, sur rendez-vous, une demi-heure seulement… Je n’en ai pas oublié pour autant l’odeur de cet établissement public. C’est aussi celle de la vie, malgré tout…
 
 
 
 
 
 
 
 

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Commentaires (3)

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    Dumas

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    Les responsables seraient donc les fonds de pension et les Directeurs de ces établissements.
    C’est dédouaner bien vite les pouvoirs publics qui ont laissé perdurer ces dérives abjectes.
    Pire encore, et peu en parlent, le personnel en charge des soins et du bien être des résidents est tout aussi responsable de ces humiliations, de cette mal traitance.
    Les médecins, les hôpitaux qui recevaient ces personnes âgées dans des états épouvantables, les élus qui savaient… tous ont participé et participent encore et ces exactions insupportables.
    Ceux des personnels qui m’ont contactés disent en cœur que c’est ça, ou ils perdent leur boulot.
    Les collaborateurs des nazis, dans les camps de concentration, disaient la même chose.

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      Michel Santo

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      Pas du tout ! Privé, aux tarifs élevés pour de catégories sociales en ayant les moyens, ou publics, comme cet hôpital où réside ma mère, la situation est la même. C’est pour cela que je pose la seule question qui compte à mes jeunes (je ne vais pas me répéter). Question que se posent surtout des gens de mon âge et qui laisse hélas une grande majorité de français, indifférents. (Votre comparaison avec les collaborateurs de nazis dans les camps de déportés, est indécente, scandaleuse)

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    Guitard

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    Merci Monsieur pour la distance que vous apportez à votre propos. J’ai exercé de nombreuses années dans une unité de soins de longue durée. L’image que nous renvoie ces établissements est très dure mais ne révèle pas forcément la qualité de vie des résidents. Le travail des soignants est souvent remarquable. Ce qui rend la vie difficile c’est la collectivité, elle oblige à des choix, à des incompréhensions..
    Le maintien à domicile n’est pas forcément mieux, mais il ne renvoie pas à « l’effet de masse »
    Merci encore pour votre article

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