« Et au milieu coule une rivière. »

« Et au milieu coule une rivière. » Hier soir sur Arte. Une voix off, grave, douce, mélancolique. Celle du fils aîné. Elle rythme le récit comme l’eau qui passe. L’histoire est simple. Deux frères. Un père pasteur. Le Montana des années vingt. La pêche à la mouche. Et derrière tout cela, la vie qui file.
La rivière est le cœur de l’histoire. Elle enseigne la beauté. Le père l’a compris. Sa rigueur trouve là un langage. Chaque lancer de ligne doit être juste. Précis. Beau. Pas pour attraper le poisson. Pour toucher à quelque chose de plus haut. La perfection d’un geste. Comme une prière.
Brad Pitt, flamboyant, incarne le frère rebelle. Insouciant, trop libre, voué à se perdre. Son frère, plus sage, observe, retient. Mais tous deux, au bord de l’eau, se rejoignent. Parce que la rivière ne ment pas. Elle prend tout, elle rend tout. Elle est l’école de la vie.
La beauté du film tient dans ces scènes de pêche. Le fil qui danse dans la lumière. Le geste ample, répété, jusqu’à devenir naturel. C’est plus qu’un sport. C’est une métaphore. Vivre comme on lance une mouche : avec justesse, avec grâce, en accord avec le courant.
Redford filme cela avec tendresse. Il sait que tout passe. Les rivières, les vies, les amours. Mais reste une mémoire : celle du geste parfait. Hier soir, je l’ai vu. Dans la beauté du Montana. Dans le bras tendu d’un pêcheur. Dans cette voix qui nous dit que l’essentiel n’est pas d’attraper la truite. Mais de savoir comment on la prend.
Mots-clefs : Et au milieu coule une rivière, Norman MacLean, Robert Redford




