L’imposture des « discours du peuple » et de l’indignation morale…
Macron use souvent dans ses discours ou ses interventions sur divers plateaux médiatiques de l’expression « en même temps… ». Formule qui lui est souvent reprochée, sur le ton de la dérision ou de la critique. Elle serait pour ses détracteurs la marque d’une pensée hésitante, molle, qui ne reposerait sur aucun principe. Comme si rappeler qu’une réalité historico-économique, sociale, culturelle ou politique ne se résumait pas à une proposition simple, univoque, dans sa définition, son contenu, comme dans les moyens de sa transformation, était un défaut de méthode intellectuelle. Je pense, à l’inverse, que cette façon nouvelle de « parler politique » n’est ni de circonstance ni l’expression d’un caractère ou d’une sensibilité singulière. Certes elle est en prendre en compte, mais elle me semble plutôt être la « forme» correspondant le mieux à un projet politique qui casse les faux clivages idéologiques et politiques des gauches et droites de gouvernements, notamment. Adopter un langage de « lutte des classes » quand les LR, le Ps et leurs alliés partagent les mêmes référents sur l’économie de marché, plus ou moins régulée, l’Europe, plus ou moins intégrée, l’Etat providence, plus ou moins généreux, ne peut donner à leurs électeurs respectifs mobilisés sur la « haine » de la finance, des patrons ou des banquiers… ou celle des fonctionnaires, des étrangers ou « des assistés »…, une fois au pouvoir, qu’un sentiment de vague mais profonde « trahison ». En outre son OPA réussie sur les franges libérales de gauche et de droite, contraint Emmanuel Macon, de fait, pour ne pas s’aliéner ces électeurs venus du centre droit et du centre gauche, de ne pas leur laisser penser, ou croire, que l’axe de sa campagne et de son projet présidentiel serait à Gauche ou à Droite. De ce fait, ce positionnement politique et rhétorique, parfaitement cohérent, souffre cependant, objectivement, d’un « défaut de verticalité ». Une critique souvent mise en avant, en réalité, par ceux qui refusent et condamnent cette nouvelle offre politique proposée par En Marche ; et qui ne cessent de vouloir la tordre pour la faire pencher dans leur propre camp idéologique et politique. De ce point de vue, les appels d’artistes, de « comiques », et de personnalités intellectuelles diverses sont ce qu’il convient de ne plus faire et dire dans le champ politique. Si l’indignation morale et l’invocation du fascisme fonctionnaient pour faire barrage ou faire reculer le FN, cela se saurait, en effet. J’ai tendance à penser, au contraire, que les apparitions télévisuelles d’une Christine Angot ou les provocations morales d’un Stéphane Guillot, par exemple, nourrissent le « rejet » par une large part de l’électorat de ces « prétendues élites » associées pour l’immense majorité d’entre elles à la Gauche. Cette semaine encore, les initiatives de dernière minute prises par les têtes d’affiches de ce milieu essentiellement parisien, offrent sur un plateau de solides arguments anti-élites à madame Le Pen. Bref, pour Monsieur Macron, l’après législatives va le faire entrer, et nous avec, dans un champ politique décomposé et hystérisé Réconcilier la France et les français dans ce climat sera donc particulièrement difficile. La raison pour laquelle, aussi, je souhaite l’écart de voix entre Macron et Le Pen le plus fort possible en faveur du premier… Vivement Dimanche !!
Mots-clefs : Macron, Marine Le Pen, Mélenchon, Présidentielles2017, Rhétorique
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Jacques Molénat
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Tout-à-fait d’accord avec cette analyse. La pensée binaire, si fréquente dans le monde politique, est un moyen confortable d’éviter la complexité du réel. Macron a certes beaucoup de défauts mais il a une qualité, il ne prend pas les électeurs pour des imbéciles. Un pédagogue dans un univers de démagogues
ça fait du bien.
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