Il n’y a qu’à attendre pour que tout s’éclaire…

Ve. 30.8.2024

Le fanal bleu.

Le « fanal bleu » est la lampe que les voisins de Colette voyaient à sa fenêtre jour et nuit ; ainsi l’ont-ils baptisée et Colette l’a repris pour en faire un titre. Le fanal est ce qui montre le chemin dans l’obscurité, la boussole dans le temps.

« Que nos précieux sens s’émoussent par l’effet de l’âge, il ne faut pas nous en effrayer plus que de raison.

J’écris « nous » mais c’est moi que je prêche. Je voudrais surtout qu’un état nouveau, lentement acquis, ne m’abusât point sur sa nature. Il porte un nom, il me forme à une vigilance, une incertitude et des acceptations nouvelles. Ce n’est pas que je m’en réjouisse, mais je n’ai pas le choix.

Une fois, deux fois, trois fois, me détournant du livre ou du papier bleuté vers le préau magnifique dont la vue m’est consentie, j’ai pensé : « Les enfants du Jardin cette année sont moins criards », peu après j’accusais d’extinction progressive la sonnette de l’entrée, celle du téléphone, et tous les timbres orchestraux de la radio. Quant à la lampe de porcelaine, – pas le fanal bleu de jour et de nuit, non, la jolie lampe peinte de bouquets et d’ornements — je n’eus pour elle que grommellement et injustice: « Qu’est-ce qu’elle a pu manger, celle-là, pour être si lourde ? » O découvertes, et toujours découvertes ! Il n’y a qu’à attendre pour que tout s’éclaire. Au lieu d’aborder des îles, je vogue donc vers ce large où ne parvient que le bruit solitaire du cœur, pareil à celui du ressac ? Rien ne dépérit, c’est moi qui m’éloigne, rassurons-nous. Le large, mais non le désert. Découvrir qu’il n’y a pas de désert : c’est assez pour que je triomphe de ce qui m’assiège. »

Pages 7 et 8 de l’édition en illustration.

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