Hollande et Valls signent, ce 5 juillet, avec ce 49.3, une victoire stratégique de la « deuxième gauche »…

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Le 9 mars j’écrivais ceci: « Cette gauche de la gauche (syndicale et politique) ne peut plus masquer, en effet, sa véritable ambition qui est tout simplement de « faire la peau » du couple Hollande-Valls. Elle fait le pari de la non-représentation du président de la République à la prochaine présidentielle ou, si son intention était de se représenter, de tout faire pour l’en dissuader. C’est un pari sur une défaite de toute façon programmée, en 2017, et sur une recomposition de la gauche autour des idées de ceux qui sont à la pointe de la critique politique et sociale de l’actuel gouvernement. Dans ce contexte Hollande et Valls n’ont donc pas d’autre choix que de négocier le contenu de cette loi avec les syndicats « réformistes », la faire passer et gagner la bataille interne au sein du PS sur «leur ligne politique», l’abandonner (ce projet de loi) serait en effet suicidaire… Question: que restera-t-il de ce projet au terme de cette confrontation? Ainsi, se dessine en creux ce que pourrait être le champ politique des mois et des présidentielles à venir. À droite, des candidats aux primaires dont les programmes tournent autour d’une profonde réforme de l’Etat et d’une forte dose de libéralisme économique et social; à l’extrême-droite, le repli identitaire : sortie de l’euro, fin de l’espace Schengen… et à gauche, si ses adversaires, dans son propre camp, ne l’abattaient pas avant, le président sortant offrant une synthèse social-libérale… Dans le cas contraire, la gauche en général ne serait plus qu’un champ de ruines… »

Ce 5 juillet, Valls annonce le recours au 49.3 et met ainsi fin à une séquence politique clef du quinquennat de François Hollande qui voit la défaite en rase campagne de son opposition interne à la gauche syndicalo-politique en général. Et ce au terme de mouvements sociaux conduits par la CGT, FO et l’UNEF qui n’ont jamais réellement pris: les blocages classiques des ports, des raffineries, de la presse… les manifestations à répétition, et les violences de l’extrême gauche, ne pouvaient masquer en effet de profondes divisions au sein du monde syndical, et un rapport des forces au fil du temps de plus en plus défavorable aux opposants à cette loi travail. (1) Une victoire politique de Hollande-Valls donc qui n’est pas que tactique, contrairement à ce que l’on pourrait spontanément penser. Elle était, en effet, la condition nécessaire, et elle l’est toujours, dans l’hypothèse d’une victoire de Hollande à la présidentielle, pour poursuivre la même trajectoire politique, avec les mêmes options, économique et sociale. Elle l’est aussi pour engager, en cas de défaite, une profonde rénovation philosophique et programmatique du PS. Comme si l’histoire avait voulu réunir ces deux évènements, Michel Rocard (2) est mort samedi 2 juillet, au moment même où, trois jours après, la « deuxième gauche » vient de remporter une victoire décisive. Le 49.3 en étant paradoxalement le symbole…


(1) Nuit Debout s’étant proprement dissous dans l’espace et le temps, comme prévu, malgré une intense promotion des médias…

(2) Au nom du dialogue social dans l’entreprise, il défendait la loi El Khomri. Comme Laurent Berger, le « patron » de  la CFDT…

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