Scène de la vie narbonnaise (et d’ailleurs !): « Ce matin, sur la plage des Ayguades… »

   

Gruissan. Plage des Ayguades

 

« M » et « J » habitent à l’année dans un mobil-home situé à une dizaine de mètres de la plage des Ayguades. Ils y vivent depuis trois ans ; sans rien regretter de leur maison, de leurs voisins et amis de leur ancienne petite cité ariégeoise. À les entendre, n’en restent dans leur mémoire que de vagues souvenirs qu’enveloppent une sorte de brume.

Yourcenar sur la nativité, Modiano sur l’écriture et la solitude, Buffon à propos du Martin triste etc.

 

Crèche provençale

     

Dans un entretien radiophonique et dans un langage très simple, Marguerite Yourcenar évoque la nativité de l’enfant Jésus et les Rois mages. Avec beaucoup de tact, de respect et d’élégance elle en montre toute la dimension symbolique et esthétique. Une source de sens qui déborde les seuls cadres du christianisme et qui irrigue profondément notre culture, notre tradition :

Narbonne ! Municipales2020 : Moderniser la piscine municipale et son Palais des Arts des Sports et du Travail…

 

 

Il faut bien le reconnaître, le Palais des Arts des Sports et du Travail a toujours fait l’objet d’un rejet esthétique, culturel et politique de la part des élus de droite et de gauche qui se sont succédé à la « mairie », et ce depuis des décennies, pour administrer cette Ville. Or il ne cesse de se dégrader au point d’être aujourd’hui entouré de hautes barrières de sécurité afin d’éviter que des plaques entières de « béton-armé » ne tombent sur la tête de curieux, touristes, promeneurs ou amateurs d’architecture « moderniste ». Monument classé, il ne peut être rasé ; de sorte qu’il me semble temps de se poser enfin la question de savoir qu’en faire, avec son parc, comment et avec qui.

Narbonne ! Journée du patrimoine : la rétrospective de l’oeuvre de Léon Diaz-Ronda au Palais-Musée des Archevêques.

Léon Diaz-Ronda, né à Madrid en 1936, vit et travaille à Narbonne depuis 2013. Peintre nomade, il a éclairé de son talent de nombreuses galeries. Aujourd’hui, c’est dans la prestigieuse salle des Consuls du Palais-Musée des Archevêques que son travail est mis à l’honneur. Une rétrospective qui rassemble une sélection d’oeuvres très différentes entre elles, correspondant aux trois grandes évolutions de sa recherche personnelle et de sa traduction dans son art.

 

Sitôt franchit le seuil de cette splendide salle des Consuls, on est tout de suite saisi, en effet, par des « pièces » où l’influence des grands expressionnistes est singulièrement manifeste. Une période tourmentée de la vie de Léon Diaz-Ronda où, à travers, sa peinture, il tentait, selon son expression, d’exorciser « une partie de ses démons. »

     

Le « carré » suivant, lui, est consacré à la gravure, dont on voit qu’elle prend le pas sur la peinture, jusqu’à ce que les deux se confondent. La couleur disparaît, les formes se géométrisent. Le noir et le gris, sur des supports « métalliques », suggérent  le caractère objectif du cours des choses. Finie l’expression d’une subjectivité en proie aux passions de l’existence…

   

Puis avec l’abandon de la gravure, depuis 20 ans, remplacée par la photographie, cet équilibre enfin trouvé, d’une subtilité telle que le réel désormais figuré dans les images de Léon Diaz-Ronda en absorbe les formes et les tons. Une figuration d’un réel qui s’échappe et s’enfuit jusqu’au bord du cadre. Comme ses personnages aux contours flous, nimbés d’une lumière ocre, cuivrée, qui semblent pris dans les tenailles d’un temps lourd et évanescent. Où vont ces silhouettes sans épaisseur, aux contours flous et sans distinctions ? Que font ces personnages isolés dans des rues sombres et vides, qu’attendent-ils, lourds d’un passé perdu, sous le voile d’une lumière crépusculaire ? Ou d’autres,  assemblés, formant une masse compacte, dont on devine l’extrême et pesante attention ; celle de corps tout entiers usés par les ans et les épreuves de la vie.

   

Dans la plénitude de son art, le silence se fait entendre sous les doigts de Léon Diaz-Ronda. Un silence aux reflets brumeux dans lequel circulent les fantômes du temps. Avec pour horizon le temps de l’origine, sans autre espoir que d’en conjurer la peur…

(Le titre de cette rétrospective ? « ST » : Sans titre, précisément)

Au domaine de La Rochelierre, on cultive aussi un art français de la vie…

     

Le domaine de la Rochelierre est situé au coeur du village de Fitou, entre mer et Corbières. J’y étais mercredi soir, répondant à l’invitation d’un ami. Si je connais son propriétaire : Jean Marie Fabre, j’ignorais précisément où se trouvaient le caveau de dégustation de ses vins et sa terrasse. Un magnifique ensemble architectural  où notre hôte  et sa femme nous ont reçu dans un ensemble parfait associant une gamme exceptionnelle de leurs vins, aux cochonnailles, fromages et glaces de leurs amis Xavier et Céline. Deux guitaristes de talent (Les Fill in Guitar) ajoutaient à la douceur de la nuit un jeu d’une subtilité rare dans ce genre de circonstance. Au loin, basse et « rousse », immense et pleine, la lune, elle aussi généreuse, éclairait un fond de « tableau » sur lequel des trains de nuit traçaient à intervalles irréguliers  de vifs et fuyants éclats lumineux. Comme en offrande à la grand-mère de Jean Marie, décédée quelque heures avant le début de cette soirée. À l’occasion d’une « dispute » sur les réseaux sociaux, je défendais contre les néo-puritains de notre époque, les vertus et les valeurs d’un art français de la vie. Un art de la composition où se  mêlent harmonieusement gastronomie, vins et culture — et patrimoine : celui d’un terroir et d’une famille. Émilie et Jean Marie Fabre ont à l’évidence ce don… Et ce soir là fut un véritable bonheur !

     

Illustrations : @domainedelarochelierre

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