Deux ou trois mots sur mon « silence » sur le procédé Thor d’Areva-Malvési (Pas seulement !)
Une « baleine rieuse » s’ébat depuis quelques jours dans le flux de mes rares billets estivaux et s’échauffe, car je ne dirai rien des graves menaces que ferait peser l’usine d’Areva sur l’environnement, la santé et la vie des habitants de Narbonne et de ses environs. (C’est tout même étrange cette façon de se cacher derrière un pseudonyme tout en exigeant de son interlocuteur de répondre en personne et à découvert à des questions d’une redoutable complexité. Faut dire que ce genre de comportement est le propre, hélas ! d’une époque où la demande de « transparence » sur nos pratiques, idées, goûts, préférences de tous ordres, engagements, ou pas, politiques et sociaux, notamment, est le fait, surtout sur la « toile », de valeureux anonymes au verbe souvent débridé.) Furieux donc mon cétacé sans identité et sans sexe apparent (de sorte que je ne peux l’accorder en genre) explique mon silence partisan, aveuglé que je serais par une culture professionnelle liée à mes anciennes fonctions au Ministère de l’Industrie, d’une part, et mes «accointances avec le député en place », Alain Perea, dont je serais le chantre, d’autre part. Un réquisitoire sans appel au terme duquel ma liberté de parole resterait à prouver, mon horizon ne dépassant pas les limites « du pont de la SNCF, situé quai d’Alsace… » « Rien de rien au sujet des sous traitants ou riverains en colère ou morts, rien de rien sur les liens étroits entre politiciens narbonnais de tous bords et multinational uranifère… enfin rien de rien sur TDN qui va tous nous enfumer et nous contaminer… », me fait aigrement remarquer ce mammifère virtuel aux sons pourtant envoûtants quand, de chair et de sang, il s’exprime dans son milieu naturel. Insensible et complice de fait, donc, je serai, des cancers, morts… , contaminations de l’air, de la terre, de l’eau ; des ruptures de digues, des torrents de boue radio-active, voire d’une éventuelle explosion nucléaire, etc., bref, l’Apocalypse ! J’exagère à peine tant la prose de ma baleine ( elle n’est pas la seule ! ) joue sur le registre de la peur, de la mort et du désastre environnemental. Alors ! disons les choses comme je les ai ressenties, après que j’eus pris le temps de me débarrasser du nuage toxique de préjugés et de fausses informations diffusées pour alarmer et mobiliser la presse et la foule, et procéder ensuite à l’examen des arguments avancés dans cette affaire par la direction d’Areva et ceux des opposants au procédé Thor projetté afin de traiter les effluents et déchets nitratés de ce site. Je dois toutefois à la vérité de dire, qu’au-delà d’un certain nombre d’aspects techniques largement au-dessus de mon entendement, j’ai « passé la main », ou plutôt ma raison ; tout en constatant, cependant, sur l’essentiel, que rien ne justifiait une campagne de communication aussi effrayante quant aux conséquences de l’investissement contesté sur la santé et la sécurité des populations. Mon silence, dans le feu de la polémique et depuis, n’était en réalité que l’expression, si je puis dire, de la suspension de mon jugement. Le point positif, cependant, dans ce débat, est que le succès (incontestable !) de la mobilisation des « Anti-Thor » a amené le préfet à saisir deux organismes experts pour éclairer les habitants de ce territoire et valider, ou pas, le nouveau procédé de traitement de ses déchets voulu par la direction d’Areva. Leurs conclusions devraient être rapidement connues ; mais, comme toujours, sur ces questions, des parties contestent déjà la neutralité de l’État et celles des experts retenus. Au moins disposerons nous des données les plus fiables, dans un vocabulaire des plus accessibles ( du moins je l’espère !), pour nous prononcer, dans un climat apaisé, en toute clarté ; et sortir enfin de cette forme d’hypocrisie générale dans laquelle fermente partis pris et manipulations idéologiques et politiques … Hypocrisie générale à l’origine de mon silence ! Dans ce cas, comme dans d’autres de nature différente…
(Je pressens que ce texte va m’attirer les foudres de la baleine rieuse et de ses amis (es)…)
Mots-clefs : Anonymat, Areva, Aude, Malvési, Narbonne, Perea, Réseaux sociaux, Thor
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Narbomartius
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Sujet très très sensible que le site de Malvési. Quelle confiance peut-on accorder à Areva quand on sait que le personnel ne connait même pas la nature des produits traités ?
