Chronique de Narbonne, et d’ailleurs. L’énigme de l’horloge de l’ancien Palais des Archevêques!

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C’est mardi dernier, à la terrasse du Petit Moka, que Jean Paul Chaluleau m’a annoncé son départ de la rédaction de l’Indépendant. Le nom de celui qui prendra la direction de l’agence de Narbonne m’est connu, mais je n’en dirai pas plus aujourd’hui. Je disais donc que nous buvions un dernier café ensemble, notre conversation tournant autour des derniers articles de « l’Indep » sur le RCNM, les difficultés d’adaptation de la presse écrite aux nouvelles pratiques de leur lectorat, de sa « fatigue », de son besoin « d’aller voir ailleurs », sans savoir précisément où, de son prochain séjour « au soleil », dans les caraïbes, de tout et de rien, quand nous avons été rejoint par Patrick, un ami commun.

La trajectoire de nos échanges pris dès lors de nouvelles directions, jusqu’à se fixer sur la grande horloge de l’hôtel de ville, Patrick nous orientant vers elle pour y constater, ce que nous n’avions jamais remarqué, d’après lui, une anomalie. Après quelques secondes de concentration, je constatais en effet une graphie romaine où le IV avait été remplacé par un IIII inhabituel… Et de nous interroger ensemble sur les raisons de cette curiosité: ignorance ou fantaisie de l’horloger, moules perdus etc… Intrigué, une fois rentré, je vérifiai le cadran de ma montre, elle aussi en graphie romaine, pour y trouver le même IIII,  que je n’avais jamais remarqué jusqu’ici, lui non plus. Ce qui m’incita à aller chercher la clef de cette énigme et découvrir, après une petite et rapide recherche, qu’à l’époque romaine, on pouvait utiliser indifféremment les deux écritures. Ce n’est, en effet, qu’au XVe siècle que la tradition a consacré le IV… sauf sur les cadrans d’horloge (d’où le nom de quatre d’horloger donné à la graphie IIII), afin d’éviter de malheureuses confusions. Le quatre est placé en bas à droite sur une horloge, et comme toutes les lettres sont centrées vers l’intérieur, le IV risquerait de se lire… VI, soit 6 !  Et même si tout le monde sait pertinemment que le six est en bas de l’horloge, des confusions peuvent se produire et le IIII a été préféré. Une deuxième raison est aussi souvent avancée, d’ordre esthétique. L’usage du IIII permettrait à la fois de séparer le cadran en plusieurs zones régulières graphiquement proches (de I à IIII, de V à VIII et de IX à XII) et aussi d’alourdir artificiellement le côté gauche, qui ferait vide sinon face à la profusion de symboles à droite. L’excuse de la symétrie expliquerait aussi pourquoi le neuf est représenté IX et non VIIII (comme cela semblerait logique) : c’est pour mieux balancer le III en face.  Cela dit, l’argument n’est pas universel et le Big Ben, par exemple, a préféré la forme IV. Il est vrai cependant que les Anglais roulent à gauche… Une certitude toutefois: la profondeur sémantique des signes en général est infinie. Il suffit, pour s’en convaincre, de revenir sur un mot, une phrase, un texte; de fixer son attention sur un geste, une allure, une vêture; de bavarder et suivre le regard d’un ami en direction d’une horloge…

Notes:

Reste quand même la première barre du VIII, amputée d’un bon tiers, pour laquelle je n’ai toujours pas d’explication rationnelle, ni symbolique.

Coïncidence, hasard, synchronicité aussi, je suis en train de lire « La septième fonction du langage » de Laurent Binet. Un irrésistible et désopilant thriller. Qu’est-ce que la sémiologie ? s’interroge ici Eco, à propos de son ami sémiologue Roland Barthes écrasé… On rit et on apprend beaucoup, à chaque page!

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Commentaires (5)

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    Polo

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    Bonne Année MMXIIIIII Michel Santo!

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      Michel Santo

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      Merci pour ce trait d’humour! Bonne année à vous aussi…

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    Jean Pierre Eppe

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    Je sais maintenant ce qu’est un quatre d’horloger. Bonne année on cher Michel.

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