Manuel Valls fait des élections départementales celles de la seule lutte contre le FN. Si la menace est sérieuse, on peut néanmoins s’interroger sur le sens politique de sa stratégie. On aurait pu s’attendre, en effet, à ce que le premier ministre, sa majorité, le PS et ses alliés défendent la politique et les actions que le gouvernement met en oeuvre, sous l’autorité de François Hollande. À tort ou à raison, peu importe, sous le quinquennat, les élections intermédiaires valident ou pas la politique de l’exécutif. Il est donc clair que Manuel Valls, en déplaçant, l’axe de la campagne sur le seul terrain de l’affrontement « moral » avec le FN, fait l’amer constat que le combat idéologique et politique sur le bilan gouvernemental, depuis 2012, est perdu.
Partie 2 de mes Contre-Regards : des élections départementales qui pourraient changer la donne au Grand Narbonne ? Mairie de Narbonne, presque un an; pour quel bilan ?
Le plus contestable n’est pas le mensonge, par omission ou pas, ou l’à-peu-près ou la démagogie – sa forme la plus banale, qui la rapproche souvent du simple bon sens – des politiques que l’absence de réactions qu’ils provoquent chez certains des journalistes qui les interrogent. Comme j’ai pu récemment encore le vérifier dans ma petite ville de province. Et il m’arrive de penser qu’ils auraient bien tort de s’en priver…
Il y a quelque chose de délicieux à observer le nouveau maccarthysme qui fleurit dans une société obsédée par les «dérapages», les «sorties de route» et l’usage du pilori médiatique. Avec le concours démultiplicateur de réseaux sociaux qui reproduisent à la vitesse de la lumière les opinions des procureurs improvisés. Mais il ne s’agit plus de débusquer les communistes en période de guerre froide. Non, le nouveau crime qui vaut excommunication, et qui est au moins aussi vague que l’accusation du sénateur McCarthy, c’est de se rapprocher plus ou moins d’une entité dévorante et indéterminée: la réaction. Dernière victime: le gentil par excellence, le chanteur consensuel du bovarysme contemporain et des rêves d’évasion, Jean-Jacques Goldman.