Carole Delga a donc quitté le gouvernement mi-juin pour se consacrer « totalement » à la campagne des régionales en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Bien! Mais la tête de liste socialiste va reprendre dans quelques jours son mandat de députée de la 8ème circonscription de la Haute-Garonne. Soit! Un cumul qui va durer jusqu’à la fin de la législature, en mai 2017: « C’est la loi. D’autres ministres avant moi ont retrouvé leurs mandats de parlementaires en quittant le gouvernement ». Ainsi, en cas de victoire aux régionales, la « candidate-députée » deviendrait une « députée-présidente de Région ». C’est elle qui l’a déclaré dans les colonnes de la Gazette du Comminges : « Si je suis élue présidente de région, je ne me représenterai pas à la députation à la fin de la mandature ». Juridiquement, le raisonnement est impeccable: « C’est la loi. D’autres ministres avant moi ont retrouvé leurs mandats de parlementaires en quittant le gouvernement ». Mais, politiquement, comment justifier un cumul qui, en 2017, ne lui serait plus possible; et comment le défendre, dans l’intervalle, auprès des militants de son parti et de ses électeurs après s’être engagée, par écrit, à ne point cumuler? J’ai beau dresser la liste des arguments qui pourraient m’être opposés, je n’en trouve aucun. Le seul qui me vient à l’esprit est trop mesquin et intéressé pour que je l’expose, ici et maintenant. J’attends donc avec impatience que l’on m’en oppose d’autres, qui m’auraient échappé, plus nobles et généreux …
J’ai récemment publié un billet d’humeur sur la scandaleuse augmentation des indemnités des élus départementaux du Tarn et Garonne. Une décision d’élus pour des élus que l’on peut constater dans de nombreux autres départements. De gauche ou de droite. Hier, encore, dans celui de l’Hérault, présidé par un socialiste, qui conserve de surcroît son mandat de député, cela fut fait aussi, avec les voix de tous les conseillers, tous! Je ne vais pas revenir sur ce que j’ai déjà dit du caractère indécent de ces décisions, sinon pour rajouter que pour des collectivités en charge du « social » en général et du RSA en particulier, lever l’impôt à des hauteurs jamais atteintes dans ce pays pour assurer, entre autres, le train de vie de nos élus, voilà qui est en effet proprement insupportable. Et allez donc expliquer à un salarié qui gagne le SMIC, qui se lève tous les matins tôt et rentre tous les soirs tard, qu’un élu départemental de base, dans mon département, par exemple, perçoit son équivalent majoré de 30% , alors qu’il ne pointe pas tous les jours de toutes les semaines au siège de son Assemblée pour y subir des « cadences infernales », que je sache… L’on me rétorquera, évidemment, que ces majorations indemnitaires ne sont qu’une goutte d’eau dans le budget départemental et qu’il ne faudrait pas en faire tout « un fromage ». Certes, mais il en est de même, toutes proportions gardées, pour l’Impôt sur les Grandes Fortunes dans l’ensemble du budget de l’État ou des « retraites chapeaux » des grands patrons du CAC 40 dans le Chiffre d’Affaires de leurs multinationales… Et que n’a-t-on entendu dans le débat public sur ces deux sujets! Pour finir par nous expliquer qu’il s’agissait bien de « décisions symboliques », et que la politique était justement la gestion « du symbolique » en question. Ce qui est vrai! Mais force est de constater que cette gestion là s’arrête aux frontières des intérêts de nos seuls élus. L’autogestion en pratique, en quelque sorte! 8% d’augmentation pour les conseillers de l’Hérault, plus ou moins 1% pour le Smic! Une proposition cependant, dans un silence politique total, a retenu mon attention; celle avancée par le Parti Communiste: indemnité alignées sur le SMIC et demi-indemnité pour les retraités ou les salariés qui ont d’autres revenus. Voilà qui, si elles étaient mises en pratique, à tout le moins mises en discussion, permettrait d’avoir, sur ces indemnités d’élus , toutes collectivités confondues, un débat bigrement intéressant. Mais « circulez donc », il n’y a rien à voir! En attendant, nous voilà condamnés à ce spectacle de gros et petits matous jamais satisfaits de leur pâtée…
Pour la première fois dans l’histoire de la cinquième République, le département de l’Hérault envoie un sénateur de droite siéger à la Haute Assemblée. En l’occurrence,Raymond Couderc, le maire UMP de Béziers. Qui succède, excusez du peu, àAndré Vézinhetle président du conseil général, élu récemment à l’Assemblée Nationale. Voilà donc un sénateur de droite élu avec des voix de gauche. Celles de grands électeurs ne voulant pas d’une candidate choisie par l’ex- socialiste Frêche et son homme de main le toujours socialiste Navarro. Une candidate anonyme et dévouée dont la mission était de garder au chaud ce confortable mandat pour le refiler à son patron en 2008.Manœuvre grossière et annoncée, mais qui, enfin, s’est retournée en gigantesque gifle sur l’arrogante trogne de celui qui préside, hélas, aux destinées de cette région.
La guerre est désormais ouverte et publique. Et j’ai toujours pensé que les premiers coups de pioche viendraient de Vezinhet. C’est fait, et avec quelle force ! Elle sera aussi sans pitié. Car comme le dit le même Vézinhet,aujourd’hui dans le Midi Libre : « ne nous voilons pas la face, nous vivons ici sous le règne du clientélisme et de la terreur ! »
La ligne de partage à gauche est à présent claire. D’un côté ceux qui soutiennent le Président du Conseil Général de l’Hérault. De l’autre ceux qui, à l’instar du secrétaire fédéral royaliste de l’Aude et vice président de la Région Eric Andrieu considèrent encore ( ?) que Frêche est le meilleur d’entre eux.