L’esprit de destruction (À propos du plafonnement des allocations familiales) de Maxime Tandonnet.
De quoi débattre! À tout le moins matière à réflexion:
« Le plafonnement des allocations familiales dont le principe a été retenu par le pouvoir socialiste n’est pas une décision anodine. Elle doit s’interpréter à plusieurs niveaux. En surface, pénalisant les 12% de familles « les plus aisées », comme disent les socialistes, elle va dans le sens de l’égalité, voire de l’égalitarisme, elle est donc conforme à la fois à leur philosophie et, en apparence, à l’attente de l’opinion qui approuve, semble-t-il, d’après les sondages, à 80%.
Cette mesure répond au mot d’ordre classique popularisé dans les années 1970 par le parti communiste « faire payer les riches ». Certes, les cibles ne sont pas les détenteurs de comptes cachés et des résidences à l’étranger, mais peu importe… Il faut bien cogner quelque part, donc sur ceux qu’on a sous la main: plus de 6000 euros par famille et peu importe que ces 6000 euros proviennent d’un travail acharné, nuit et jour, samedi et dimanche. Tu seras pénalisé quand même, sur tes allocations familiales. Les socialistes ne se posent pas ce genre de question. Mais sur le fond, le choix accompli va dans le sens de la destruction. Il marque la fin d’un consensus national concernant la sanctuarisation d’une politique familiale indépendante de la politique sociale, qui fut l’un des atouts de notre pays depuis 1945. Il ouvre une brèche, un précédent: demain, tôt ou tard, le plafond de revenu sera inévitablement abaissé pour accomplir de nouvelles économies. Il sape donc l’un des éléments fondateur du pacte national depuis la Libération. Encore plus grave peut-être – à mes yeux – il achève de décrédibiliser la parole politique, voire même la notion de parole. Dans sa campagne électorale de 2012, le chef de l’Etat s’était clairement engagé à le pas soumettre les allocations familiales « à conditions de ressources ». Des promesses ou engagements non tenus en raison du principe de réalité, cela arrive parfois à la suite d’une élection. En revanche, un choix politique actif, déterminé, volontaire, à l’encontre d’une promesse solennelle de ne jamais l’accomplir, il me semble bien (sauf erreur) que c’est la première fois dans l’histoire de la République que cela se produit… A quoi bon voter si la politique suivie est à l’inverse du programme sur lequel le bulletin de vote s’est porté? Nous venons donc de franchir une étape supplémentaire dans le démantèlement de la politique et de la démocratie française. Ce choix est malheureux, il est de ceux qui portent malheur. »
Maxime TANDONNET Via L’esprit de destruction | Maxime Tandonnet – Mon blog personnel.Mots-clefs : Allocations familiales, Plafonnement, Tandonnet
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Ingrid
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Bonjour Michel,
Je ne pense pas MALGRÉ cette fausse démonstration – dont on cherche désespérément d’ailleurs, les argumements- que « l’universalité » soit touchée, si l’on ponctionne de 70€/mois ceux dont les revenus mensuels dépassent 6000€. Et écrire cela n’est pas superficiel…
Dans un contexte de disette et de crise majeure, il faut avoir un discours décent :
70€ / + de 6000€ représentent une peccadille.
Par contre 70€ pour bon nombre de revenus plafonnant à 1000€, car correspondant à des temps partiels imposés, là, ça représente une somme dont on ne peut se passer.
Il faudra voir -comme me dit un copain du PG….- si cela représente effectivement « le début du détricotage » de ce qui a été établi en 45.
Pour l’instant, ça n’est qu’une mesurette.
Et tout passe par les Assemblées. Notre Pays a de sérieux garde-fous. A l’UMP comme à gauche, beaucoup ne voudront pas aller au-delà.
