Contre-Regards

par Michel SANTO

Un soir, au théâtre.

Avant-hier soir, théâtre. A l’affiche, de la danse contemporaine. Le ballet de Lorraine y présentait cinq pièces. La meilleure, à mon goût, signée Mathilde Monnier et Jean François Duroure : Mama, Monday, Sunday or Always. Le programme nous invitait à y voir des danseurs (en réalité des danseuses dont deux hommes en longs tutus) ayant « des airs de détectives privés ». Que je n’ai pas vus. Je les ai pourtant longtemps cherché. Scrutant les moindres indices. Gestuels et vestimentaires. Les imperméables, peut-être ? La pièce ne durant que 20 minutes, j’ai vite abandonné. Vaincu ! L’art contemporain vous place souvent dans ce genre de situation. La création est une co-production. L’artiste assure la livraison des matériaux. Les spectateurs la «  mise en quelque chose ». Forme (!!!), perspective (???), abyme (pourquoi pas), situation (forcément), concept (sans doute). Qui, chez les plus cuistres de nos amateurs, se résume à un « c’est intéressant » aussi vague que prétentieux. L’infiniment creux au service de l’infiniment vide…

 

 

 

Le ressentiment de celui qui fut un ami!…

imagesAlain Cottet est aujourd’hui Directeur Général Adjoint, à la Région Languedoc-Roussillon. Il s’occupe plus précisément d’économie. Je l’ai connu quand, au Ministère de l’Industrie et de la Recherche, alors dirigé par J.P. Chevènement, j’y exerçais les fonctions de Chargé de Mission auprès du Délégué à la P.M.I et aux Affaires Régionales. À cette époque, de 1981 à 1984, Alain Cottet était à l’Agence Nationale pour la Création d’Entreprises.

Que cherchent-ils?

Il est six heures et je rentre d’une très courte promenade dans les rues du centre ville. Il fait déjà nuit. Le vent du Nord s’est levé. Nerveux et froid, il gifle par rafale les quelques passants vaguement aperçus. On ne s’attarde pas devant les vitrines,indifférents aux clins d’œil lumineux des girandoles,perdus dans de sombres pensées. Et on évite les  marchands de colifichets coincés dans leurs banales petites baraques en bois; où ils s’ennuient. Noël approche, et s’installe insidieusement une pesante ambiance de décor de carton pâte, rompue de temps à autre par les voix de rares touristes espagnols croisés sur le chemin de leur errance. Vêtus du même uniforme: "polaires", tennis et casquette. Le portable collé aux oreilles et le " numérique " à l’œil. Que cherchent-ils ?

 

 

 

Vive les belges!.

Chaque gare a son odeur.

A Lille, c’est celle de la frite et à Bruxelles celle du chocolat,dont on connaît les vertus apaisantes. Elles expliquent sans doute le comportement de nos amis belges : un mélange d’innocence, de bonhomie et de sérieux .Travailler dans une ambiance conflictuelle leur est par exemple insupportable. Ils aiment faire la fête aussi, mais à regret. Et leur légendaire discrétion leur fait généreusement rater les occasions de nous rappeller l’origine belge du…français.

C’est en lisant la presse régionale couvrant l’inauguration de  » l’ambassade  » ouverte par G. Frèche à Bruxelles que ces traits de caractères me sont revenus à l’esprit.

Si j’en crois les photos et les commentaires, une nombreuse et souriante cour d’élus, de fonctionnaires et de « politiquement-dépendants » s’était déplacée et serrait de près notre grand féodal. Ah le ruban ! Et ces coups d’épaules pour coller au chef et se placer dans le champ du photographe ! Quelles bouffonneries … Piteuses images sorties du « bain » culturel bruxellois. La vérité du politique perverti par un désir maladif  de reconnaissance. 

Mais les belges sont gens intelligents. Ils savent notre région accueillante. Elle n’a pas ce visage enflé de suffisance. Ils viendront… Quant à l’Europe son budget est à sec. Ses subventions sont réorientées vers les nouveaux entrants. Et notre région, qui n’ est pas à un paradoxe près, elle a voté massivement contre le traité constitutionnel,elle ouvre aujourd’hui, en grande pompe, une « ambassade » à Bruxelles. Treize autres vont suivre ! A Londres, Shanghai… J’en suis fier !

 

 

 

 

 

 

     Vive les belges!

 

Notes sur le développement durable.

Sur le marché des valeurs conceptuelles, il en est une, le développement durable, dont la cote ne cesse de monter, au risque du cliché, et dont l’usage réunit dans un consensus paradoxal des patrons de multinationales et des militants paléo-marxistes, des libéraux et des altermondialistes. La droite et la gauche… Lula et Chirac. Bref, la notion fait l’unanimité.Les collectivités locales ne sont pas en reste. Surtout en Europe du Nord et Grande Bretagne où elles représentent plus de 60% de l’ensemble des collectivités locales du continent  porteuses d’une politique de développement durable.

En France, comme toujours, il a fallu attendre les années 2000 pour voir naître une cinquantaine de projets. Rien de bien original. Notre pays est un spécialiste du décalage entre les intentions annoncées et les prises de décisions concrètes. Il n’empêche que, pour la première fois, peut-être, dans l’histoire, des problèmes et des aspirations sont compris comme communs à l’humanité entière: crises et régulation de l’économie, destruction et protection des écosystèmes, accroissement et réduction des injustices socio-politiques.

Pour déchiffrer ce référentiel nouveau, on rappelle généralement la définition, devenue canonique, proposée en 1987 par une commission présidée par GroHarlem Brundtland dans son rapport aux Nations Unies «  Notre avenir à tous » : le développement durable y est présenté comme “ modèle de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ”. Cet appel est d’importance : il invite l’humanité à se penser comme une à travers le temps.

En réalité, ce consensus linguistique masque de profondes divergences. Une version faible du “développement durable ” se concentre sur la gestion optimale des ressources naturelles en vue d’une croissance économique indéfinie ; une version plus forte met l’accent sur les droits politiques, économiques et sociaux de la personne humaine, la participation des populations aux décisions qui les concernent… ; d’autres versions encore rejettent sans complexe l’objectif de croissance au nom des droits de la nature.

Plutôt que de le déplorer, pourquoi ne pas s’en réjouir ? L’unanimité, le flou  et les contradiction que la notion recueille ne permet-elle pas, aussi, aux acteurs sociaux, politiques et économiques de dialoguer, d’échanger, de se retrouver autour des doutes et des questions du monde contemporain, en transcendant leurs identités et leurs oppositions passées ? Et cette nébuleuse discursive du “ développement durable ” ne crée-t elle pas un espace de dialogue, une écoute neuve et mutuelle autour d’enjeux fondamentaux.Ceux dont la gestion requiert une coopération du secteur privé, des autorités publiques et des sociétés civiles ? Une nouvelle manière de faire de la politique, à l’échelle du monde, des états et des collectivités locales: la gouvernance dans l’univers anglo-saxon. Une notion nouvelle introduite dans le champ politique français, et traduite, dans les années 80, par ce qui est devenu une antienne pour l’élu local à l’écoute de son territoire: la démocratie participative.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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