Contre-Regards

par Michel SANTO

C’est ainsi que les valeurs meurent.

 

 

Qui connaît Lézignan ? Les audois, peut-être ? Et pourtant cette petite cité où résident de nombreux retraités et de rares actifs mérite le détour. Y habite, en effet, par quel hasard ? René Depestre, romancier et poète qu’il est inutile de présenter ici tant est grande sa renommée. S’y concentre aussi, depuis hier, tout ce qui en politique ne peu plus être entendu. A l’exemple de Pierre Tournier, son maire sortant socialiste qui, dans une envolée où la métaphysique a rejoint la mathématique, a décidé de porter à quatre le nombre de ses mandats. Une façon très originale d’appeler à la «  la nécessaire rénovation des hommes et des idées ». Il est vrai, que nous ne sommes pas à La Rochelle, ni à l’Université d’été du Parti Socialiste. Ici, en terres cathares, on est du genre sérieux. Les femmes n’ y font que de la figuration, le plus tard possible, et les jeunes de la conspiration, le plus tôt possible. Plus d’un siècle que cela dure dans ce département où se construisent des carrières au nom d’un socialisme de posture, comme le dit si justement Michel Rocard.  Je n’ai rien contre Pierre Tournier.C’est un brave et honnête homme. Mais comment proclamer dimanche dernier : « Pour moi, la politique est une morale » après s’être tu  quand son camarade Frêche en  dépassait les bornes. Quel  prix à ce silence de sa conscience morale ? Un lycée démagogiquement promis par le Président de la Région? C’est ainsi que les valeurs meurent…

Le vrai-faux-chic.

                                    
Les bobobos-copie-1.jpgbos, qu’il soient des villes ou des champs, aiment se vêtir de «  Marcel » et rouler à vélo. Comme les beaufs ! Qu’ils méprisent, pourtant. La pétanque et le pastis aussi seraient tendance. C’est le « Nouvel Obs » qui le dit ! Quant au bon vieux camping, il ne saurait tarder. Rattrapés par les beaufs nos bobos ! Mais sans l’ Huma. Ils préfèrent visiter les usines plutôt que d’y travailler,Télérama sous le bras. Et comme ils pullulent dans la com, ils nous inondent de leurs fantasmes de petits bourgeois décalés. Un mélange capricieux de bonne conscience et de haine de soi. Du vrai-faux-chic…

La nuit des noirs motards.

Ce soir, Narbonne est livrée aux motards. Cuirs, tatouages et santiags donnent des couleurs au cours Mirabeau d’où s’échappe un violent vacarme sonore, un concert rectifie la rumeur publique, accompagné de hurlements de type paranoïde.Du hard rock de la tendance « je suis débile et tout va bien », qui nous fait même regretter les lourdes et gentillettes polkas bavaroises de la semaine dernière.Une overdose de mégas décibels. Du bruit et de la fureur.De l’animation culturelle dirait le « créateur d’évènements ». Pendant ce temps,du côté du théâtre, on nous garantit, pour bientôt,un quartier à zéro CO2!

La Frêchie craque,elle aussi!

Pour la première fois dans l’histoire de la cinquième République, le département de l’Hérault envoie un sénateur de droite siéger à la Haute Assemblée. En l’occurrence, Raymond Couderc, le maire UMP de Béziers. Qui succède, excusez du peu, à André Vézinhet le président du conseil général, élu récemment à l’Assemblée Nationale. Voilà donc un sénateur de droite élu avec des voix de gauche. Celles de grands électeurs ne voulant pas d’une candidate choisie par  l’ex- socialiste Frêche et son homme de main le toujours socialiste Navarro. Une candidate anonyme et dévouée dont la mission était de garder au chaud ce confortable mandat pour le refiler à son patron en 2008.Manœuvre grossière et annoncée, mais qui, enfin, s’est retournée en gigantesque gifle sur l’arrogante trogne de celui qui préside, hélas, aux destinées de cette région.

La guerre est désormais ouverte et publique. Et j’ai toujours pensé que les premiers coups de pioche viendraient de Vezinhet. C’est fait, et avec quelle force ! Elle sera aussi sans pitié. Car comme le dit le même Vézinhet, aujourd’hui dans le Midi Libre : « ne nous voilons pas la face, nous vivons ici sous le règne du clientélisme et de la terreur ! »

La ligne de partage à gauche est à présent claire. D’un côté ceux qui soutiennent le Président du Conseil Général de l’Hérault. De l’autre ceux qui, à l’instar du secrétaire fédéral royaliste de l’Aude et vice président de la Région Eric Andrieu considèrent encore ( ?) que Frêche est le meilleur d’entre eux.

Tout craque dans un PS en pleine dépression, la Frêchie aussi. 

C’est quand le bonheur…

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Chassez les automobilistes du centre ville et vous verrez arriver de nouveaux prédateurs. De l’espèce bistrotière surtout. Sympathiques au demeurant mais particulièrement voraces en trottoirs, places et voies fermés à la circulation motorisée à quatre roues, ils prolifèrent pendant la saison chaude dans les cœurs de nos villes méditerranéennes. Cœurs de ville qui, le jour, ressemblent à des champs de sièges et de tables dont la fantaisie des formes et des couleurs n’a d’égale que la  désespérante monotonie de leur esthétique de bazar et qui, à la fin de la nuit, se muent en de hideuses petites montagnes aux formes les plus baroques. A cette « extension horyzontale du domaine de la canette », s’ajoute la débilité sonore, et expansive, de leurs prétendus concerts qui vous envoient dans les oreilles, malgré des vitrages isolants surpuissants, et dans un rayon de plus de 300 mètres, des âneries beuglées du style « c’est quand le bonheurrrr… c’est quand…. »  sur un rythme composé de deux ou trois accords appris dans des revues à un euro. L’avenir des centres villes classés serait-il désormais lié à celui de la profession cafetière ? Il ne resterait plus alors d’autre choix, pour les résidents, que de se transformer en figurants  d’un spectacle permanent qu’elle orchestrerait ou de quitter ce qui ne ressemblerait plus qu’à un parc touristique urbain. Utopie ? Pas sur! Guy Debord ne nous a-t-il pas enseigné que : «Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.»   

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