Lecture : « Le Roman de Jim » de Pierric Bailly.

Je.22.8.2024

Livres. « Le Roman de Jim ». Pierric Bailly

Pourquoi ai-je choisi de télécharger sur ma Kindle cet extrait de ce roman-là ? Je ne m’en souviens plus. Un geste anodin, un hasard de « clic ». Un nom inconnu, Pierric Bailly, un titre qui ne me disait rien. Et pourtant, dès les premières lignes, je fus happé. Un garçon, Aymeric, une existence précaire, un amour inattendu. Un homme ordinaire, ballotté par les flots de la vie, qui se retrouve confronté à une question aussi ancienne que l’humanité : qu’est-ce que la famille ? Qu’est-ce que l’amour ?

Le récit avance, lent et implacable, comme le temps qui passe. Les personnages prennent vie sous nos yeux, dans leur nudité et leur complexité. Il y a Florence, l’aînée, blessée par la vie, qui porte en elle la maternité et la solitude. Il y a Jim, l’enfant, fruit d’un amour impossible, qui grandit à l’ombre de deux pères. Et puis, il y a ce retour, ce face-à-face avec le passé, qui vient bouleverser un équilibre fragile. Bailly écrit dans un style simple et d’une grande puissance narrative. Pas de fioritures, pas de descriptions inutiles. Juste des mots, des phrases, qui creusent lentement, inexorablement, jusqu’aux tréfonds de l’âme.

Ce livre, c’est un peu comme un caillou que l’on aurait trouvé sur une plage. Un objet insignifiant mais qui, lorsqu’on le tient dans sa main, révèle une beauté intérieure, une formidable histoire à raconter.

Extraits :

« J’avais sa voix dans la tête en permanence, j’avais surtout le sentiment, presque la sensation physique du lien établi avec elle. Je sentais sa présence, même quand on n’était pas ensemble il restait quelque chose de son attitude, elle me transmettait quelque chose d’elle, elle me contaminait par son discours et par son assurance, elle m’élevait. J’avais l’impression d’un saut dans le temps, d’un grand pas en avant. Je me sentais différent des autres types de mon âge. J’avais l’impression que la différence d’âge se réduisait. »

« Jim avait beau ne pas être mon fils de sang, je lui avais forcément transmis des attitudes, des traits de caractère, le genre de choses qu’on donne sans s’en rendre compte et sans le vouloir, et puis qu’on finit par avoir du mal à tolérer chez eux, c’est ça le pire. Il y a toujours un moment où on leur en veut d’être ces miroirs miniatures sur pattes. Mais on leur en veut aussi de ne pas nous ressembler totalement, de ne pas être des clones parfaits, d’avoir en plus de ça leur putain de personnalité à eux. »

« Prolétaire, je n’avais jamais employé ce mot. Je ne l’avais jamais entendu dans la bouche d’aucun de mes collègues de boulot. C’est le genre de mot qui ne peut être utilisé que par celui qui n’en est pas. C’est le genre de qualificatif qui découle forcément d’un point de vue extérieur. Parce qu’on se qualifie rarement comme il faut. On ne sait jamais dans quelle division on évolue. Et puis tout simplement, on ne se qualifie pas soi-même. »

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