Une enseignante que je connais, à la retraite depuis 20 ans, me disait que, jeune dans la profession, on recrutait déjà des militaires à la retraite pour pourvoir des postes de lycées ; que, de tout temps, il y avait eu pénurie de profs de maths dans le secondaire. Elle me disait aussi qu’elle avait vu arriver des déferlantes d’instituteurs, toujours dans le secondaire, qui, du jour au lendemain, s’improvisaient prof de physique ou d’histoire-géo… J’en ai d’ailleurs eu de ce genre dans mon collège. Et des bons ! jusqu’au BEPC… Aussi ai-je du mal à comprendre le procès fait à l’actuel Ministre de l’Éducation Nationale qui s’efforce de combler les postes d’enseignants titulaires vacants en recourant à des personnes ayant été recalées aux divers concours de recrutement depuis cinq ou six ans, notamment. Il braderait le principe républicain du concours, alors qu’il a, de fait, toujours été contourné sur les marges : l’ajustement parfait entre besoins et sélection administrative par cette seule voie étant par définition, si je puis dire, impossible. Rien de nouveau donc dans l’histoire de ce grand service public, contrairement à ce que je lis et entends un peu partout…
C’est comme l’orthographe et le français. Une désolation, du jamais vu, une catastrophe morale et intellectuelle. « C’était mieux avant ! » Eh ben, non ! En 1966, jeune engagé volontaire, après mes classes et mon « peloton », j’avais accès aux dossiers militaires des jeunes appelés du 3ᵉ RPima de ma section. La dernière page de ces dossiers était une feuille manuscrite sur laquelle chacun avait écrit, dès son arrivée à la caserne Laperrine, ses « premières impressions ». Elles étaient tout simplement Illisibles ! Illisibles, alors que je vivais dans l’idée que tous les jeunes gens de ma classe d’âge avaient au moins le BEPC et écrivaient proprement sans trop de fautes de grammaire et d’orthographe. Je découvrais alors, stupéfait, que j’étais entouré d’analphabètes ou presque venant de toutes les régions rurales et ouvrières de France.
Aussi, je ne laisserai jamais dire qu’avant, c’était toujours mieux !