Que dévoile cette polémique sur le port du « burkini » ? | Contre-regard.com

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Devant l’ampleur de la polémique, je ne pouvais pas rester muet et me suis donc décidé à rédiger rapidement ces quelques lignes sur « l’affaire » dite de l’arrêté « anti-burkini » pris par le maire de Nice. Une mesure de police municipale, je le rappelle, interdisant son port jusqu’à la fin du mois d’août, et motivée pour des raisons de « troubles à l’ordre public ».

Je ne pouvais me taire, car je ne crois pas du tout à la génération innocente et spontanée du « burkini » dans l’espace public ; comme celle de la burka, d’ailleurs. Je n’ai pas cette naïveté, en effet,  et force m’est de constater qu’il y a des groupes, certes minoritaires, mais très actifs, qui cherchent, par ces moyens particuliers, notamment, à attiser les tensions dans un climat déjà tendu par la série d’attentats dont a souffert – et souffre encore – notre pays ; et qu’ils y arrivent aisément. Car le « burkini » n’est pas qu’une « tenue couvrante » , comme celle d’un plongeur sous-marin, ou de nos arrières-arrières-grands-parents aux bains;  une blague de potache ou une position religieuse, au sens strict du terme. Elle est bien, autrement et surtout, l’expression d’une position politico-religieuse, dans un contexte d’affirmation identitaire qui vise à l’établir comme seule norme islamiquement correcte. Une manière aussi d’affirmer, symboliquement, que le « code » politico-religieux qui l’impose à ces femmes est fait d’un ensemble de normes supérieures au « droit relatif  » de la République, à la culture des hommes et des femmes de ce pays.

Et voilà que dans ce contexte idéologique et politique, on voudrait, dans cette affaire, comme dans tant d’autres sur ce même sujet, nous enfermer dans un débat strictement juridique en invoquant la laïcité – qui, en l’occurence niçoise n’est pas au fondement de l’ordonnance du juge administratif de Nice  – ou la défense des libertés publiques. Un véritable piège dialectique, en réalité, qui vise à nous empêcher de débattre, au prétexte de susciter des réactions islamophobes ou d’alimenter la « fachosphère » ! –, sur la capacité de résistance de nos institutions et de la société politique, face à  un islamisme politique qui ne cesse d’en tester, pour les repousser, leurs limites.

Il nous faut donc sortir de ce traquenard dialectique et ne plus continuer à ergoter comme si ces questions n’étaient que des questions de goûts ou de droit concernant les libertés religieuses ou le respect de la laïcité dans un contexte apaisé. La stratégie des islamistes politiques est en effet limpide. Elle consiste à forcer toutes les frontières symboliques possibles pour entrer dans le champ médiatique et celui des réseaux sociaux afin d’y occuper un espace, une puissance d’attraction et une visibilité politique inversement proportionnelle à leur influence réelle dans la société en général, comme chez la majorité des musulmans en particulier. Le  corps de la femme musulmane, notamment,  est un des « vecteurs » privilégiés  au service de cette stratégie éminemment  politique.

Que l’on discute donc des moyens pour s’opposer à cette stratégie est légitime ;  et le parallélisme des formes: provocations contre provocations, n’est certainement pas le meilleur. Bien au contraire, il en démultiplie les effets à son profit – comme cette course d’élus, depuis hier, pathétiques de bêtise,  qui s’empressent de publier des arrêtés d’interdiction du burkini ;  Mais la nier, feindre l’indifférence, cultiver l’anachronisme ou le relativisme culturel, ou la sous-estimer serait faire preuve tout autant d’un angélisme  gros de dangereuses désillusions.