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Michel Santo
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L’universalité dont il est question est un principe simple . En la matière, il s’agit d’une allocation que la Nation attribue à chaque enfant indépendamment d’autres considérations sociales particulières à chaque famille. Voilà pour le principe établit au lendemain de la guerre, qui fait consensus de la droite à la gauche, communistes compris. Où plutôt faisait. Un principe qui aurait pu être sauvegardé si cette allocation avait été fiscalisée. Il revient à l’impôt en effet de corriger les inégalités de revenu … Ainsi, pour répondre à Ingrid, oui ce principe a été effectivement mis à bas, et oui, rien ne garantit qu’avec toujours les mêmes arguments « faire payer les riches » on ne continue à raboter toujours plus … J’ajoute, que avons là aussi de quoi nous interroger sur ce qui devrait être prioritaire dans la situation de crise majeure, comme vous dites. La réduction des déficits publics et sociaux passe -t- elle par l’augmentation des prélèvements obligatoires de toute nature et la mise en cause d’une politique familiale qui a montré son efficacité ou la diminution de la dépense publique et sociale par de profondes réformes de structure ? Force est de constater que, jusqu’à aujourd’hui, c’est la première voie qui a été choisie. On en connait l’efficacité et les résultats… croissance en panne, chômage etc… Alors pour faire diversion, on sort cette mesurette, comme vous dites, qui flatte le plus grand nombre, mais qui rapporte peu. Pour élargir mon propos et changer d’échelle, si je puis dire, et revenir à la fiscalisation des allocations familiales, j’ajoute que serais assez favorable aussi à la fiscalisation de tous les revenus de transfers …
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Ingrid
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Fort juste, la fiscalisation est meilleure.
Et comme me l’a suggéré un « ami facebookien », via la CSG, ce qui serait encore le mieux.
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chareyron
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merci Ingrid pour ce commentaire auquel j’adhère totalement. Soyons réalistes il est temps que la politique familiale et la politique sociale soient interdépendantes. Je suggère la lecture de l’article intitulé « Pierre S, sa femme, ses enfants, ses 10 000 €, ses allocs et la décence » que vous trouverez dans le blog « Its good to be back ».
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Michel Santo
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Bonsoir Monsieur! Je me permets de vous renvoyer à ma réponse au commentaire d’Ingrid …
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GARCIA Frederic
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Et bien, que dire à la lecture de ces quelques décisions qui me semblent une fois de plus exacerber une forme d’indivision, ou chacun jalouse son voisin sans même se demander si notre union, jadis existante et capable de nombre de choses, n’a pas été abandonnée depuis longtemps… Bref, je ne me pose pas de questions sur ces travailleurs, bien payés ou pas, ont droit à certaines allocations, car ce calcul ne devrait pas exister quand on veut avoir un enfant, loin de là. Notre état a besoin d’argent, ce qui est sûr, mais avant de commencer à trouver de la monnaie dans nos allocations, devrait déjà balayer devant sa porte avec ses dépenses éhontés et cette flopée de dirigeants qui abusent de salaires cumulés (sans parler des amis placés, des enveloppes, des logements, des conducteurs, etc…) pour y faire de vraies économies. Travaillant et aimant depuis longtemps notre espace de liberté qu’est internet, je ne vois que trop souvent des articles comme ceux de « Pierre S, sa femme, ses enfants, ses 10 000 €, … » pour n’y voir qu’une façon supplémentaire de déplacer les débats sur des choses infondées. Personnellement, je pense que les vrais problèmes de fond sont oubliés depuis longtemps, cachés sous des vernis d’information choc qui ne sont que des écrans de fumée pour nous conserver avec une forme de colère envers nos voisins et compatriotes, et participent à une levée de boucliers qui se trompe de cible. Nos dirigeants politiques jouent à des jeux de plus en plus dangereux, en faisant grandir l’ire populaire, qui les sanctionnera lors de prochaines élections, bien que je n’approuve nullement les issues qui se dessinent de plus en plus, qui se discutent de plus en plus dans mes cercles d’amis…. Bref, nous sommes un peuple qui a fait de grandes choses dans le passé, à quand la même chose dans l’avenir ?
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Michel Santo
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Je partage votre irritation pour ne pas dire plus Frédéric!
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phthoreux
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Le problème avec la modulation des allocs, c’est qu’en définitive, plus vous payez, moins vous touchez… un peu paradoxal quand même ! Quant à les fiscaliser, ça revient à payer des impôts sur des allocs qu’on vous attribue grâce aux impôts que vous avez payés… un truc de fou ! Le plus simple ne serait-il pas d’alléger la pression fiscale et de supprimer les allocs versées à l’aveugle, soi-disant pour encourager la natalité, ce qui est une supercherie sociale ?
Trop simple sans doute…
Bien amicalement.
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Michel Santo
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Bien sur que « l’idéal », dans une économie , une société plutôt, purement libérale serait d’alléger l’ensemble des prélèvements, des supprimer conséquemment les revenus de transferts, et de ne soutenir que l’aide à la prise d’assurances sociales … Dans ma réponse, à propos de la fiscalisation, je faisais observer que c’était la seule manière, indépendamment de la question de fond de l’utilité ou pas de ces allocs, de concilier universalité et redistribution sociale… Amicalement Pierre-henry
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