Rien ne vaut la lecture de trois, quatre pages du journal d’Éric Chevillard : « L’autofictif repousse du pied un blaireau mort (2019-2020) », pour égayer ma journée. Sous sa plume, le monde est renversé ; et son absurdité comico-tragique recouvre toutes les dimensions du réel… Jubilatoire !
« 28 septembre.
Il s’immobilisa, la tête renversée en arrière, la bouche grande ouverte. L’avaleur de sabres avait faim. L’épée de Damoclès finirait bien par tomber.
Il y a en effet une vie après la mort. Très active même, celle des nécrophores.
Ce plumage m’as-tu-vu, cet œil fixe et méchant, ce bec obtus, cette serre avide, le perroquet n’a pas besoin de répéter ses mots pour imiter l’homme à la perfection.
25 septembre
Toujours cette impression d’être suivi. Il accéléra le pas, s’élança brusquement dans le lacis des ruelles, bifurqua une fois, deux fois, s’engouffra dans une taverne dont il sortit par l’arrière-salle, zigzagua longtemps encore dans la ville. Le lendemain, l’office du tourisme lui retirait son habilitation de guide officiel et le licenciait sans préavis.
ELLE (perplexe). — Heu… Tu prétends avoir passé trois ans dans l’atelier d’un grand maître japonais de l’origami et que ton pliage représente un cygne ?!
MOI. — Mais oui, et même un cygne écrasé par un tracteur, déchiqueté par la charrue, puis à demi dévoré par le chien du fermier. »
« La foule n’a pas besoin de moi pour être une foule ni la cacophonie de mon opinion pour être cacophonique. C’est quand silencieusement je me perds dans la contemplation d’un insecte ou d’un coquillage que j’existe. » Mardi 29 juin 2021.
« J’ai pris l’habitude de me placer tout au bout des cortèges funéraires, car je n’aime guère avoir quelqu’un qui marche derrière moi dans ce genre de procession et je préfère imaginer plutôt que je les enterrerai tous. » Mardi 26 juin 2021
Tout le monde ou presque écrit et publie des livres. Il ne passe pas une semaine en effet sans que, dans mon journal local, un gazetier d’occasion ne signale à ses lecteurs, pour en faire le dithyrambe, la sortie du dernier chef d’oeuvre romanesque ou poétique d’un ancien gendarme du cru.
Je 7.11.2024 Galley au café. C’est une habitude. Devant mon premier café, je lis une ou deux pages d’un Journal littéraire. J’ai donc ouvert ce matin celui de Matthieu Galey. Pourquoi ? Parce que je […]
Me 6.11.2024 Le rêve de Jean Luc. Devant son miroir, tout en se rasant, Jean Luc dicte à son microphone, après avoir pris connaissance de la victoire de Trump, les premiers mots de son commentaire […]