Un dimanche au cinéma ! Histoires de mères : « Saint Omer », d’Alice Diop .

 
 
 
 
 
 
 
 
Ma.15.11.2022
 
Dimanche au cinéma.
 
Dimanche après midi, dans la salle art et essai du Théâtre + Cinéma Scène nationale Grand Narbonne, j’ai assisté, en « avant-première », à la projection de « Saint Omer », le premier film de fiction d’Alice Diop. Un film présenté aussi en première mondiale à la Mostra de Venise en septembre et qui en est « sorti » couronné de trois prix, dont le prestigieux Lion d’Argent, Grand prix du jury présidé par l’actrice américaine Julianne Moore. La presse internationale, qui le couvre de louanges avant même sa présentation dans les salles françaises, le 23 novembre, est au diapason de cette reconnaissance.

Moments de vie : Il ne pouvait savoir d’où je venais…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ma.27.2022
 
Moments de vie.
 
Fort vent de Nord-Ouest, ce matin. Et froid ! Il entraîne vers la mer d’épais nuages bas et gris que trouent quelques rares puits de lumière. Les toits et les murs de la ville n’ont rien qui éblouissent les yeux. Leurs traits sont ternes, leurs formes plus lourdes. Comme celle des passants que j’aperçois de ma fenêtre. Le noir et le gris découpent leurs silhouettes. Ils marchent plus vite, le dos courbé. On dirait qu’ils portent le deuil d’un été sec et brûlant. L’automne n’a pas ses couleurs douces habituelles. Les choucas sont revenus qui, tous les soirs, à la même heure, disputent aux pigeons les tours Aycelin et de Saint-Just. Ils volent autour en criant, excités. Plus hauts, deux ou trois rapaces seront lâchés et fonceront sur des nuées d’étourneaux. Ils ne suffiront pas à les éloigner. Un homme tentera de les faire fuir en allumant des fusées. Elles feront un bruit épouvantable. Il fera nuit. Leurs yeux grands ouverts, des enfants trembleront sous leurs draps. Un sourire, une caresse les apaisera. Peut-être ! Trois fois rien. Comme, hier, cet homme perdu dans cette salle de détresse commune, venu vers moi, assis près de ma mère. Il a pris ma main du bout de ses doigts ; l’a regardée puis s’en est allé, le corps cassé. Sans un regard ! « Tu as des choses à faire Michel, il est temps de partir… ». Sur la route du retour, un coup de fil d’un ami. Il me parle de l’exposition d’Edvard Munch au musée d’Orsay. Son titre ? « Un poème de vie, d’amour et de mort ». Il ne pouvait pas savoir d’où je venais… Je lui ai dit que j’irai la voir aussi…
 
 
 
 

À Narbonne, un moment de grâce avec Pierre Reverdy…

 
 
 
 
 
 
 
 
Ve.16.9.2022
 
Moments de vie.
 
Pierre Reverdy, né le 11 septembre 1889 (13 septembre 1889 selon l’état civil) à Narbonne et mort le 17 juin 1960 à Solesmes, fut un grand poète précurseur du mouvement surréaliste du XXe siècle, ami et admiré par les plus grands : Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Louis Aragon, André Breton, Philippe Soupault, Tristan Tzara… Il était à l’honneur dans sa ville natale pour cette 39e édition – les 17 et 18 septembre – des Journées européennes du patrimoine, conçue et réalisée par les équipes de la Médiathèque du Grand Narbonne. Pour leur ouverture, en effet, dès le vendredi 16 septembre, étaient au programme une conférence-lecture de Jean-Baptiste Para, suivie du vernissage de l’exposition qui lui était consacrée : « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Une exposition remarquable à la fois par la qualité du « fonds » constitué par la Médiathèque : plus de 60 ouvrages (éditions originales, œuvres illustrées par de grands artistes), et l’élégance didactique de sa présentation. Un peu avant sa visite, Jean-Baptiste Para, lui-même poète, critique d’art et rédacteur en chef de la revue littéraire Europe nous avait présenté les grandes lignes de la vie de cet immense poète et de son œuvre, ses relations avec ses amis, poètes et peintres majeurs du XXe siècle. Ce fut un moment de grâce ! Un bel exercice d’admiration empreint d’humilité dont l’érudition et l’intelligence parvenaient à nous rendre sensible un imaginaire et une poésie considérée par beaucoup comme difficile d’accès. La voix de Jean-Baptiste Para, ronde et douce, y contribuait grandement… C’était la première fois que Pierre Reverdy se faisait ainsi entendre. Plus tard, j’ai ouvert ma liseuse et relu les surlignements de son « Livre de mon bord » (1948) faits à l’occasion de mes lectures. En voici trois :
« Le style, c’est peut-être l’homme. Mais l’art d’écrire est plein de perfidie. On lit avec intérêt l’ouvrage d’un homme avec qui l’on ne pourrait parler cinq minutes sans avoir envie de le gifler, et tel autre, que l’on trouve crispant à lire, si on le connaissait, pourrait être un charmant ami. »
« Il y a les idées qui partent dans l’air, dans la réalité comme des balles de pelote. Les dures, les bonnes rebondissent — les molles, les mauvaises, les fausses retombent au pied du mur, lamentables. Mais c’est de celles-là que l’on est, précisément, assommé. »
« Un visage plein de sourires, comme une coupe de beaux fruits. »
C’était hier. Elle était avec un petit groupe autour d’un guide sur la place de l’hôtel de ville à écouter ses explications – elle semblait attentive ! Et quand son visage s’est tourné vers le mien, c’était comme une coupe de beaux fruits … « Chose troublante dans ce monde de haine — un regard inconnu d’où déborde la sympathie. » (Le livre de mon bord)
 
