Élise Goldberg au salon du livre du Grand Narbonne.

Di.25.5.204

Moments de vie. Salon du livre du Grand Narbonne (2)

11 heures. Sous le petit chapiteau des « Rencontres littéraires » j’assiste à la présentation du livre d’Élise Goldberg : « Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie » ; livre* publié par la maison d’édition Verdier (Lagrasse : Aude). Élise Goldberg est un petit bout de femme à l’apparence fragile : corps et visage fins, voix douce et sensible. Son regard droit, attentif et franc témoigne cependant d’une grande force de caractère. Aline Béraud, de la Médiathèque du Grand Narbonne, anime avec ferveur cette belle rencontre. Elle a bien lu l’ouvrage de son invitée et ses interventions et relances sont toujours pertinentes. Je passe un très bon moment et rejoint ensuite Élise Golberg au stand de la librairie Libellis. Nous échangeons trois mots ; et achète son livre. Pressé de le lire, je feuillette les premières pages à la table de mon bistrot du dimanche, sur le Cours Mirabeau. Arrivé aux pages 17 et 18, je lis ceci, le sourire aux lèvres :

« Si je connais si bien Columbo, c’est grâce à mon père. Le samedi soir, nous dévorions chaque épisode en faisant un sort à la plaquette mastoc de chocolat Côte d’Or. Mon père avait beaucoup aimé entendre l’acteur raconter comment il s’y prenait pour entretenir la crasse de son imper, toute tache de café, tout gobelet de thé renversé venant parfaire la vérité du costume. S’il me semble avoir décelé que ma mère avait un faible pour les perdants, mon père adorait ceux qui en ont l’air mais cachent bien leur jeu.
Columbo est négligé, mal sapé, conduit une bagnole déglinguée, est parfaitement conscient de tout cela et n’en éprouve pas le début d’un commencement de gêne.
Columbo n’a aucun savoir-vivre. Il allume son cigare dans l’ascenseur. Comme un concombre au sel dans une coupelle de caviar, il fait irruption au beau milieu d’une séance de psy et, loin d’en être contrit, demande s’il peut rester. Oh, il se confond bien en excuses, mais on voit parfaitement que son repentir est simulé. Il se moque d’être intempestif comme de son premier shmatte.
Il ergote, coupe les cheveux en quatre comme seul sait le faire un Ashkénaze, héritier d’années de pilpoul, ces discussions infinies sur telle nuance infime de tel point de détail du Talmud. Pourquoi le sang se trouve-t-il sur la partie supérieure du revolver et non en dessous? Pourquoi le contenu du cendrier pèse-t-il deux fois moins que la totalité de la cendre d’une cigarette normale alors que la cigarette de la scène du crime s’est entièrement consumée et n’a pu être allumée que sur place? Comment peut-on se suicider juste après avoir raconté une blague juive?
Columbo ne sait pas faire marcher un fax. Le meurtrier doit lui expliquer comment fonctionne le stylo quil lui tend. Bref, c’est un shlèmil. Columbo, c’est un pouilleux. Un shleppèr, un shorrèr : un pauvre hère. II ne craint pas de fouiller dans les poubelles – prêt à récupérer le reste de fromage sur la table où git la victime.
N’allez pas croire que Columbo soit issu de l’immigration italienne. Columbo, c’est un vrai Juif ashkénaze et je jurerais qu’en réalité, son plat préféré n’est pas le chili con carne, mais le gefilte. »

*Format broché 18€ ; Ebook Kindle 15,99€ lien (ici)

Mots-clefs : , , , ,

Rétrolien depuis votre site.

Commentaires (1)

  • Avatar

    vanardois

    |

    Oh c’est alléchant! je viens de le trouver dans ma médiathèque! la chance.. .
    Merci de nous donner envie !

    Reply

Laisser un commentaire

Articles récents