Le Front Républicain est mort ! Vive le retour du, et de la politique !
Je commence à en avoir assez de cette sorte d’intimidation qui consiste à me reprocher de prendre parti dimanche pour Emmanuel Macron, tout en me déniant le droit, après son élection, de critiquer sa personne ou la mise en oeuvre de son projet présidentiel – si tant est qu’il en ait les moyens politiques : une majorité absolue à l’Assemblée (loin, très loin d’être acquise…). Alors disons les choses encore plus nettement, même si je donne l’impression de me répéter à ceux qui me lisent avec attention. Mon vote, sans états d’âme, en faveur du candidat d’En Marche, n’implique en aucune manière mon adhésion à un « Front républicain » borné par d’ondulantes frontières « morales ». Et ce pour deux raisons. Une raison de fait, évidente, d’abord : ce « front » n’a jamais empêché la progression du vote FN depuis son apparition et son usage dans le champ politique. Pour une raison plus politique ensuite : ce « barrage républicain » est en réalité un thème moralisateur, infra-politique, qui trahit une difficulté ou une peur d’affronter l’adversaire sur le terrain politique. On le voit encore dans la conjoncture présente, où le front républicain invoqué tend à se confondre avec une « gauche morale », une gauche depuis longtemps incapable de s’unir sur un projet politique et qui utilise de vagues considérations « droit-de-l’hommiste » pour disqualifier ses adversaires quand elle n’a rien à proposer. Des adversaires de la droite républicaine, surtout, inhibés par des procès quotidiens en illégitimité morale et intellectuelle. Avec le déboulé, et la victoire probable, d’E.Macron dans une offre politique « républicaine » encalminée, incapable de se renouveler dans ses idées, ses moeurs et ses pratiques (ses hommes aussi!), un nouveau cycle s’ouvre. De nouvelles frontières partisanes et idéologiques devraient s’établir en effet qui rendent plus claires les lignes de clivages traversant l’opinion et ses différentes formes de représentation. Les scores de Macron, de Le Pen, Fillon, Mélenchon et… Hamon en donnent déjà un aperçu. Autour d’un axe central représenté par Macron, la question qui devrait être tranchée aux législatives, sera non seulement celle de la capitalisation et de la consolidation du mouvement En Marche en parti de gouvernement, mais aussi celle de l’hégémonie à Droite (LR/FN) et à Gauche (FI/PS). Un « champ de bataille » capital où va se jouer l’avenir des deux partis de gouvernements. On peut donc s’attendre à un retour du « politique » qui ouvre enfin la parole sur les problèmes sociaux et culturels réels qui fracturent l’opinion et à la fin des interdits « moraux » qui empêchaient jusqu’ici leur expression autrement que sur un mode anti-système aux extrêmes de l’échiquier politique. Le Front Républicain est mort, vive le retour du, et de la politique !
Rétrolien depuis votre site.
Polo
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Merci ,Michel Santo, du courage de vos mots :
La fin de la »peur d’affronter l’adversaire sur le terrain politique » amènera » le retour du « politique » qui ouvre enfin la parole sur les problèmes sociaux et culturels réels «
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pierre-henri thoreux
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J’aimerais croire comme vous dans le retour de la politique (avec un grand P), et ce dans un contexte assaini des promesses démagogiques et des vieilles lunes idéologiques.
Hélas rien n’est moins sûr.
Pour l’heure, nous avons en lice un candidat soutenu par tout le monde ou presque, qui n’incarne rien de précis (qui sera élu selon toute probabilité malgré un programme vague et lénifiant, et suivi par une majorité molle comme un soufflet tout chaud, pour faire face à l’effondrement des partis traditionnels et la radicalisation des extrêmes).
De l’autre côté, sa rivale que presque tout le monde rejette violemment comme s’il s’agissait du diable, ne représente de facto pas grand chose (programme irréaliste, aucun espoir d’être élue, et probable représentation de misère à l’Assemblée malgré un bon quart de l’électorat derrière elle).
Bref, un joli merdier en perspective si vous voulez bien me passer l’expression.
C’est pourquoi, pour la première fois de ma vie, je me désintéresse totalement de ce scrutin dont j’attends sans aucune illusion le résultat, mais avec une immense inquiétude, quoiqu’il advienne. C’est peut-être en somme la meilleure façon de ne pas être déçu…
Bien à vous.
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villellas
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la France est partagéee en 3 tendances (extrême droite, EM avec du méli-mélo, et les absentionnistes /votes blancs) et personne n y aura son compte dans 5 ans nous en serons au même point où alors EM est vraiment un Super Héros : j ai peur de la violence et de la pauvreté accrue !!!! avec des institutions trés « flageolantes » Pauvre France !!!!
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