Ne pas voir le fascisme embusqué dans nos moindres actes, tel serait le symptôme premier du fascisme…
Ve.19.7.2024
Moments de vie.
J’ai quitté ma cabane de bord de mer à 8 heures pour la ville : un rendez-vous avec mon dentiste. Entre 8 heures 40 et 9 heures a précisé son accorte secrétaire. Une bonne marge qui m’a laissé du temps pour goûter un délicieux pain au lait léger, moelleux et encore tiède, sur la promenade des Barques. Les terrasses des cafés seules étaient animées par des serveurs armés de balais aux gestes lents et fatigués. Un moment de solitude et de plaisir rare en cet endroit fort fréquenté en cette période par de nombreux touristes. Comme il me restait du temps, j’en ai profité pour me rendre dans mon appartement, l’aérer et arroser des plantes assoiffées. C’est dans le grand salon et les fenêtres ouvertes que j’écris ces quelques lignes. Avec devant moi un des livres de Benoît Duteurtre : « Malentendus ». Que j’ouvre au hasard pour y lire ces quelques lignes aux pages 84 et 85 :
« Oublie ton petit confort, Martin! La révolution ne sera pas une partie de plaisir. Le jour où les ouvriers prendront le pouvoir, il faudra bien que les fascistes paient. C’est pourquoi, dès aujourd’hui, chacun doit prendre des positions claires. »
« Les « fascistes », allons bon! » songea Martin.
Camille commanda un paquet de cigarettes.
Sous son bandeau, une chevelure très blonde entourait un visage pâle de jeune Nordique. Seule irrégularité dans cette beauté calme aux yeux bleus, un diamant transperçait sa narine gauche.
Ce piercing avait provoqué, au début de l’année, une engueulade avec sa mère qui aurait préféré – à la rigueur — qu’elle se fasse percer le sourcil.
Camille avait froidement traité cette femme de « fasciste». Le même mot ponctuait sa conversation pour désigner non seulement l’extrême droite politique – les nostalgiques de Pétain ou de Mussolini qu’elle estimait innombrables — mais aussi les conservateurs bon teint, les progressistes modérés et toute personne qui lui déplaisait moralement ou physiquement. Elle avait un jour dénoncé comme «fasciste» une employée de banque qui la mettait en garde contre des découverts trop fréquents. Pour Camille, ce comportement rejoignait l’indifférence des fonctionnaires nazis sous le III Reich. Ne pas voir le fascisme embusqué dans nos moindres actes, tel était, selon elle, le symptôme premier du fascisme.
Je songeai alors à toutes (et tous) ces « Camille » de LFI qui, hier, ont défilé devant le plus jeune député de l’Assemblée Nationale, membre du RN, au moment du vote pour désigner leur président ou présidente, sans le saluer. Et à leur colère et à leurs cris plus tard lors du résultat final à l’annonce de la défaite de leur candidat. A leur procès de la gagnante et à leurs accusations de collusion avec le fascisme embusqué, poli et cravaté, enfin.
Benoît Duteurtre n’est plus, hélas, mais ces textes élégants et précis resteront comme autant de coups d’œil ironiques et précieux sur notre époque. Et on le relira encore longtemps le sourire aux lèvres quand d’autres, sociologues et philosophes de tribunes et plateaux, jargonnant et prétentieux, auront sombré dans l’oubli et le ridicule.
Mots-clefs : Assemblée Nationale, LFI, LR, Présidence 2024, Renaissance, RN
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navarro
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j’ai vu toute l’après midi l’assemblée nationale, j’ai été dégoutée par ces gens. Quel mauvais exemple pour ce jeune qui débute dans la politique. Vraiment très mauvais comportement de ces adultes
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