 
 
 
 
 
 
 

Roger Federer sur un cours était le style même…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je.15.9.2032
 
Du style !
 
Roger Federer a déclaré qu’il prenait sa retraite. C’était un génie. Chacun de ses gestes, de ses déplacements sur un cours de tennis signait un trait d’intelligence et d’élégance. Il ne jouait pas, il créait. Son jeu inspiré était d’une beauté irradiante. Il aura ainsi élevé la pratique de ce sport au rang d’œuvre d’art. On devrait étudier et promouvoir son style dans toutes les écoles : les petites et les grandes.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rentrée ! Mon bon Môssieu, avant c’était mieux !

 
 
 
 
 
 
Di.4.9.2022
 
 
 
Une enseignante que je connais, à la retraite depuis 20 ans, me disait que, jeune dans la profession, on recrutait déjà des militaires à la retraite pour pourvoir des postes de lycées ; que, de tout temps, il y avait eu pénurie de profs de maths dans le secondaire. Elle me disait aussi qu’elle avait vu arriver des déferlantes d’instituteurs, toujours dans le secondaire, qui, du jour au lendemain, s’improvisaient prof de physique ou d’histoire-géo… J’en ai d’ailleurs eu de ce genre dans mon collège. Et des bons ! jusqu’au BEPC… Aussi ai-je du mal à comprendre le procès fait à l’actuel Ministre de l’Éducation Nationale qui s’efforce de combler les postes d’enseignants titulaires vacants en recourant à des personnes ayant été recalées aux divers concours de recrutement depuis cinq ou six ans, notamment. Il braderait le principe républicain du concours, alors qu’il a, de fait, toujours été contourné sur les marges : l’ajustement parfait entre besoins et sélection administrative par cette seule voie étant par définition, si je puis dire, impossible. Rien de nouveau donc dans l’histoire de ce grand service public, contrairement à ce que je lis et entends un peu partout…
C’est comme l’orthographe et le français. Une désolation, du jamais vu, une catastrophe morale et intellectuelle. « C’était mieux avant ! » Eh ben, non ! En 1966, jeune engagé volontaire, après mes classes et mon « peloton », j’avais accès aux dossiers militaires des jeunes appelés du 3ᵉ RPima de ma section. La dernière page de ces dossiers était une feuille manuscrite sur laquelle chacun avait écrit, dès son arrivée à la caserne Laperrine, ses « premières impressions ». Elles étaient tout simplement Illisibles ! Illisibles, alors que je vivais dans l’idée que tous les jeunes gens de ma classe d’âge avaient au moins le BEPC et écrivaient proprement sans trop de fautes de grammaire et d’orthographe. Je découvrais alors, stupéfait, que j’étais entouré d’analphabètes ou presque venant de toutes les régions rurales et ouvrières de France.
Aussi, je ne laisserai jamais dire qu’avant, c’était toujours mieux !
 
 
 
 
 
 

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