Moment de vie : Sur la plage, cette jeune mère se « regardait » et n’aimait qu’elle se regardant ….
C’était hier et 8 heures 30 du matin ; il était temps de partir pour une longue marche en solitaire : la première, depuis des semaines d’activités, disons modérées. Au bout du chemin, la mer. Calme, elle ondulait poussée par un léger vent du large. L’air était frais, agréable, et le ciel parfaitement bleu. Sur la plage, de rares pêcheurs passaient le temps. Ils fixaient obstinément la pointe de leurs cannes : ils guettaient la « touche, espéraient la « prise ». Des heures durant. Rien d’autre ! Mais tout un monde opaque de pensées cependant, un monde traversé par le même désir que celui toujours insatisfait de trouver un sens ou des raisons à celui de vivre ; ou d’écrire… Plus tard, sur le retour, et sur la même plage, j’ai vu une jeune femme en appui sur ses coudes, le nez sur un iphone posé droit contre un seau de plage. Elle lançait ses jambes en arrière à un rythme soutenu. Sur son dos et ses épaules tatouées perlaient des gouttes de sueur ; sur sa tête, une casquette américaine, la visière à l’envers. Devant elle, une petite fille, une pelle dans une main, et dans l’autre un râteau, la suppliait : « Maman! Maman! ». Concentrée à sculpter sa silhouette, cette jeune femme n’habitait plus le monde, n’entendait pas le désir de son enfant. Elle se « regardait » et n’aimait qu’elle se regardant. Sans doute publiera-t-elle des photos de son corps bronzé dans de complaisantes poses, sur Facebook et Instagram. Quoi vous dire encore de cette première longue marche en solitaire, sinon que cette dernière image, bien amère, a occupé un temps mon esprit. J’y voyais tout ce que notre époque a de détestable : un narcissisme et une impudeur pathologique, y compris dans l’expression de « bons sentiments ». Marchant, j’imaginais alors, pour m’en débarrasser, une tout autre histoire. Une histoire, banale , ordinaire et sans fin. Celle d’une petite fille assise auprès de son père, sur la plage, le regardant lancer loin dans la mer son fil de nylon.
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Chantal
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Réseaux sociaux, selfies, impudeur, réflexion réduite au néant, je sais tout mais je ne sais rien et je ne le sais pas, copier/coller des textes de poètes ou d’écrivains, qu’on n’a jamais lu et qui donne à ces “facebook-faussaires“, l’illusion d’être doté d’un esprit intellectuel. Voilà le résultat d’une technologie qui à certains moments se révèle pourtant utile….
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