Le plus contestable n’est pas le mensonge, par omission ou pas, ou l’à-peu-près ou la démagogie – sa forme la plus banale, qui la rapproche souvent du simple bon sens – des politiques que l’absence de réactions qu’ils provoquent chez certains des journalistes qui les interrogent. Comme j’ai pu récemment encore le vérifier dans ma petite ville de province. Et il m’arrive de penser qu’ils auraient bien tort de s’en priver…
Il y a quelque chose de délicieux à observer le nouveau maccarthysme qui fleurit dans une société obsédée par les «dérapages», les «sorties de route» et l’usage du pilori médiatique. Avec le concours démultiplicateur de réseaux sociaux qui reproduisent à la vitesse de la lumière les opinions des procureurs improvisés. Mais il ne s’agit plus de débusquer les communistes en période de guerre froide. Non, le nouveau crime qui vaut excommunication, et qui est au moins aussi vague que l’accusation du sénateur McCarthy, c’est de se rapprocher plus ou moins d’une entité dévorante et indéterminée: la réaction. Dernière victime: le gentil par excellence, le chanteur consensuel du bovarysme contemporain et des rêves d’évasion, Jean-Jacques Goldman.
Deux pleines pages dans l’Indépendant pour « fêter » le premier anniversaire du mandat de Didier Mouly. Un joli cadeau de son intervieweur! Qu’en tirer?
D’un point de vue journalistique, on n’en dira rien, sinon que sa forme et son contenu, ne correspondent pas à ma conception du rôle de la presse… Mais bon!
Quant à ce que j’ai retenu, et dans le désordre, des propos de notre maire, voici:
« Pendant six ans cette ville a été réduite à l’état de léthargie. »
Rien que de très classique, qui figure dans les figures imposées de la rhétorique politicienne, de gauche comme de droite : tout adversaire politique ne peut rien faire ou mal faire…
« Que l’amélioration de la voirie, et je ne parle pas seulement de la chaussée, je parle également des trottoirs, du stationnement, de l’éclairage public, c’est très cher, c’est quelque chose de très lourd. Or, je suis sidéré par l’état des rues, c’est catastrophique… ».
Ce qui est vrai! Précisons, puisque la question n’a pas été posée, qu’il faudrait 3 millions d’euros par an pour que cette ville ait une voirie urbaine digne de son statut et de son patrimoine…
« Que l’opération des Berges de la Robine est également une priorité clairement établie. »
Soit! Mais quel en sera le coût pour la Ville en investissements de nécessité publique: rond-point, travaux de voiries etc… Allez!, à la louche un minimum de 10 millions d’euros
« Que la salle multimodale avance. Le diagnostiqueur (!) est intervenu, et maintenant c’est au tour du programmiste (!), avant que ne soit lancé le concours d’architecture ».
Le coût affiché: entre 15 et 18 millions d’euros, hors fonctionnement…
Si je m’en tiens à ces seuls trois grands « postes », et si j’arrondis, on frôle les 50 millions d’euros! Sans porter de jugement sur le bien fondé ou pas de ces projets, je me suis déjà exprimé sur ce sujet, on eût aimé en apprendre un peu plus, quand même!, sur comment tout cela serait financé et dans quel ordre de priorité…
À l’évidence, ce n’était pas à l’ordre du jour de cet entretien. Dommage, ses lecteurs eussent été un peu plus éclairés!
C’est cette semaine, le 10 mars!, que les députés examineront, en première lecture, les quelques 2000 amendements du projet de loi sur la répartition des compétences entre régions, départements et intercommunalités; 2000 amendements venus de tous les « bancs », droite et gauche confondues, pour détricoter , après le Sénat, avec une constance et une détermination qui forcent l’admiration, un texte dont la philosophie était de simplifier, pour le rendre plus digeste aux contribuables-usagers, un mille-feuilles administratif opaque et dispendieux.
Le schéma initial était pourtant simple et beau : « Aux régions, l’économie; aux départements, la solidarité; au bloc communal, les services de proximité .» Trop simple, et surtout trop brutal pour des élus soucieux avant tout de conserver leurs privilèges et leurs pouvoirs. Le résultat, à ce jour, est tristement affligeant. D’exceptions en renoncements, cette réforme territoriale, présentée comme « La » réforme du quinquennat, est en train de s’embourber dans le marais parlementaire.