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Michel Santo
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Vous plaisantez non ?
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Frerr
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Excellent article
Je trouve indécent que certains opposants demandent une expertise indépendante dans laquelle ils veulent être présent
En quoi ces organismes sont ils experts si ce n’est en opposition
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baleine_rieuse
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Cher Monsieur SANTO, je vous remercie pour toute l’attention dont j’ai été l’objet dans un de vos billets publié sur votre blog, je n’en demandais pas tant et avec tout le respect que je vous dois, je ne peux rester muet à la lecture de votre article.
Si l’époque d’internet vous permet d’étaler vos opinions en public (ce qui est tout de même une avancée en terme de liberté de parole, vous en conviendrez), vous devez aussi en accepter le principe modérateur, celui que des personnes qui n’ont pas les mêmes opinions que vous puissent s’exprimer, soient elles anonymes ou non, elles vous font déjà l’honneur de vous lire.
La baleine rieuse se présentera à vous en personne quand l’occasion lui en sera donnée, elle n’a pas de soucis, ni de crainte et encore moins d’intérêts chez personne…droite dans ses bottes comme aurait pu dire le maire de Bordeaux en son temps.
Oui, comme vous dites Hélas si bien, l’époque est à la demande de transparence, et cette transparence gêne, elle gêne les personnes qui ont eu comme mauvaise habitude depuis cinquante ans environ de minimiser voir de cacher la véritable activité et identité du site Comurhex Malvesi et de son impact environnemental aux narbonnaises et narbonnais.
Elle gêne les patrons de cette industrie, qui n’ont de cesse d’employer des sous-traitants et qui s’exonèrent de leur responsabilité en matière de prévention et de médecine du travail, c’est tellement plus difficile à l’employé atteint d’un cancer des reins ou de la thyroïde de faire reconnaître ses droits face à un employeur sous-traitant qui a tiré le rideau de sa boutique et a changé de nom.
Elle gêne enfin les pouvoirs publics, ravis de la manne financière que représente un tel industriel dans la région en terme de taxe professionnelle que nous avons rebaptisé CET, et qui maintenant doivent faire face aux questions de citoyens en colère et pour certains gravement malades.
Dans votre article, je note que vous faite un réel déni, comment osez-vous minimiser la rupture de la digue en 2004 qui a répandu 30 000 m3 de boues nitratées certes mais aussi et surtout des boues radioactives, ce mot doit vous faire peur, que vous ne le citez que du bout des lèvres. Combien aurait-il fallu de mètre cubes en plus pour que vous puissiez le considérer comme un torrent ?
A propos, je vous rappelle que cette usine traite du yellow cake, de l’uranium déjà concentré pour le purifier avec une quantité de produits chimiques tous aussi dangereux les uns que les autres, du coup c’est SEVESO 2, ICPE et INB réunis sur un même site ! et pour vous qui êtes ancien fonctionnaire du Ministère de l’industrie, cela semble être quantité négligeable, dont acte !
Pensez-vous que, tel le nuage radioactif de Tchernobyl qui s’est arrêté à la frontière, l’eau contaminée ne s’est pas infiltrée dans la nappe phréatique ? Un rapport de l’IRSN (organisme d’état) de 2008 disponible en ligne retrouve de l’uranium dans des figues, tomates raisins et prunes autour du site, prenez le temps de le lire. (http://bit.ly/2iqJJGW)…et sans compter l’américium qui est un descendant du plutonium.
