Scène de la vie narbonnaise (et d’ailleurs !): « Ce matin, sur la plage des Ayguades… »

   

Gruissan. Plage des Ayguades

 

« M » et « J » habitent à l’année dans un mobil-home situé à une dizaine de mètres de la plage des Ayguades. Ils y vivent depuis trois ans ; sans rien regretter de leur maison, de leurs voisins et amis de leur ancienne petite cité ariégeoise. À les entendre, n’en restent dans leur mémoire que de vagues souvenirs qu’enveloppent une sorte de brume. Ce matin, le ciel était d’un bleu pâle et parfait ; la lumière d’un bel éclat et d’une vive intensité. Il était 8h30, et, sur leur « devant de porte » nous échangions ces petits riens qui font l’essentiel de notre quotidienne urbanité. Au loin, le Canigou montrait son sommet enneigé ; la mer était silencieuse et la plage déserte. Sur la ligne d’horizon, un voilier semblait à l’arrêt. Le temps était suspendu ; et nos paroles, légères, flottaient dans un espace étendu à l’infini. Un espace et un moment, me disais-je, où les désirs mondains suscités par l’assourdissante machinerie publicitaire  apparaissent  d’une incommensurable vulgarité. Plus tard, alors que je marchais sur cette ligne imaginaire où disparaissent dans un léger bouillonnement d’écume, eau et sable confondus , et que je repensais à ces deux habitants égarés, je lâchais prise moi aussi et me laissais guider par le seule force des sensations les plus diverses ; celles dans lesquelles se déploie un monde où la matière et l’esprit ne forment plus qu’un seul et même paysage… Le Canigou  me paraissait si près, si près…

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