On fait parfois de belles rencontres sur les réseaux sociaux. Celle de Denis, sur Facebook, en est une. Il y a quelque temps déjà, je ne sais plus à quel propos, je lui avais dit que j’avais tout lu de Patrick Modiano. Fidèle lecteur lui aussi de cet auteur, il m’avait demandé si je connaissais Didier Blonde – je comprends à présent pourquoi. Je lui répondis que j’ignorais tout de lui. Mais l’attention portée à cet écrivain par Denis avait éveillé ma curiosité.
Le ton et les thèmes de campagne de Marine le Pen et d’Éric Zemmour, me rappellent ceux d’une époque où convergeaient, venant d’une certaine gauche et d’une certaine droite, une critique sans concession du libéralisme économique et politique, la promotion d’une économie administrée et planifiée, un anti-américanisme de principe, une glorification patriotique délirante, la peur de l’ouverture au monde…
La scène se déroule chez les Verdurin. Brichot parle tout le temps. Saniette pense pouvoir garder le silence afin d’éviter les brocards des Verdurin. Mais Brichot finit par l’interpeller. Il répond, bafouille. L’occasion attendue par M. Verdurin. Le « massacre » de Saniette peut commencer :
« D’abord on ne comprend pas ce que vous dites, qu’est-ce que vous avez dans la bouche ? » demanda M. Verdurin de plus en plus violent, et faisant allusion au défaut de prononciation de Saniette. « Pauvre Saniette, je ne veux pas que vous le rendiez malheureux », dit Mme Verdurin sur un ton de fausse pitié et pour ne laisser un doute à personne sur l’intention insolente de son mari. « J’étais à la Ch… – Che, che che, tâchez de parler clairement, dit M. Verdurin, je ne vous entends même pas. » Presque aucun des fidèles ne se retenait de s’esclaffer et ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C’est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois. » (Sodome et Gomorrhe)
René Girard commente ce passage dans « Mensonge romantique » en disant, je résume, que toute l’anthropologie de l’humanité était là, et beaucoup mieux dite que dans n’importe quel livre d’anthropologie. Quant à moi, et sans doute pour cette raison, et pour avoir fait ce même constat en de nombreuses circonstances de ma vie professionnelle et sociale, notamment, sa lecture m’a d’abord effrayé pour s’inscrire ensuite durablement dans mon esprit. Nulle part ailleurs en effet n’a été observé et disséqué aussi finement à partir d’un petit phénomène mondain insignifiant, la violence, la cruauté inhérente à toute « foule » socialement constituée – quelle qu’en soit la taille et les constituants sociologiques. Et dans quel style !
« Ce n’est un secret pour personne : Carole Delga veut prendre la direction du PS après la présidentielle et les législatives qui suivront. Prendre est d’ailleurs un bien grand mot tant la séquence électorale à venir devrait être la pire jamais subie par ce parti depuis sa naissance à Épinay-sur-Seine. Disons alors cueillir ce qu’il en restera. Il lui faut donc, après avoir conservé la Région, sans LFI et EELV, en 2021, doper son image dans sa stratégie de prise de contrôle de la direction du PS en présentant aux militants et cadres du parti un bon bilan électoral à la présidentielle et aux législatives. »
Je ne connais pas Quentin Estrade. La seule chose que je sache de lui, largement relayée par la presse locale, est qu’il est jeune : 25 ans et qu’il est médecin interne en cardiologie. Un succès universitaire et professionnel qui couronne un parcours scolaire et universitaire brillant. Je ne le connais certes pas, mais je ne pense pas me tromper en disant que ce jeune garçon est très ambitieux et qu’il a dû penser très tôt qu’il avait un grand avenir politique devant lui.