Avec des mots propres à sa matière juridique, le juge des référés de Nice ne dit pas autre chose. Que dit-il, en effet :

Dans le contexte de l’état d’urgence et des récents attentats islamistes survenus notamment à Nice (…) la forme de tenues de plage affichant leur religion (…) sont de nature à créer ou exacerber des tensions (…) et un risque de trouble à l’ordre public (…) Le port d’une tenue vestimentaire distinctive (…) peut en effet être interprétée comme n’étant pas (…) qu’un simple signe de religiosité. (…)

Ainsi peut-il conclure en rejetant l’urgence et la demande de suspension de l’arrêté du maire de Nice – sans juger sur le fond, faut-il insister encore  – que:

la mesure de police limitée au mois d’août prise par le maire de Cannes (…) n’est pas disproportionnée par rapport au but poursuivi.

Reste que le préfet, notamment, a encore le pouvoir de saisir le Tribunal Administratif pour juger sur le fond et demander l’annulation de cet arrêté municipal. Compte tenu des délais, et des appels éventuels, la procédure prendrait des mois… et nous serions en hiver, au mieux ! Un jugement sur le fond qui, de toute façon, pour aller jusqu’au bout de ma pensée, m’importe peu, sachant que c’est, encore une fois, essentiellement un « combat » politique et de valeurs  qu’il s’agit de mener. Un « combat » sans autre violence que celle des arguments, l’éducation, la lutte contre le racisme et l’exclusion … ; le droit, s’il le faut. Et sans faire d’amalgame, comme certains, pour qui  critiquer le port du « birkini » serait stigmatiser l’islam et les musulmans en général; et d’autres, pour qui tout musulman serait un adepte inconditionnel du burkini et de l’islamisme politique…


NB: Ce débat me rappelle un temps ou l’on glosait sur le « ressenti » en matière de sécurité pour interdire toute discussion publique sur le sujet au motif d’alimenter alors le fonds de commerce du FN. Résultat: le FN n’a jamais été aussi haut et pourrait être au deuxième tour de la présidentielle de 2017 !

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Commentaires (11)

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    Ingrid

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    Vous avez tout dit.

    Il est malheureux que des personnalités de toutes obédiences, et non des moindres, comme des associations ayant pignon sur rue, ne perçoivent pas le dixième du centième de ce que (d)écrivez si bien.

    ( soupir )

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    Didier

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    Il est évident que le voile, la burka et maintenant le burkini ne sont pas des vêtements mais des étendards politico-religieux destinés à tester la capacité de résistance de la société française. Quand je vois dans certain quartier de Montpellier des femmes en noir de la tête au pied suivie de deux ou trois gamines d’une dizaine d’années également entièrement drapées de noir je me dis que nous sommes déjà allés trop loin. Mais cela a commencé il y a longtemps lorsqu’une avocate célèbre trouvait une excuse culturelle à l’excision, ou lorsqu’on expliquait que les offices de HLM réunissaient des appartements pour faciliter le logement de familles polygames et leur nombreuse descendance.
    La polémique, lancée par quelques idiots utiles, qui résulte de ces arrêtés municipaux démontre bien que l’on touche là ou ça fait mal. Lorsque un maire interdit de se promener en maillot dans les rues de sa ville, ou de se baigner en boxer-short à la piscine municipale, cela ne choque personne et ne déclenche aucune polémique.
    Quand Ursula Andress sort de l’eau où elle vient de se baigner toute habillée cela ne choque personne non plus !!!
    Essayons un instant d’imaginer une touriste européenne se baignant seins nus sur une plage d’Arabie Saoudite ou d’Indonésie….
    C’est semble-t-il ce qui s’est passé sur la plage de Sisco dans le Cap Corse. Nous serions donc insensiblement entrés dans une société ou le burkini serait admis et pas le topless……
    Dites moi que je rêve !

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    Couriaut

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    Cher Monsieur,
    Je suis d’accord avec votre analyse. Vous me permettrez d’y ajouter une petite expérience personnelle. J’étais avec mon épouse sur la plage de Narbonne plage il y a deux semaines. Plusieurs familles, dont les seuls hommes nous semblaient d’origine maghrébine, se trouvaient près de nous. Sur douze enfants, neuf étaient des filles, qui portaient toutes une combinaison, mais la tête non couverte, à l’exception de la plus grande, d’environ quatorze ans. Les enfants jouaient tranquillement sur le sable. Une des femmes s’est baignée en Burkini, rejointe par son compagnon dans l’eau.
    Mon propos est que loin du « complot islamo-politique » que vous semblez évoquer, ici l’éducation familiale et patriarcale au conditionnement des filles à une grande influence sur leur comportement futur, et à la soumission vestimentaire dont vous soulignez à juste propos le décalage avec nos traditions,…même si nos grand-mères se baignaient habillées au debut du 20eme siècle!

