Lecture : Le pays où l’on arrive jamais, d’André Dhôtel…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Di.9.10.2022
 
Lecture.
 
J’ai ouvert avant-hier le « Pays où l’on n’arrive jamais * » d’André Dhôtel. Publié en 1955, il est considéré comme un classique de la littérature enfantine. Dans une langue souple et claire, accessible même aux plus jeunes, c’est le récit d’une épopée enfantine qui mêle avec un rare bonheur la tendresse et l’insolite pour révéler un « ailleurs » toujours au bout de la route. Pour Dhôtel, le voyage, la vie errante et vagabonde sont la clef du merveilleux toujours présent dans la vie quotidienne. Ainsi celle de Gaspard, fils de forains bohèmes, élevé à l’abri de toute excentricité parune tante aubergiste. Dans sa vie morne, des événements extraordinaires se produisent parfois. Un jour, un gamin en fuite fait irruption dans sa vie : Gaspard essaye de l’aider, mais l’enfant est repris. C’est alors « un cheval pie traversé par la foudre » qui emporte Gaspard vers des êtres originaux, vivant de façon plus ou moins marginale. Sans le vouloir vraiment, il suit les traces du jeune fugueur qu’il finit par retrouver. Il découvre alors qu’il s’agit d’une fille, Hélène, à la recherche de sa mère disparue, et de ce qu’elle appelle le grand pays ». Gaspard fera sienne la quête d’Hélène. La suite et la fin, je ne vous la dirai pas. Mais ce que je puis vous assurer, c’est que ce livre est un bonheur de lecture, une leçon d’espoir et de courage qui résume bien l’ensemble de l’œuvre de cet écrivain aujourd’hui bien oublié. Simple et d’une profondeur stupéfiante, on se laisse doucement emporter par l’incontestable beauté de ce roman. Une véritable bouffée d’air frais dans un monde tendu et violent. Un classique de la littérature pour tous !
 
* Ce livre a été couronné en 1955 par le prix Femina.
 
 
 
 
 
 
 

Et le monde s’entend et s’épuise comme dans un épouvantable manège…

 
 
 
 
 
 
Di.2.10.2022
 
Moments de vie.
 
Dimanche après-midi à la plage. L’air était chaud, qu’un léger vent du « Nord » adoucissait, et l’eau délicieusement fraîche. La mer tout à soi ! Pour soi ! Au loin, le rocher d’Agde, le Mont Saint Clair et les Albères. Un ciel ouaté, bleu pâle, leur donnait des teintes fondues, veloutées. Allongé sur le sable, je me laissais vider par le temps. Le monde alors s’entend comme la sempiternelle rumeur des vagues. Soudain des cris et des chiens qui aboient. Une jeune femme en tenue de ville les relance. Ils courent après une balle, se disputent. Le plus fort la ramène à ses pieds en remuant la queue. Et le monde s’entend et s’épuise comme dans un épouvantable manège…

Petit éloge de l’errance…

 

Petit éloge de l’errance : Akira Mizubayashi

 
 
 
 
 
Ve.30.9.2022
 
Errance…
 
Errer, c’est « aller d’un côté et de l’autre sans but ni direction précise ». Une définition à laquelle j’ajouterais quelques mots. Car errer, en effet, implique l’idée d’être seul et de s’en aller à pied. C’est en tout cas dans cet état d’esprit, que ce matin encore, j’ai quitté mon appartement sur le coup des 10 heures. Et ce sont mes premiers pas qui, finalement, m’ont entraîné sur les berges de la Robine. Rien donc de réfléchi ou de rationnel dans ce choix, mais la seule obéissance à l’automatisme de gestes guidés par le hasard ou l’inconscient. À l’unisson étaient aussi mes pensées qui vagabondaient et s’agitaient. Mais, au bout du compte, je constate toujours qu’à défaut d’un but à atteindre et d’une direction à prendre, je trace dans l’espace à peu près la même empreinte et que mes pensées tournent autour des mêmes idées. Errant, on ne peut donc totalement écarter l’idée d’aller en un sens. Sur terre, comme en esprit…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ces moments de vie qui peuvent paraître mineurs à de nombreux lecteurs…

 
 
 
 
 
 
Me.28.9.2022
 
Je consigne souvent sur cette page des moments de vie qui peuvent paraître mineurs et sans intérêt à de nombreux lecteurs. Certains, en privé, d’ailleurs, me le reprochent. Ils voient dans ce retrait de l’actualité politique surtout – relatif toutefois –, une forme de démission. Ou, pire, de fatalisme. Ce qui, je tiens à les rassurer, n’est évidemment pas le cas. Disons plutôt que je n’ai pas le goût de rajouter des commentaires à des commentaires qui, pour la plupart, ne se distinguent guère sur le « fond » – attendu –, ni sur la forme, – fréquemment banale. Je n’ignore pas cependant, et goûte, ceux de quelques « amis », enviés, dotés d’un réel talent pamphlétaire. En vérité, si je relate ici des moments de vie, comme on tient un journal, c’est toujours pour les dégager de l’actualité immédiate, y chercher une signification, un drame, un visage… Ou le mien. La saisie d’un instant, d’une impression, d’un sentiment devient alors une image métaphore. Plus ou moins réussie. Et que je découvre moi-même. Un peu plus tard.
 
 
 
 
 

Moments de vie : Il ne pouvait savoir d’où je venais…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ma.27.2022
 
Moments de vie.
 
Fort vent de Nord-Ouest, ce matin. Et froid ! Il entraîne vers la mer d’épais nuages bas et gris que trouent quelques rares puits de lumière. Les toits et les murs de la ville n’ont rien qui éblouissent les yeux. Leurs traits sont ternes, leurs formes plus lourdes. Comme celle des passants que j’aperçois de ma fenêtre. Le noir et le gris découpent leurs silhouettes. Ils marchent plus vite, le dos courbé. On dirait qu’ils portent le deuil d’un été sec et brûlant. L’automne n’a pas ses couleurs douces habituelles. Les choucas sont revenus qui, tous les soirs, à la même heure, disputent aux pigeons les tours Aycelin et de Saint-Just. Ils volent autour en criant, excités. Plus hauts, deux ou trois rapaces seront lâchés et fonceront sur des nuées d’étourneaux. Ils ne suffiront pas à les éloigner. Un homme tentera de les faire fuir en allumant des fusées. Elles feront un bruit épouvantable. Il fera nuit. Leurs yeux grands ouverts, des enfants trembleront sous leurs draps. Un sourire, une caresse les apaisera. Peut-être ! Trois fois rien. Comme, hier, cet homme perdu dans cette salle de détresse commune, venu vers moi, assis près de ma mère. Il a pris ma main du bout de ses doigts ; l’a regardée puis s’en est allé, le corps cassé. Sans un regard ! « Tu as des choses à faire Michel, il est temps de partir… ». Sur la route du retour, un coup de fil d’un ami. Il me parle de l’exposition d’Edvard Munch au musée d’Orsay. Son titre ? « Un poème de vie, d’amour et de mort ». Il ne pouvait pas savoir d’où je venais… Je lui ai dit que j’irai la voir aussi…
 
 
 
 

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