J’ai le désagréable sentiment de vivre dans un monde parallèle.

Me.10.72024

Depuis dimanche soir et ce matin encore, j’ai le désagréable sentiment de vivre dans un monde parallèle. Non pas le monde naturel et du vivant, ni celui du quotidien et de la vie sociale, mais la représentation qu’en donne cet ensemble formé par la politique et l’industrie des médias. Et même si je n’y vais que pour me tenir informé du strict nécessaire des initiatives et des propositions de ceux qui aspirent à nous gouverner, j’en sors stupéfait par le profond décalage constaté entre les propos, la joie et les exigences de la coalition des gauches et la réalité des faits et des rapports des forces du moment. Ainsi, pour ses leaders, la très courte majorité relative en sièges obtenus serait la victoire du peuple alors qu’elle ne représente que 25,8% des voix exprimées, le RN 32,05%, la majorité présidentielle 23,14% et LR 5,41%. Elle serait aussi, à les entendre, l’expression de ce même peuple qui n’aurait voté que sur son programme quand le seul mode d’ordre du deuxième tour était de faire barrage au RN. De sorte que le programme validé par les électeurs ne peut-être, objectivement, que celui de l’arc républicain de fait constitué à cette occasion. Plus stupéfiant encore, dans mon département de l’Aude cette coalition s’est faite laminer dans les trois circonscriptions par l’extrême droite et j’ai quand même pu voir, dimanche soir, sur des vidéos largement diffusées, ses candidats malheureux crier de joie et chanter des lendemains forcément heureux dans le pays tout entier. Pendant ce temps, la vie, elle, s’écoule dans sa tranquille nonchalance estivale et les soucis et les joies d’un quotidien désenchanté. Deux mondes sur deux trajectoires qui semblent s’éloigner l’une de l’autre. La peur seule, encore, les rapproche le temps d’une courte séquence électorale.

HIer soir, au théâtre nature de Narbonne-Plage, j’ai assisté au concert de Stephan Eicher. Il était 21 heures 30. Il faisait beau et les gradins bondés étaient heureux. Aux premières mesures et paroles de « Déjeuner en paix », une salve d’applaudissements a éclaté :

J’abandonne sur une chaise le journal du matin

Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent

J’attends qu’elle se réveille et qu’elle se lève enfin

Je souffle sur les braises pour qu’elles prennent

Cette fois je ne lui annoncerai pas

La dernière hécatombe

Je garderai pour moi ce que m’inspire le monde

Elle m’a dit qu’elle voulait si je le permettais

Déjeuner en paix, déjeuner en paix

Je vais à la fenêtre et le ciel ce matin

N’est ni rose ni honnête pour la peine

Est-ce que tout va si mal ? Est-ce que rien ne va bien ?

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Commentaires (2)

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    Hertoux

    |

    Bravo!

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    Joan

    |

    Je trouve votre analyse objective et sensible .
    ….
    Le « Monopole » de la presse écrite régionale, pour le peu que j’en ai lu, nous donne et c’est dommage , une « autre vision » des faits que la votre .
    Je me demande bien pourquoi . ……… ?

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