Lettre à Sylvie.

Me.15.11.2023

Sylvie !

C’était lundi. Le ciel était bleu pâle et la mer à peine bougeait. À l’abri d’un faible vent du Nord, je taillais la haie qui sépare nos deux petits homes d’été. Le soleil était franc et chaud. Autour de nous régnait un grand silence. Je pensais à vous et à votre fils Robin. Il est mort le jour de son anniversaire, m’avez-vous écrit en fin de semaine dernière. Il avait 30 ans et vivait en Nouvelle-Zélande. Trente ans ! l’âge de notre petit-fils Florian. Ce qui, sans doute, explique l’émotion qui fut la nôtre en apprenant la fin tragique de Robin. Trente ans n’est pas un âge pour mourir ! Je vois sur la photo que vous nous avez transmise un beau jeune homme souriant. Son visage est aimable et son regard sensible. Il devait être beaucoup aimé de vous, de ses proches et de ses amis. Vous me dîtes aussi qu’il aimait la pêche et cuisiner ; et qu’il pratiquait le surf. Nous ne le connaissions pas, mais je l’imagine enfant jouer sur cette plage des Ayguades, un peu à l’écart du tourisme de masse, que nous aimons tant. Robin voyageait beaucoup, me dîtes-vous encore. Peut-être cherchait-il le « pays » de son enfance dans un ailleurs de mer, de soleil, d’insouciance ; d’amour et d’amitiés. Et c’est en Nouvelle-Zélande qu’il posera finalement son bagage. Le plus beau pays du monde, affirmait-il. Il y était libre et heureux. Cela seul compte Sylvie. C’est la dernière image que vous garderez de lui. Gardez-la donc précieusement. Je n’ai dans mon pouvoir que celui de vous adresser ces quelques mots. Rien d’autre. Et pourtant, que serions-nous sans eux ? Ils sont les gardiens de nos souvenirs. Ils nous aident à vivre, aussi. Car il faut bien continuer à vivre, Sylvie. Que je vous dise encore que le mûrier de ma cabane attend d’être taillé. Au printemps, il nous couvrira de son ombre bienveillante…

Michel.

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