Installé sur un banc public, Joseph regardait une troupe de jeunes collégiens.

   

Les garçons, debout, étaient plus nombreux que les filles, assises sur le large muret séparant la promenade des Barques des berges du canal. Tout ce petit monde parlait haut et fort ; riait. Il était 16h 30. L’heure du goûter. Certains mangeaient des casses-croûtes, d’autres des viennoiseries. Des canettes de soda et des bouteilles d’eau circulaient de la main à la main. C’était hier. Devant sa cafetière, il est 5h 30 du matin, Joseph revoit ces images avec beaucoup plus de précision. Serait-ce l’effet du gargouillis et de l’odeur caféinée s’échappant de la cafetière ? Il n’en sait rien. Toujours est-il qu’entrent en scène à présent une compagnie de pigeons. Ils bataillent à coups d’ailes et de pattes ; envahissent l’espace jusqu’aux pieds des potaches. Ils veulent leur part de ce pique nique urbain. Une voix se fait entendre « Ce n’est pas les restos du coeur, ici ». Rien n’y fait : cris, battements de mains… au contraire attirent d’autres oiseaux. La peur s’installe dans la petite bande d’adolescents. Un , deux, trois la quittent en courant. Le reste s’éparpillle laissant toute la place aux volatiles, qu’ils couvrent d’une seule masse indistincte : grise, grouillante. Joseph avale sa première tasse de café. Les images se précisent encore. Et là, sur sa droite, à l’écart, dans un autre espace-temps, apparaît nettement un couple de ramier : ils dansent et se bécoquent, langoureusement…

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