Comment osez-vous parler de fausses informations diffusées pour faire peur aux populations ? Quelles sont ces fausses informations ? Qui ment dans cette affaire ? Comment osez-vous parler de manipulations quand des citoyens osent poser des questions à une industrie qui a toujours eut le secret en ADN ?
Est-ce que les jugements des tribunaux de 2011 et 2015 pour 20 infractions au code l’environnement de la part d’Areva sont une affabulation ? http://bit.ly/2w3eLYk
Est-ce que la pollution de l’étang de Bages au fluor avec 60000 euros de pénalité pour Areva est un mensonge de ma part ? http://bit.ly/2wE1aJt
Allons soyons sérieux ! Vous le reconnaissez vous-même à demi-mot, vous êtes dépassé par la question « j’ai passé la main », et c’est tout à votre honneur de le reconnaître, mais de grâce, ne faites pas la part belle à ceux qui escamotent d’un silence complice ou d’une vérité travestie la véritable nature de ce qui se joue à Narbonne, certains y ont perdu la vie et ne peuvent plus parler.
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Michel Santo
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Chère Baleine-Rieuse ! Vous l’avez compris, même si vous semblez l’ignorer, ce billet à votre adresse est une forme rhétorique qui m’a permis de m’adresser au plus grand nombre de ceux qui me lisent pour tenter d’exprimer, dans une version la plus ramassée possible, mon point de vue sur certains excès dans la critique des inconditionnels de « l’anti-nucléaire » (du style : « il y aura des cancers etc… ». Je n’insiste pas et ne vais pas reprendre mon texte ici) et mes limites techniques dans la juste appréciation des « dangers », ou pas, invoqués par eux (comme par vous !) concernant le procédé Thor de Malvési. D’où la suspension de mon jugement, en attendant les expertises commandées par le Préfet… Croyez bien aussi que je me fais toujours un devoir quand la critique, même vive, est aussi courtoise que la vôtre, de la publier. Vous avouerez-je aussi qu’il m’arrive souvent de la povoquer… Bien cordialement ! en attendant de vous saluer de vive voix « quand l’occasion se présentera »…
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baleine_rieuse
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Monsieur SANTO,
Soyez assuré que je ne suis pas un anti-nucléaire, juste un habitant du narbonnais qui connait des personnes qui ont contracté des cancers foudroyants (rein, thyroïde, poumon) soit disant en lien avec la radioactivité ou les métaux lourds, alors même que ces personnes n’avaient jamais fumé, bu ou mené une vie à risque.
Pour certaines, elles ont eut le malheur de manger uniquement les fruits et légumes issus de leurs jardinots.
Je m’inquiète pour la santé de mes enfants, de ma femme et la mienne surtout quand on voit ce que l’avenir nous réserve avec TDN et les condamnations passés d’Areva, comment peut on encore leur faire confiance après tous les abus qu’ils ont commis?
Ces lagunes remplies à bloc ne peuvent pas rester en l’état on est d’accord, mais trouvons la meilleure solution (et je ne dis pas la moins pire car on parle de vies humaines), je dis la meilleure, la plus sûre et la moins polluante possible, je vous fais remarquer à titre indicatif que notre région est en état de stress hydrique chronique depuis plusieurs étés et on nous annonce des volumes de 80 000 m3 d’eau pompés dans la nappe pour faire tourner TDN…il y a la dedans quelque chose d’incompréhensible même pour un non expert comme moi.
Bien à vous, cordialement.
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philippe dumont
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Bonjour,
Je suis habitant de l’Aude, comment peut-on écrire sur un sujet aussi grave pour au final rien dire. En fin 2019 vous demenagerez, vous en avez sans doute les moyens, nous pas. L’empoisonnement ne fera pas de bruit au pays de ouioui ou tout le monde est gentil, bien sûr les morts seront à la rubrique nécrologique et les cancers traités dans les hôpitaux. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Merci pour votre non engagement militant, on s’en rappellera.
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