Chronique d’une campagne ministérielle dans mon petit coin de France…

Madame Geoffroy, Secrétaire d’État à la politique de la Ville à l’Arche. Narbonne.


La migration des ministres et secrétaires d’État vers les circonscriptions électorales où nichent des députés de la même variété politique a commencé. Que pourraient-ils faire d’autre en cette saison préélectorale ?Demeurer à Paris alors que la foudre va tomber sur ce gouvernement dans le courant du mois de mai ; se ruiner la santé dans de tristes bureaux  à ruminer un sombre passé ; remplir de regrets des cartons de déménagement, les empiler dans d’étroits corridors où s’alignent des offices désertés par leurs conseillers ; attendre des médias, qui n’ont d’yeux, et d’oreilles surtout, que pour les candidats à la présidentielle, une invitation, qui ne viendra pas, à discourir sur l’état du pays… ? Nos ministres s’ennuient ; et souffrent !  Aussi voyagent-ils, comme tout le monde, pour vaincre l’anxiété naturelle d’une vie pas tout à fait ordinaire. Dans ma petite ville, qui ressemble à la France, le premier, de l’Intérieur, s’est posé, ces derniers jours, aux marches d’une gaillarde gendarmerie, pour l’inaugurer ; quand la seconde, de la Ville et de la cohésion sociale, le suivant, s’est installée dans le coeur d’une cité, qualifiée de sensible, pour citoyennement « écouter et discuter ».  Les photos étaient à la hauteur de ces évènements dans la presse locale : avantageuses… et ridicules. L’alignements d’élus pressés comme des harengs en caques autour de Le Roux, devant un ruban tricolore d’une longueur historique, donnait à voir en effet tout le comique de la pose. On y devinait, à la posture de tous ces figurants, ce qu’il avait fallu de coups d’épaules et de mouvements de bassin pour figurer dans le cadre. Le hasard ne faisant pas toujours de « bonnes choses », –symboliquement, en l’occurrence, – après la maison des pandores ministériellement ouverte, c’est à l’Arche, dans un quartier « difficile », que madame Geoffroy s’est invitée – après un premier rendez-vous, à la dernière, minute annulé, sans qu’un représentant de l’État  ait pris un peu de son temps pour en expliquer courtoisement les raisons… Une dame de cette vaillante association résumait bien le sentiment éprouvé par les habitants de Saint-Jean-Saint-Pierre rassemblés devant une ministre assistée de sa cour du moment : « C’est de la démocratie cette rencontre, mais tous les dix ans ! » Une façon, polie, de lui dire que personne n’était dupe des raisons de cette visite. La légende, au bas de la photo espérée par les réalisateurs de cette petite comédie politique locale et publiée dans la gazette narbonnaise, résume bien quel était l’argument de cette dérisoire fiction : « La secrétaire d’État est venue à l’invitation de la députée Marie-Hélène Fabre. » Elle est venue, en effet, comme son collègue de l’Intérieur, pour discourir et flatter le travail de son hôte députée… Le premier ministre est lui aussi annoncé dans les jours qui viennent, après le carnaval de dimanche ; je gage qu’il ne sera pas le dernier. Ainsi vont-ils tous sur les routes de France goûter les dernières joies de ce qu’il leur reste de pouvoir. Et tenter d’en conserver quelque peu pour eux-mêmes et leurs amis de province visités. Mais le coeur n’y est pas ! Ils s’ennuient, comme à Paris, dans leurs tristes  bureaux où siègent désormais des montagnes de cartons destinés au pilon…

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Commentaires (1)

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    Alphonse MARTINEZ

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    Ce ne sont que les prémices d’un enterrement de première classe , une sorte de tournée d’adieu.

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