Un bref moment de soirée électorale, puis m’en suis allé…
Je mentirai en disant que je n’ai pas regardé sur une grande chaîne nationale l’émission spéciale consacrée aux résultats des élections régionales. Oui ! j’ai fait cet effort intellectuel et civique, mais une petite demie heure seulement. Car au delà, à coup sûr, je risquais une profonde altération de ma santé mentale. Voir, et entendre surtout, ces hommes et femmes politiques réélus à la tête de leur région, notamment, égrener dans un langage d’une pauvreté syntaxique et d’une vulgarité ahurrissante un chapelet de clichés ronflants fabriqués par leurs conseillers en communication, m’étaient en effet proprement insupportables. Je dois cependant dire qu’en ce bref moment de désolation « esthétique », j’ai été secoué d’un tout aussi bref fou-rire quand est apparue à l’écran la présidente réélue de ma région, récitant de façon martiale avec sa voix mal posée et des accents désaccordés dans les aiguës, un texte rédigé par « je ne sais qui » la présentant comme une candidate légitime à la prochaine élection présidentielle. C’était d’un comique irrésistible. Et pathétique. Quelques minutes après, ou avant peut-être, mais dans un style disons plus gras , ou plus « allumé », Xavier Bertrand, plein d’assurance, c’est le mot ! , nous faisait le même numéro élyséen sous les cris et acclamations de ses maigres troupes militantes. J’ai même entendu une vice-présidente sortante de ma région, qui sera sans doute reconduite, s’enflammer et vanter avec un air de bêtise satisfaite l’esprit civique du « peuple occitan ». Le « peuple occitan » ! Les mots de trop. Une dernière ânerie qui, fort heureusement, a déclenché à mon corps approuvant, un inévitable, et bienvenu, geste réflexe de « survie » morale : j’ai appuyé sur le bouton arrêt de ma télécommande ; pour après un petit temps de décompression, me replonger dans la lecture en cours de la « Conscience de Zeno »… Je ne blague pas ! Cela au moins est la stricte vérité…
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