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      Michel Santo

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      Merci pour votre commentaire. Je précise cependant qu’il existe bien aussi et surtout dans l’espace politique et médiatique des groupes d’islamistes , et non de musulmans, la nuance est d’importance, qui, eux, ont une stratégie politique parfaitement élaborée… Point de théorie du complot chez moi, mais une analyse argumentée et raisonnée de ce qui se joue autour de cette affaire du birkini de Nice…

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    Polo

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    Michel Santo,
    A ceux qui retiennent du Coran les sourates d’Amour et de Paix : Bienvenue!
    A ceux qui retiennent du Coran les sourates de guerre ,d’egorgement de Pretre,d’ecrasements d’enfants,d’executions de jeunes et de provocations visants à appliquer la charia illegale en France comme les Corse disons: »on est chez nous »
    Nos traditions millenaires,notre Cathedrale et l’Evangile sont nos racines à respecter et pas la charia et tout ce qu’elle inspire.

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    duff

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    Entièrement d’accord. J’apprécie votre nuance concernant la bonne réponse à apporter, il n’y a aucune solution évidente.

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    Prouin Guy

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    Derrière certaines déclarations d’homophobie, notamment celles du CCIF, on pourrait percevoir une conséquence qui est d’introduire dans notre culture des éléments de la culture islamiste. Une stratégie pacifique propre aux frères musulmans. Inquiétant !

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    Rémy

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    Dans ce débat – ces débats – qui évoquent de près ou de loin la Laïcité, on peut observer la fâcheuse habitude qui consiste à considérer cette valeur fondamentale, ce principe constitutionnel, comme un rempart culturel contre un islam conquérant.
    Ce serait voir les choses par le mauvais angle.
    Evidemment, comme le dit Michel Santo, le burkini peut être un cheval de Troie idéologique, utilisé par les tenants d’un islam politique. Dans ce contexte, les arrêtés municipaux visant son interdiction constituent une caisse de résonance inespérée, en direction d’une opinion publique aux valeurs fragilisées.
    Toutefois, cette question en amène une autre, cruciale, celle-ci, et relative à l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.  »
    Ces affrontements religio-politiques vont amener du grain à moudre à ceux – de toute religion – qui invitent leurs supporteurs à « choisir leur camp » et par conséquent, le financer, avec de l’argent public, bien-sûr.
    C’est le cas d’élus peu scrupuleux de gauche et de droite, qui financent sur leur réserve parlementaire des associations cultuelles, ou qui honorent de leur présence des manifestations religieuses, pour des raisons d’électoralisme de court terme.
    Ainsi, la première réponse réside dans l’éducation, celle des filles en particulier, et notamment dans les filières courtes et professionnelles, où l’enseignement de l’histoire est réduit, où la philosophie est absente.
    La deuxième réponse relève de l’espérance d’une offre politique vivifiée par des acteurs pétris de valeurs plutôt que de « professionnels aguerris », mais c’est une autre histoire…

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    lafarine

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    D’après vos cv, vous êtes tous instruits, profs, hauts fonctionnaires … des personnes qui ont eu une influence sur la vie politique, économique, éducative en France et que faites vous ? Vous palabrez ! Que font les musulmans, la majorité n’a pas la moitié de votre niveau d’éducation, ils agissent et progressent. La question est : qui a plus de jugeote dans sa petite tête ?

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      Michel Santo

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      Vous devriez plutôt lire à tête reposée cette analyse et m’exposer ensuite vos arguments pour en contester les prémisses et sa conclusion…

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