Jules Renard et Sempé : Deux artistes de l’infime.

Ve 25 .07.2025

Il y a chez Renard une phrase :

« Le papillon : une fleur qui vole de fleur en fleur. »

On lit ça. On s’arrête. On relève les yeux. Le monde est un peu plus léger.

On pense à Sempé.

Même goût des silences.
Même tendresse pour les petits.
Même art de ne pas faire de bruit quand on dit quelque chose d’important.

Renard notait dans un carnet. Sempé traçait un trait.
L’un voyait des coqs vaniteux, des feuilles mortes qui ressemblaient à des papillotes.
L’autre dessinait des musiciens solitaires, des enfants rêveurs, des vieillards qui marchent dans les feuilles.

L’un comme l’autre mettaient de la lumière dans la solitude, du silence dans le bruit, de la tendresse dans le ridicule.

Tous deux, a près d’un siècle d’écart, regardaient le monde comme on regarde un enfant qui dort. Amusé, mélancolique, toujours empreint de discrétion et de finesse.

On dit que Renard était sec. Et que Sempé dessinait léger.
Mais dans ce dépouillement, il y a de la pudeur. Une émotion tenue. Une dignité.

Regardez ce dessin : un homme seul, dans une allée d’arbres jaunes.
Sous la phrase de Renard :

« L’automne est le printemps de l’hiver. »

C’est peut-être cela, leur secret à tous les deux.
Faire d’un soupir une saison entière.
Et d’un détail, un monde.

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