Contre-Regards

par Michel SANTO

Le journalisme-pipi!





« Dominique Strauss-Kahn a rencontré de façon impromptue le chef de l’Etat aux toilettes et lui a proféré cet avertissement : « 
J’en ai plus qu’assez des ragots répétés sur ma vie privée et sur les prétendus dossiers et photos qui pourraient sortir contre moi. Je sais que tout ça part de l’Elysée. Alors, dis à tes gars d’arrêter ou sinon je saisirai la justice. » » C’est l’information que nous donne aujourd’hui la presse dite sérieuse (Le Monde, Le Point, L’Express…). Sans doute un honorable correspondant pissait-il de concert avec nos éminences pour rapporter ce genre de délicatesse qui engage sans nul doute notre avenir. Nous savions que les grandes affaires de ce monde se débouclaient parfois, comme les pantalons, devant un urinoir, et  dans cette chaude intimité que procure le soulagement de vessies contractées. Mais j’étais loin d’imaginer qu’après les poubelles et les caniveaux nos gazettes iraient jusqu’à chercher leurs sources dans les pissotières. Et les journalistes se reconvertir en dames-pipi !


Photo de Doisneau

Du rose au bleu.


Depuis le 23 novembre,
un questionnaire a été expédié à 800 Carcassonnais. Pourquoi ? Définir le sentiment d’insécurité en ville. Par qui ? Son député-maire (PS) nouvellement élu Jean-Claude Pérez, qui argue du
« ras-le-bol croissant exprimé quotidiennement par les Carcassonnais face à l’augmentation indéniable de l’insécurité sur l’ensemble du territoire de la ville ». Et qui, naturellement, demande au préfet de : « prendre toutes les mesures utiles pour mettre fin à cette dérive constatée de tous ». Bien ! Et voilà comment aujourd’hui, dans l’exercice de responsabilités, on réclame des mesures de sécurité qu’on stigmatisait hier, dans une posture d’opposition.La Ligue des Droits de l’Homme et sa succursale départementale, qui pourtant chasse quotidiennement ce genre d’annonce,en a perdu sa voix et sa vertu. Quant aux militants et aux électeurs de gauche, ils réécrivent leurs tracts ou se redécouvrent de droite. L’illustration locale du syndrome  du caméléon selon lequel une coalition au pouvoir change irréversiblement de « code » idéologique…

Le noir et le vert!

Un vent de panique souffle sur nos élites politiques. Les Suisses, par l’usage d’une démocratie participative et citoyenne souvent prise en exemple, viennent d’interdire la construction de nouveaux minarets. Et la bien-pensance de droite et gauche de leur balancer, des «  torrents de bonne conscience et de pieuses critiques sur l’attitude intolérable des Suisses qui n’ont rien compris aux leçons de l’évolution et de l’ouverture. » (P. Bigler) Parce ce qu’il va de soi, n’est ce pas, que les français consultés sur la même question auraient exprimé le désir contraire d’en avoir beaucoup, eux, des minarets ! Ne nous y trompons pas, cette salve d’indignations hypocrites vise surtout l’opinion française. Une opinion à qui l’on veut interdire toute réflexion sérieuse sur les raisons profondes qui motivent les tentatives de certains groupes religieux de vouloir occuper de « manière ostentatoire » l’espace public. A lui cacher par peur ou lâcheté que, dans l’esprit de certains dirigeants de « la communauté musulmane », il s’agit bien d’une « lutte symbolique » ouverte sur tous les fronts. Une offensive symbolique dont l’enjeu n’est pas de nature esthétique !!! mais politique : la reconnaissance publique de lois et droits spécifiques à une communauté. Car rappelons le, ni le foulard, ni la burqua, ni les minarets, dont je souligne qu’ils sont dissociables des mosquées, ne constituent des attributs obligatoires à la pratique de la religion musulmane. Et les Suisses, pour en revenir à eux, n’ont pas interdit par leur vote l’ouverture de nouvelles mosquées, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire !  Alors, au motif que s’opposer à ce courant minoritaire mais très actif manifesterait un rejet et une stigmatisation de l’islam et  ne provoquerait que crispations et sentiment de rejet, faudrait-il donc se taire ou s’en faire le propagandiste honteux ? Certes, la tournure du débat en Suisse et sa conclusion politique par une interdiction constitutionnelle revêtent un caractère outrancier. Mais soulager notre mauvaise conscience et évacuer nos peurs sur leur dos tout en espérant «  anesthésier », en France, tout débat sur ce genre de dérives communautaristes, relèvent de la politique du pire. De celles qui, il n’y a pas si longtemps, ont fait le lit de l’extrême droite. Faut-il être aveugle au point de ne point voir que la réapparition du Front National sur ce terrain est aussi un « gain » pour les extrémistes verts dans leur stratégie de désarmement moral du camp républicain ? Sans honte et sans peur relevons donc ce défi sociétal plutôt que de nous défausser dans des postures morales et politiques mensongères…

De l’estime de soi…et des autres!

On connaît la distinction des ordres entre le juridico-politique et la morale (oh le vilain mot !), et ses effets sociaux. On peut, en effet, tenir des paroles attentatoires à la dignité d’une personne ou d’un groupe social et ne pas être condamné par la justice civile, par exemple. Autrement dit, respecter la loi et se comporter de manière indélicate et déloyale (la définition familière du salaud).Tous les jours ou presque l’occasion nous est donnée d’en relever l’insupportable existence, notamment dans l’espace public. A des degrés plus ou moins élevés, comme cette dernière relance des petites affaires concernant Julien Dray dont la fédération de l’Essonne n’a pas retenue la candidature pour les prochaines régionales. Exprimant de ce fait un souci de décence assez rare dans la vie politique pour ne pas être positivement remarqué. Un souci que ne semblent pas partager nombre de dirigeants politiques de droite comme de gauche pour qui, à l’instar de la présidente de Poitou-Charentes : « Il y a la présomption d’innocence. Julien n’est toujours pas jugé et je trouve quand même inadmissible de lui faire subir la double peine ». Des dirigeants qui savent très bien de quel tissu est fait le costume de Julien mais qui s’empressent de le recouvrir du manteau de l’hypocrisie la plus cynique au motif encore plus indécent de le faire payer par Martine Aubry. Témoignant ainsi d’une absence totale de sens moral et d’une piètre estime de soi. Quant à celle des autres…